La Chica, Le Villejuif Underground et Clairo ont enchanté le dernier jour de Rock en Seine
La dernière journée a été marquée par le show des jeunes talents qui ont séduit le public de Rock en Seine.
Au delà des têtes d'affiche comme Foals, Aphex Twin ou encore Royal Blood, la dernière journée de cette édition 2019 de Rock en Seine a été marquée par les prestations solaires de jeunes artistes émergents auxquels on prédit un bel avenir.
La Chica, artiste sous influences
Voilà une belle découverte pour commencer la journée. Inaugurant la scène des 4 Vents écrasée par la chaleur, la chanteuse franco-vénézuélienne arrive sur scène avec son musicien, en short de boxe, bottes et cheveux noirs tressés.
Inclassable, Sophie Fustec, aka la Chica (“la fille” en espagnol) mélange les genres, du rap à la chanson traditionnelle vénézuélienne avec une bonne dose d’électro. Danseuse envoûtante, elle enchaîne des pas de danse mystiques, presque rituels, qui rappellent ses origines. “Sans faire de politique”, elle dédie dans un moment touchant un morceau à sa famille restée au Vénézuela, et qui vit dans des conditions “hyper hardcores”, selon les termes utilisés par la jeune femme qui, elle, a grandi dans le quartier de Belleville.
Ses textes, parfois chantés en anglais, parfois en espagnol, sont engagés et parlent féminisme et multiculturalisme. Regard hypnotisant, gestuelle énergique et atypique, une belle voix qui porte, c’est sans aucun doute un coup de coeur inattendu !
Le show rebelle du Villejuif Underground
C’est leur deuxième Rock en Seine, mais en 2017 ils jouaient sur la petite scène “Île-de-France” réservée aux jeunes découvertes. Cette fois c’est sur la scène des 4 vents que le groupe mené par le chanteur australien Nathan Roche se produit devant une foule honorable aspergée d’eau, chaleur oblige.
Malgré les problèmes techniques (la basse perd une corde, obligeant le bassiste à jouer par terre sur un synthé), l’humour et le côté iconoclaste du groupe enchante le public. Nathan Roche plaisante avec son accent australien à couper au couteau : “Avant, j’habitais Pont de Sèvres, dans un squat, et je n’avais pas d’argent pour venir à Rock en Seine, alors j’écoutais par la fenêtre”.
La plupart des chansons de leur dernier album, When will the flies in Deauville drop sont joués mais aussi quelques nouveaux titres. Nathan Roche sort des feuilles arrachées d’un cahier et annonce sur le ton de l’excuse : “C’est des nouvelles chansons, je ne connais pas encore les paroles par coeur. Désolé, ça ne fait pas très professionnel mais en même temps ça n’a jamais été notre but d’être un groupe professionnel”.
Voilà qui résume bien l’esprit Villejuif Underground. En tout cas, ces nouvelles chansons rassurent, puisqu’elles prouvent que, malgré la crise que traverse le groupe depuis le début de l’année (tournées annulées, dispersion des membres), cette bande de “branleurs magnifiques” est encore productive.
Charmeur, Sam Fender
Le nouveau beau gosse de la scène pop/rock britannique a mis le feu à la scène Cascade en fin d’après-midi. Dès son entrée sur scène un détail saute aux yeux : en plus de son nom écrit en grand derrière lui, l’intégralité du matériel (guitares, amplis, basse) sont de la marque Fender. Hasard ou petite touche mégalo ?
En tout cas, ce blond au regard ténébreux a enchanté le public avec sa voix classique mais efficace et sa virtuosité à la guitare. Jouant sur le charme de son côté inaccessible et mystérieux, il n’a pas pas dû rassurer les hommes venus au concert en couple !
Pour faire patienter les fans, le jeune musicien a interprété quelques extraits de son premier album, le très attendu Hypersonic Missiles, dont la date de sortie a été repoussée au 13 septembre prochain.
