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On y était : la fête techno du Weather Festival 2014 au Bourget
La seconde édition du Weather Festival s'annonçait historique et elle le fut. Le temps fort de l'évènement, qui se tenait au Bourget de samedi midi à dimanche matin, a tenu ses promesses. Cette fête en plein air sur un site exceptionnel a vu défiler quelques-unes des plus grandes pointures de la techno devant un public enthousiaste. Paris n'a plus rien à envier à Berlin ou Barcelone en la matière.
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Une fusée et des avions pour décor naturel
D'abord, en arrivant sur le site du Parc des Expositions du Bourget, il y a cette sensation d'espace, de place, et ce décor naturel aussi spectaculaire qu'improbable : des avions et une fusée dressée vers le ciel, propriété du musée de l'Air et de l'Espace de la ville. Derrière le grillage léger, à quelques mètres sur le tarmac, on aperçoit même l'avion d'Air Force One à bord duquel Obama a peut-être voyagé ces jours-ci...
Le soleil a jugé bon d'être au rendez-vous : son zénith, son coucher puis son lever vont rythmer les différents cycles de la fête et ajouter tout du long à la magie du lieu, hôte de quelques raves historiques dans les années 90. Autres temps autres moeurs : l'ambiance aujourd'hui est bien plus confortable et détendue qu'alors et personne ne s'attend à prendre ses jambes à son cou au cas où la police débarquerait.
En 20 ans, la techno a fait du chemin, les mentalités ont évolué, et le phénomène renaît auprès des jeunes avec une vigueur décuplée, grâce notamment aux activistes des journées dominicales et aux soirées Concrete, organisateurs du festival. Un public jeune et curieux
"Depuis deux-trois ans, il y a un nouveau public techno, nous le constatons à nos journées à la Concrete deux dimanches par mois", explique Brice Coudert, directeur artistique du Weather Festival. "Il s'agit d'un public jeune, qui a soif de culture et d'éducation musicale. Ce sont souvent de vrais passionnés qui ne sont pas là que pour faire la fête. C'est hallucinant : des jeunes qui n'ont pas 20 ans connaissent des morceaux qui ont 25 ans !"
De fait, le public du Weather Festival était un vrai bonheur : plutôt jeune, prévenant, attentif, enthousiaste et bon enfant. Sexy mais pas narcissique ni formaté. Et qui sait se tenir - comprenez très peu de viande saoule, même si on se doute que tout le monde ne carbure pas qu'à l'eau claire. Avec une mixité sociale et géographique réjouissante comme on n'a finalement pas si souvent l'occasion d'en voir à Paris.
Cette mixité et ce désenclavage parisien faisaient partie des objectifs des organisateurs. Pari tenu. Et ce n'est pas le seul. Le confort général était au rendez-vous et les queues réduites au minimum, aussi bien pour les toilettes qu'aux bars et aux casiers où les festivaliers pouvaient déposer leurs affaires. Seul petit point noir : le temps d'attente interminable devant les stands de nourriture, alors que toute denrée comestible ou liquide était confisquée par la sécurité à l'entrée. Quatre scènes témoignant de la richesse de styles de la techno
Mais la principale promesse tenue concerne la musique et les différentes atmosphères, développées sur quatre scènes distinctes, dont deux en plein-air, où l'on pouvait apprécier la richesse de styles regroupés sous la bannière techno.
Selon l'heure et l'endroit, on pouvait ainsi se croire à une bloc-party new-yorkaise disco-funk (Moodymann aux commandes), à un dimanche au Berghain de Berlin (Ben Klock), au DC10 d'Ibiza (le prince de la minimale - et de la soirée - Ricardo Villalobos), ou bien encore il y a quinze ans à une rave sauvage (Manu le Malin).
Le futur de la techno était aussi bien représenté avec plusieurs nouvelles têtes remarquées, telles que l'Allemand Rodhad et sa techno trépidante qui taquine le plexus sans le ratatiner, la Suissesse Sonja Moonear et sa techno soyeuse ou le Parisien Ben Vedren et sa minimale cotonneuse tout en subtilité.
Saluons au passage le bel effort sur la scénographie, avec un thème jungle sur la scène été, un igloo blanc géant pour la scène automne indoor, et le cockpit d'avion doublé d'un splendide mapping vidéo sur la scène printemps. Dernier bon point : la longueur des sets des dj's (2h minimum et beaucoup plus de vinyle que d’ordinateurs!) qui permettait à chaque artiste de développer pleinement son discours et son univers, et au public de circuler de scène en scène en goûtant à tout sans se presser.
Une réussite qui restera dans les annales
A l'heure où nous écrivons, aucun bilan chiffré n'est encore disponible, mais on peut d'ores et déjà qualifier ce festival de belle réussite artistique et logistique. Grâce à la ténacité d'une équipe de passionnés, la vieille rengaine selon laquelle le Paris by night se meurt est désormais obsolète : il suffit d'oser franchir le périphérique. Quant à la musique techno, ce festival a prouvé qu'elle est aussi celle d'une nouvelle génération. Les pouvoirs publics seraient bien avisés d'en prendre conscience en la soutenant au même titre que le rock ou la pop.
D’autant que par un de ces malicieux synchronismes du destin, l’ancien président de Technopol et de la Techno Parade Brice Mourer était aux commandes au même moment ce week-end d’un autre évènement d’envergure exceptionnelle : celui des célébrations du D Day. Comme quoi la techno mène à tout…
Le Weather festival, qui a débuté vendredi à l'Institut du monde arabe, se poursuit lundi sur l'île Seguin (Boulogne) de midi à 22h avec les danseurs de Juste Debout, 3 Chairs (Moodymann, Theo Parrish, Rick Wilwhite et Marcellus Pittman), Ben UFO et Blawan.
