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"Nous Horizon" : Yuksek nous présente son nouvel album en 5 photos

Après six ans d'absence bien remplis entre musique de film et de documentaire, collaboration au théâtre et production pour d'autres, le phare de la scène électronique rémoise sort son troisième album. "Un Nous Horizon" plus partageur, dansant et disco que jamais, qu'il défendra bientôt en tournée. Il fait pour nous le tour de ce disque au travers de cinq photos représentatives.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10min
Yuksek sort son troisième album, "Nous Horizon".
 (Axel Morin)
Le studio de Yuksek, un refuge pour amateur d'analogique.
 (Barclay)

1.
SON STUDIO 
Yuksek : J'ai entièrement conçu ce nouvel album dans ce studio. Je l'ai depuis trois ans, il est proche de mon domicile à Reims. J'aime travailler la journée, je commence tôt le matin dès 8 ou 9h, j'adore voir le soleil se lever, c'est important pour moi.  Je termine en fin d’après- midi, je ne suis pas le cliché du musicien qui travaille toute la nuit. J'y travaille 90% du temps seul. J'invite des collaborateurs, parfois même plusieurs jours, mais je ne peux pas partager mon studio durablement avec un autre musicien, je suis jaloux de mon intimité.
Dans ce studio à dominante analogique, y-a-t-il des pièces rares auxquelles tu es particulièrement attaché ?
Je suis fier de tous mes synthés et mes claviers. J'en achète et j'en revends régulièrement. J'ai un petit Wurlitzer en plastique orange, par exemple, un orgue spécial avec un petit nombre d’octaves dans une édition assez rare. J'ai ici au mur (en haut à droite) la version très rare d’un synthé assez commun qui s’appelle le Korg MS20. Celui-ci avait été fait spécialement pour les démonstrations dans les salons et il est beaucoup plus grand que les autres avec de gros boutons et des espaces. A l’époque ils en ont fait une vingtaine et il doit en rester très peu. C’est donc une vraie rareté surtout en tant qu’objet, plus qu’en terme musical. Dernièrement, je me suis offert un Arp 2600, un des Graal des instruments des années 70, que j'ai beaucoup utilisé sur le nouvel album.  
Pourrais-tu travailler ailleurs que dans ce studio ?
Oui éventuellement mais dans un autre studio. Ce qui me manquerait ce serait la puissance du son de mon studio, qui sort d’enceintes sur-mesure et avec une écoute que je connais. Parce que le plus important dans ce studio, je crois, ce sont les enceintes. J'ai quatre systèmes d’enceintes, quatre systèmes d'écoute disposés d'une certaine façon. Ce son me sert de marqueur.

L'astronaute Thomas Pesquet en novembre 2016.
 (ESA/NASA / AFP)

2.
LE SPATIONAUTE THOMAS PESQUET 
Amateur de musique électronique, le très médiatique astronaute a collaboré avec Yuksek sur le clip du single "Live Alone" pour lequel il a gracieusement fourni des images de la station spatiale internationale.
Yuskek : Thomas a donné une interview il y a deux ans dans laquelle on lui demandait quelle musique il écoutait et il a répondu "J'aime bien l'électro française et notamment Yuksek". Il citait un nom et c'était le mien ! Un copain m'a envoyé le lien, j'ai trouvé ça dingue. Comme je suivais déjà ses aventures, je l'ai contacté bêtement sur Twitter en le remerciant et en l'invitant à déjeuner ou à boire un verre. Nous nous sommes donc rencontrés et la dernière fois c'était peu avant son départ pour 6 mois dans l'espace le 17 novembre. Je lui ai alors donné mon album, qui n'était pas totalement terminé.

J'aimais l'idée que le premier humain à écouter l'album, hors de mon cercle proche, le ferait depuis l'espace. Il m'avait dit "puisque l'album sort pendant que je serai là-haut, on verra de quelle manière je pourrais utiliser tes morceaux sur des petites vidéos que je fais". C'était très informel. Une fois qu'il a été parti, je me suis dit qu'il serait intéressant d'en faire quelque chose de plus, d'en faire un geste artistique. Mais ça a été moins simple que prévu parce que l'Agence Spatiale Européenne est tatillonne et c'est vraiment Thomas qui a poussé le projet. Il faut aussi rendre hommage au travail de Jérôme de Gerlache qui a réalisé le clip de "Live Alone". Quant à la chanson, elle a été écrite il y a trois ans avec Roman Rappak, le chanteur du groupe anglais Breton, et bien qu'on me dise qu'elle a un côté spatial, elle n'a pas été composée en pensant à Thomas. Les choses se sont juste parfaitement imbriquées.

