Liban : Massive Attack s'engage pour Gaza
Des milliers de fans ont dansé mardi soir, drapeaux palestiniens en main, dans la ville antique de Byblos, à moins de 300 km de Gaza, au son de ce groupe dénonçant fermement l'offensive israélienne qui a tué plus de 1.300 Palestiniens, majoritairement civils, depuis 23 jours.
La colère de Robert Del Naja
Dans un entretien exclusif à l'AFP, Robert Del Naja, l'un des fondateurs de Massive Attack, n'en revient pas : "Le bombardement d'une des zones les plus peuplées au monde, d'où les civils ne peuvent pas sortir, c'est vraiment incroyable." À l'adresse d'Israël, il ne mâche pas ses mots : "Pour vous protéger, voulez-vous vraiment massacrer un autre peuple ? Au 21e siècle, c'est réellement inimaginable", poursuit-il dans les coulisses après le concert.
La communauté internationale, accusée d'inaction, n'est guère épargnée par les critiques de l'artiste : "Les politiciens demeurent silencieux. C'est illogique. Cela donne l'impression qu'ils ne sont pas aux postes qu'ils occupent."
Sur scène, tout au long du concert, un flot de messages défile en surbrillance sur un large écran noir. Le groupe y exprime sa solidarité avec les Gazaouis, mais aussi avec les réfugiés syriens et les chrétiens chassés d'Irak. "Gaza est occupé ou soumis à des restrictions depuis 1948" apparaît sur l'écran alors que résonne "Unfinished Sympathy", l'un des plus grand succès de Massive Attack.
On lit ensuite : "8 juillet : Israël a commencé son opération 'Bordure protectrice'. Population de Gaza: 1.816.000. Bilan des morts israéliens: 60. Civils 7. Morts palestiniens 1.200. Civils: 864".
La foule acclame et lève les bras à l'unisson, rare moment d'unité au Liban. Le groupe, au long passé militant, s'était déjà publiquement opposé en 2003 à l'invasion de l'Irak conduite par les États-unis et la Grande-Bretagne. Elie, un habitant de Byblos, confie à l'AFP : le groupe "fait entendre notre voix à travers sa musique".
Durant le concert apparaissent d'ailleurs en rouge les propos de Tony Blair, Premier ministre britannique à l'époque : "Parfois, la seule chance de faire la paix, c'est d'être prêt à la guerre." Suivis aussitôt par : "ISIS (L'Etat islamique, ndlr) contrôle maintenant le tiers de l'Irak". La brutalité des jihadistes a conduit aux pires atrocités en Syrie et en Irak, où ils ont contraint à la fuite les chrétiens de Mossoul. Dans un camp de réfugiés palestiniens
La veille du concert, Del Naja et Grant Marshall, autre membre fondateur de Massive Attack, avaient visité le camp palestinien de Bourj al-Barajné, à Beyrouth. Une partie des recettes ira d'ailleurs à une association qui y travaille, le Centre al-Nakab pour les activités des jeunes.
Selon les chiffres officiels, le Liban abrite près de 500.000 Palestiniens, en majorité des descendants de ceux qui ont fui leur pays lors de la création de l'État d'Israël en 1948, qui vivent souvent dans des camps insalubres et misérables. Mohammad, un jeune volontaire du Centre al-Nakab, explique à l'AFP que les habitants étaient "très contents que des étrangers soient venus les voir en signe de solidarité", même si peu d'entre eux avaient entendu parler du groupe. "Ceux qui le connaissaient étaient toutefois étonnés que Massive Attack nous soutienne", ajoute le jeune homme.
Pour Robert Del Naja, "cette visite change la perspective, spécialement si vous êtes dans le centre ville de Beyrouth qui ressemble à Miami et que vous allez ensuite dans ce camp où vivent 45.000 personnes sur un km2". Il relate qu'il y a rencontré "une extraordinaire énergie et des gens admirables".
Le groupe refuse de jouer en Israël
Le groupe a refusé de jouer en Israël en signe de protestation. Un franc-parler qui lui vaut des critiques. Del Naja n'entend pas se laisser intimider : "Dans un monde qui connaît une révolution technologique démocratique,on me dit que je dois me taire car je suis un musicien. C'est absurde."
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