Le roman de Lana Del Rey, chanteuse phénomène de l'année
C’est la chanson « Vidéo Games » qui a tout déclenché. Une chanson d’amour lente longue de près de 5 minutes, qui révélait sa voix troublante, à la fois grave, ample et capable d’éclats de fraîcheur. Une ballade presque surannée et terriblement entêtante, dotée d’une orchestration décharnée, sans beat ni batterie, dominée par une harpe synthétique. Elle restera comme LA pop song de 2011.
La chanson était surtout accompagnée d’un clip artisanal, réalisé par la belle elle-même. Sorti début juillet, il a été vu des millions de fois sur Youtube. D’aspect artisanal, il dévoilait à la fois la plastique troublante de Lana Del Rey, une lolita-femme fatale à la beauté semble-t-il frelatée, et offrait un montage cut, à l’arraché, d’images tremblées, sépia, du rêve américain : hollywood, palmiers, skateboard, piscine, baisers.
"Gangster Nancy Sinatra"
Un véritable coup de maître. Il n’en fallait pas plus pour embraser la planète musicale. Du jour au lendemain, le nom de Lana Del Rey est sur toutes les lèvres. Et puisqu’elle n’a pas encore de maison de disques, la traque s’engage. Tout le monde veut sa part de ce si délicieux mystère qui s’est autoproclamée « Gangster Nancy Sinatra ».
Lizzie Grant (son vrai nom), 25 ans, est originaire de Lake Placid, une petite ville de 2.800 âmes à la frontière canadienne dont elle s’est échappée pour New York dès l’adolescence. Fan de Nirvana et de Presley, elle voit enfin se concrétiser le rêve d’enfant auquel elle n’a cessé de s’accrocher. Même quand tout allait de travers, quand elle hantait les petits bars jazz de Brooklyn, quand l’album qu’elle était parvenue à réaliser prenait la poussière sur l’étagère d’une maison de disques, elle y a cru.
Artiste totale ou poupée artificielle ?
Ce succès fulgurant, qu’est venu rallumer début septembre le second single « Blue Jean’s » et ses accents à la Kate Bush, n’est pourtant pas que du bonheur. Les mauvaises langues du web s’acharnent sur son cas. Ils la disent fabriquée de toutes pièces par des hommes de l’ombre calculettes en mains. Ceux d'Interscope, qui l'ont signée ces derniers mois. Lana Del Rey en bave mais reste forte et droite dans ses bottes : elle a été signée par une major parcequ’elle avait déjà du succès. « Vous savez ce que les maisons de disques répondent aux artistes qui les sollicitent maintenant ? Revenez nous voir quand vous aurez vendu 1 millions de copies. Je le sais, ils ne signent personne d’inconnu », se justifie-t-elle.
Les lèvres démesurées de cette héroïne lynchienne (elle se dit intéressée par David Lynch en tant qu’icône de la culture underground) alimentent elles aussi la controverse. Vraies ou fausses ? La belle nie être refaite mais son sourire (le fameux « duckface ») dit tout le contraire.
Plebiscitée par les musiciens, elle prépare un album pour janvier 2012
Vraie ou fausse, les musiciens s’en tamponnent qui l’ont tous plébiscitée reprise et remixée, de Kasabian à Syd Tha Kyd, la seule fille du collectif de rappeurs d’Odd Future. Et on ne parle pas des citations en clubs, qui pleuvent littéralement.
En prélude à son album promis début 2012 et provisoirement baptisé «Born to Die » (« Née pour mourir »), elle tournait tout récemment en France un nouveau clip avec le Français Woodkid. Comme partout où elle passe, son concert à Paris au Nouveau Casino (une salle certes minuscule) affiche complet depuis des semaines. Une star est née. Et l’histoire d’amour ne fait que commencer.
Une somptueuse version Live de "Vidéo Games"
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