Jean-Michel Jarre célèbre les 40 ans d'"Oxygène"
"Oxygène 3", dont la sortie est prévue le 2 décembre 2016, parachèvera la trilogie que le compositeur français âgé de 68 ans a entamée avec "Oxygène", puis "Oxygène 7-13" en 1997.
"J'ai pris le prétexte du 40e anniversaire d'Oxygène (...) en me disant: +Je vais prendre ça comme date butoir pour me mettre en situation de faire un album en six semaines, comme j'avais fait le premier Oxygène", explique Jean-Michel Jarre dans un entretien à l'AFP.
Composé de six titres, "Oxygène" a été l'un des plus gros succès français à l'international et a permis à Jarre de s'établir comme un des pionniers des musiques électroniques.
"Les gens qui faisaient de l'électro étaient considérés comme une bande d'allumés"
"Tout n'était pourtant pas gagné d'avance", raconte-t-il à l'AFP dans un hôtel de Londres, une des étapes d'une tournée européenne de plus de quarante dates. "J'ai commencé à faire Oxygène dans mon coin, sans aucune pression, dit-il. Et en fait, cet album a été refusé pratiquement par toutes les maisons de disques, qui disaient: +Qu'est-ce que c'est que ça ? Y'a pas de chanteur !+". Le problème, ajoute-t-il, c'est qu'"à l'époque d'Oxygène, les gens qui faisaient de la musique électronique étaient considérés comme une bande d'allumés. En même temps, il y avait aussi cette espèce d'ébullition de gens qui, aussi bien dans le rock progressif que dans le jazz (...) expérimentaient le son"."C'est la raison pour laquelle j'étais convaincu que cette musique deviendrait la musique la plus populaire au XXIe siècle", poursuit-il, portant un regard tendre sur les groupes français qui lui ont succédé. Daft Punk, Air, Rone, Sébastien Tellier ou encore M83 "font partie de ma famille", dit-il.
L'électro, explique Jarre , "c'est une musique qui vient au fond d'Europe continentale, de France et d'Allemagne au départ, qui est liée à l'héritage que nous avons de la musique classique".
Adepte des concerts géants et artiste engagé
Fils du compositeur Maurice Jarre , Jean-Michel Jarre a appris le piano au conservatoire avant de participer au Groupe de recherches musicales (GRM) de Pierre Schaeffer, où il s'est initié à l'électronique et l'électroacoustique. Compositeur prolifique, il s'est aussi rendu célèbre pour ses concerts géants, comme celui de Moscou, où il avait réuni 3,5 millions de personnes pour le 850e anniversaire de la ville en 1997.C'est aussi un musicien engagé : sur son album "Electronica 2: The Heart of Noise" (2016), Jarre a travaillé avec l'ex-consultant de l'Agence de sécurité américaine (NSA) Edward Snowden. "C'est regrettable", dit-il lorsqu'on l'interroge sur la fin de non recevoir adressée par la Maison Blanche à la pétition lancée pour réclamer le pardon sans condition pour Snowden, qui a dévoilé en 2013 l'ampleur du réseau d'espionnage électronique américain.
"Mais c'est une étape. Je pense qu'il faut continuer", insiste le musicien en saluant en Snowden "quelqu'un qui est prêt à sacrifier sa vie, au fond, pour le bien commun". Interrogé sur le vote des Britanniques en faveur d'une sortie de l'Union européenne, le musicien estime que "le Brexit n'est pas aussi tragique que tout le monde veut le croire", soulignant que "l'Angleterre a toujours eu une attitude ambigüe vis à vis de l'Europe". "Le point positif, c'est de nous réveiller nous, le reste de l'Europe", estime-t-il, regrettant le manque de "vision" du projet européen.
Jean-Michel Jarre s'interroge aussi sur la scène politique française et l'élection présidentielle à venir. La présence potentielle du président François Hollande, de son prédécesseur Nicolas Sarkozy ou de Marine Le Pen au second tour ? "C'est pas très bandant", lâche-t-il. "On comprend pourquoi il y a de moins en moins de gens qui ne sont pas très intéressés par la politique (...) C'est pas seulement un problème d'hommes. On a besoin de réinventer au XXIe siècle une autre manière de gouverner."
Jean-Michel Jarre se confie à l'AFP :
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