Clairo passe le cap
Une foule jeune et compacte attend la jeune new-yorkaise avec impatience devant la petite scène des 4 Vents. Elle débarque, accompagnée de ses trois musiciens, en treillis kaki et chemise blanche oversize, qu'elle ne tardera pas à enlever compte tenu de la chaleur écrasante de ce dimanche après midi. La jeune fille aux cheveux roses s'avère a l'aise, probablement portée par les fans des premiers rangs qui n'attendent pas le tube Pretty Girl, devenu viral en 2017, pour chanter en chœur les paroles des chansons de son très réussi premier album, Immunity, sorti cette année.
Entre des ballades sensibles, comme le très personnel Bubble gum, de la pop lo-fi ou des morceaux plus rock, Clairo séduit un public qui semble déjà convaincu. Mais sa voix cassée, légèrement autotunée, attire les curieux et au fil des morceaux, la foule s'épaissit.
Malgré une voix parfois fragile, souvent recouverte par une basse omniprésente, la jeune américaine au charme juvénile occupe la scène de façon à la fois sobre et sensuelle. Entre plusieurs artistes très rock, Clairo a enivré la scène des 4 Vents d'un son lounge et épuré. L'occasion de prouver au public parisien qu'entre sa chambre d'ado et la scène, il n'y a qu'un pas, franchi avec succès.
The Murder Capital, violence contenue et tendresse assumée
Quand les cinq gars de The Murder Capital débarquent sur scène, ils donnent clairement l’impression de vouloir en découdre. L'oeil sombre, ils balayent le public d’un regard scrutateur avant de balancer leurs premiers riffs rageurs. Mais la tension ne va pas retomber pour autant, bien au contraire.
Car ce groupe irlandais que l’on compare souvent à leurs compatriotes Fontaines DC, à Shame ou aux Idles (dont ils ont assuré les premières parties) va jouer ici une partition un peu différente. Dans une tonalité post punk à la Joy Division, ils brillent par leur capacité à maintenir de longues plages musicales sous tension. En particulier sur le captivant Green and Blue qui vient de sortir avec leur premier album When I Have Fears.
Le chanteur, James McGovern, profite de ce moment de grâce pour quitter son costume de rockeur aux yeux durs et se lancer dans une touchante digression sur l’importance "de dire à ses amis qu’on les aime ...et j’aime ces gars !" ajoute t-il timidement en désignant ses camarades, notamment le bassiste qui sera gratifié d’un petit bisou. Peut-être pour le féliciter pour sa remarquable prestation de danseur tout au long du concert qui est plus habituellement réservé aux guitaristes. Entre violence contenue et tendresse assumée, ce groupe est à suivre, de toute urgence.
Agar Agar, duo électro-barjot
Quand le duo français arrive sur scène, un peu après le début du concert de Foals et quelques instants avant le show du mythique Aphex Twin, les fans sont au rendez vous. "Cergy représente", "Vous êtes des oufs" crient les aficionados déterminés a faire trembler le parterre de la scène des 4 Vents. Sans dire un mot, les deux membres du groupe s'installent derrière leurs machines, et débutent leur show. L'un a un bob enfoncé sur la tête, l'autre se montre d'abord timide, avant d'occuper la scène d'une gestuelle presque animale.
D'abord sobre, des jeux de lumières concordant avec des beats planants, le show prend rapidement une tournure décalée, voire lunaire. Un agent de sécurité rôde sur la scène, avant d'envoyer valser bandeau sécurité, lunettes noires et t-shirt pour danser frénétiquement. La voix délicieusement cassée de la chanteuse - qui malgré une extinction de voix, donne tout ce qu'elle a - se pose parfaitement sur les boucles électroniques et entraînantes des titres.
Pendant l'envoûtant Sorry About the Carpet, de grosses silhouettes blanches se gonflent autour du groupe à mesure que le beat accélère. Y sont ensuite projetées toutes sortes de visuels qui habillent les morceaux d'abord planants et langoureux - puis plus techno - du jeune duo électro manifestement un peu barré, mais sacrément efficace. Une belle façon de clôturer cette petite scène des 4 vents qui a abrité, pendant trois jours de festival, de grands concerts.
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