James Murphy de LCD Soundsystem, le 22 février 2017 à New York.
 (Clint Spaulding/WWD/Rex/Sipa)

3.
LE PRODUCTEUR JAMES MURPHY (LCD SOUNDSYSTEM) 
Yuksek : James Murphy est mon modèle. J'adorerais avoir réussi ce qu'il a accompli :  faire la synthèse entre le disco, le rock et l'électronique. En plus, c'est un chanteur excellentissime. Mais il a l'humilité de ne pas se prendre pour un chanteur, tout en assumant le fait d'être producteur et de kiffer de passer son temps en studio. A chaque fois que je réécoute (son groupe) LCD Soundsystem, je suis effaré. Il y a une dimension d'émotion dans ses morceaux qui est hallucinante. Avec trois mots comme "Time Has Come" en boucle, il arrive à te donner la chair de poule et tu ne sais même pas pourquoi. La façon dont il le dit, ça évoque plein de choses, c'est toujours le bon moment. C'est vraiment unique.
Deux morceaux sur "Nous Horizon" m'ont d'ailleurs immédiatement fait penser à LCD Soundsystem : "Golden Age" et "Keep Looking in My Eyes".
Ca me fait plaisir car tu es la première à me le dire. Je m'étonne d'ailleurs qu'on ne m'en parle jamais parce que je le revendique complètement.
Au-delà de la fusion disco-punk de James Murphy, quelle est ta vision de la disco dont ton nouvel album est imprégné ?
Je trouve qu'il y a un malentendu au sujet de la disco, surtout en France. Je n'aime pas du tout la musique des années 80 et souvent les deux sont confondus à tort. La disco c'est quatre ans, c'est 1978-1982, c'est les clubs à New York, c'est de la musique chantée faite pour danser qui n'est pas pop, pas couplet-refrain. C'est aussi une musique de revendication complètement hédoniste, rattachée aux gays, aux blacks et à la drogue. C'est aussi de la musique instrumentale : la disco était jouée, c'était des rockers quoi. Les punks qui ont tué le disco étaient finalement un peu dans la même démarche que ceux qui ont créé la disco. Car au départ c'était une musique jugée vulgaire et dont personne ne voulait.

Victor et Simon du groupe rennais HER.
 (DR)

4.
HER, MONIKA, ROMAN : LES VOIX INVITEES DE L'ALBUM 
Yuksek : Je ne trouve pas très noble le mot featuring (le fait de venir poser sa voix sur le morceau de quelqu'un). Il s’appliquait pour les voix invitées sur mon premier album : une fois mes morceaux terminés, je me demandais qui pourrait  les chanter puis j’envoyais les sons et je travaillais à distance,  avec Chromeo à New York ou Amanda Blank à Boston. Sur "Nous Horizon" je tenais vraiment à ce que l’on travaille ensemble dans la même pièce. Tous les chanteurs et chanteuses ont participé. Avec HER, un duo rennais que j'aime beaucoup et que m'ont présenté les Juveniles, j'ai réussi à tirer quelque chose de plus soul que ce qu'ils font d'habitude et à les faire chanter ensemble, ce qu'ils n'avaient jamais fait. Nous étions d'ailleurs partis pour faire un seul morceau et finalement nous en avons fait deux avec Her et deux avec la chanteuse Monika. Roman Rappak de Breton c’est pareil, il est venu trois jours à Reims, mais c'était il y a trois ans!
Seront-ils présents avec toi sur la tournée ?
Certains, pas tous et pas tout le temps, ce sera fluctuant. Sur scène, je serais entouré de musiciens : Jean-Sylvain des Juveniles à la basse, aux claviers et aux chœurs, Lucie de Moodoïd à la batterie et Cyril de Weekend Affair aux percussions.
Tu chantes toi-même sur plusieurs titres de l'album et tu es bon. Pourquoi ne chantes-tu pas davantage ?
Parce que j'aime bien chanter en studio mais pas du tout sur scène. Et puis il faudrait que je travaille davantage ma voix et ce n'est pas ce qui m'excite le plus. En fait,  je n'accorde pas une importance énorme aux paroles et au chant. Je considère la voix comme un instrument, un instrument lead, au-dessus des autres. Je suis assez littéraire, je lis beaucoup, mais je ne fais pas de chansons à texte, j'exprime davantage des sentiments via des mots clés. Je ne pourrais jamais faire de musique en français, parce que j'ai trop de respect pour la chanson française, y compris la plus traditionnelle. C'est tellement dur, et encore plus sur les musiques modernes.
 

5.
L'ALBUM "NOUS HORIZON" 
Qu'est-ce que ce "Nous" inclusif ?
Yuksek : Mon album précédent, "Living on the Edge of Time" (sorti en 2011), je l'ai vraiment fait tout seul. Sur celui-ci, j'avais envie de travailler avec des gens, de m'ouvrir à des collaborations, d'où le "Nous" du titre. Le Nous est aussi dans la musique, je crois que je me suis moins regardé le nombril, c'est une musique tournée vers l'extérieur, surtout comparé à l'album précédent, très introspectif. Entre temps j'ai collaboré à beaucoup de projets : musique de film, documentaire, théâtre. Je me suis ouvert, j'apprécie davantage la création dans l'altérité. Et puis "Horizon" parce qu'on va tous ensemble vers quelque chose.
Si tu l'analyses, où s'inscrit ce nouvel album dans ta discographie ?
"Nous Horizon" s'inscrit clairement dans la continuité du premier. Dans l'esprit mais aussi dans les pistes : le titre avec Chromeo et celui avec les Bewitched Hands pourraient presque figurer sur ce nouvel album. Le second album était plus sombre, plus froid, lié à mon état d'esprit à ce moment-là. Je ne l'assume pas trop et à part un morceau je n'ai pas l'intention d'en jouer d'autres sur scène.

Yuksek parle de son nouvel album sur le plateau du journal de France 3 Reims


"Nous Horizon" de Yuksek est sorti vendredi 24 février.
Yuksek sera en tournée à partir du mois de mars, avec une halte le 12 avril à La Cigale (Paris) et dans plusieurs festivals, dont Le Printemps de Bourges le 22 avril et Rock in Evreux le 23 avril.

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