D'abord, en arrivant sur le site du Parc des Expositions du Bourget, il y a cette sensation d'espace, de place, et ce décor naturel aussi spectaculaire qu'improbable : des avions et une fusée dressée vers le ciel, propriété du musée de l'Air et de l'Espace de la ville. Derrière le grillage léger, à quelques mètres sur le tarmac, on aperçoit même l'avion d'Air Force One à bord duquel Obama a peut-être voyagé ces jours-ci...
Le soleil a jugé bon d'être au rendez-vous : son zénith, son coucher puis son lever vont rythmer les différents cycles de la fête et ajouter tout du long à la magie du lieu, hôte de quelques raves historiques dans les années 90. Autres temps autres moeurs : l'ambiance aujourd'hui est bien plus confortable et détendue qu'alors et personne ne s'attend à prendre ses jambes à son cou au cas où la police débarquerait.
En 20 ans, la techno a fait du chemin, les mentalités ont évolué, et le phénomène renaît auprès des jeunes avec une vigueur décuplée, grâce notamment aux activistes des journées dominicales et aux soirées Concrete, organisateurs du festival. Un public jeune et curieux
"Depuis deux-trois ans, il y a un nouveau public techno, nous le constatons à nos journées à la Concrete deux dimanches par mois", explique Brice Coudert, directeur artistique du Weather Festival. "Il s'agit d'un public jeune, qui a soif de culture et d'éducation musicale. Ce sont souvent de vrais passionnés qui ne sont pas là que pour faire la fête. C'est hallucinant : des jeunes qui n'ont pas 20 ans connaissent des morceaux qui ont 25 ans !"
De fait, le public du Weather Festival était un vrai bonheur : plutôt jeune, prévenant, attentif, enthousiaste et bon enfant. Sexy mais pas narcissique ni formaté. Et qui sait se tenir - comprenez très peu de viande saoule, même si on se doute que tout le monde ne carbure pas qu'à l'eau claire. Avec une mixité sociale et géographique réjouissante comme on n'a finalement pas si souvent l'occasion d'en voir à Paris.
Cette mixité et ce désenclavage parisien faisaient partie des objectifs des organisateurs. Pari tenu. Et ce n'est pas le seul. Le confort général était au rendez-vous et les queues réduites au minimum, aussi bien pour les toilettes qu'aux bars et aux casiers où les festivaliers pouvaient déposer leurs affaires. Seul petit point noir : le temps d'attente interminable devant les stands de nourriture, alors que toute denrée comestible ou liquide était confisquée par la sécurité à l'entrée. Quatre scènes témoignant de la richesse de styles de la techno
Mais la principale promesse tenue concerne la musique et les différentes atmosphères, développées sur quatre scènes distinctes, dont deux en plein-air, où l'on pouvait apprécier la richesse de styles regroupés sous la bannière techno.
Selon l'heure et l'endroit, on pouvait ainsi se croire à une bloc-party new-yorkaise disco-funk (Moodymann aux commandes), à un dimanche au Berghain de Berlin (Ben Klock), au DC10 d'Ibiza (le prince de la minimale - et de la soirée - Ricardo Villalobos), ou bien encore il y a quinze ans à une rave sauvage (Manu le Malin).
Le futur de la techno était aussi bien représenté avec plusieurs nouvelles têtes remarquées, telles que l'Allemand Rodhad et sa techno trépidante qui taquine le plexus sans le ratatiner, la Suissesse Sonja Moonear et sa techno soyeuse ou le Parisien Ben Vedren et sa minimale cotonneuse tout en subtilité.
Saluons au passage le bel effort sur la scénographie, avec un thème jungle sur la scène été, un igloo blanc géant pour la scène automne indoor, et le cockpit d'avion doublé d'un splendide mapping vidéo sur la scène printemps. Dernier bon point : la longueur des sets des dj's (2h minimum et beaucoup plus de vinyle que d’ordinateurs!) qui permettait à chaque artiste de développer pleinement son discours et son univers, et au public de circuler de scène en scène en goûtant à tout sans se presser.
Une réussite qui restera dans les annales
A l'heure où nous écrivons, aucun bilan chiffré n'est encore disponible, mais on peut d'ores et déjà qualifier ce festival de belle réussite artistique et logistique. Grâce à la ténacité d'une équipe de passionnés, la vieille rengaine selon laquelle le Paris by night se meurt est désormais obsolète : il suffit d'oser franchir le périphérique. Quant à la musique techno, ce festival a prouvé qu'elle est aussi celle d'une nouvelle génération. Les pouvoirs publics seraient bien avisés d'en prendre conscience en la soutenant au même titre que le rock ou la pop.
D’autant que par un de ces malicieux synchronismes du destin, l’ancien président de Technopol et de la Techno Parade Brice Mourer était aux commandes au même moment ce week-end d’un autre évènement d’envergure exceptionnelle : celui des célébrations du D Day. Comme quoi la techno mène à tout…
Le Weather festival, qui a débuté vendredi à l'Institut du monde arabe, se poursuit lundi sur l'île Seguin (Boulogne) de midi à 22h avec les danseurs de Juste Debout, 3 Chairs (Moodymann, Theo Parrish, Rick Wilwhite et Marcellus Pittman), Ben UFO et Blawan.
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