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St Germain en tournée avec ses musiciens africains : "Un pur bonheur"

Fleuron de la "French Touch" absent des scènes depuis 2002, Ludovic Navarre alias St Germain a sorti début octobre un somptueux album mêlant deep house et musique malienne. Un disque qu'il défend maintenant sur scène entouré de musiciens africains, jeudi à Paris et la semaine prochaine à Lyon. Juste avant de démarrer sa tournée début novembre, il nous a livré ses impressions.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Ludovic Navarre alias St Germain durant les répétitions en 2015.
 (Charlotte Vasseneix)

Le défi de la scène

Après le succès mondial de son second album "Tourist", porté par des tubes inusables tels que "Rose Rouge", "Sure thing" ou "So Flute", et vendu à des millions d'exemplaires, St Germain s'était évanoui dans la nature pour une très longue absence. Mais pas sans avoir auparavant mené une tournée internationale qui l'avait mis à genoux.

Durant cette tournée achevée en 2002, il dit avoir particulièrement souffert du manque d'écoute et de fluidité entre ses musiciens d'alors. "Cela me gênait beaucoup sur scène", se souvient-il. "Je leur disais, vous ne vous écoutez pas, chacun fait son truc dans son coin, vous devriez jouer ensemble sans même avoir besoin de vous regarder. Il faut tout faire pour éviter la routine. Pouvoir s'amuser, prendre du plaisir, et s'il y a des ratés ce n'est pas grave."

Rien de tel cette fois avec les merveilleux musiciens maliens qui l'entourent sur cette tournée européenne, assure-t-il. C'est même le contraire. Pour son nouvel album, qu'il a voulu comme un pont entre la house music et les sonorités africaines, Ludovic Navarre a recruté des joueurs de kora, de balafon, de violon peul et de n'goni. Mais il les a, pour des raisons de commodité de composition électronique, tous enregistrés séparément. Jamais ils ne s'étaient retrouvés ensemble à jouer dans une pièce. "C'était donc un peu un défi, une angoisse" de se lancer dans une tournée en leur compagnie.

"Ces musiciens africains sont magnifiques"

Or les répétitions se sont "extrêmement bien passées" et ce, dès le début, s'enthousiasme-t-il. Ses fans le savent, Ludovic Navarre est un grand timide, du genre à tenter de se faire oublier sur scène, "tête baissée, descendant petit à petit derrière mes instruments", reconnaît-il, lucide. Mais travailler avec cette équipe de musiciens africains semble l'avoir détendu et lui avoir insufflé confiance et assurance : il n'a jamais semblé aussi excité d'aller présenter sa musique au public.

"Je ne sais pas combien de temps je vais être excité d'aller sur scène mais pour l'instant c'est un pur bonheur", dit-il. "C'est juste incroyable ! Toute l'équipe, des musiciens à l'ingénieur du son et aux techniciens, tout le monde est agréablement surpris et prend du plaisir. Je m'y attendais un peu car ces musiciens sont déjà magnifiques. Ils savent respecter un cahier des charges mais aussi développer, s'amuser. Mais de les voir aussi à l'aise, être capables de bouger et de danser en même temps que de jouer tout en étant "dedans", je trouve ça extrêmement plaisant."

La musique malienne est particulièrement exigeante, selon lui. "Ces musiciens ont une technique de jeu incroyable", dit-il, admiratif. "Vous verrez ça avec le guitariste et le joueur de n'goni (le luth des griots). Ils ne jouent pas normalement. Ils ont une position de doigts particulière, ils jouent avec les ongles, tout est carressé et hyper rapide. Aux percussions, ce sont aussi des rythmes à eux, compliqués."

L'un des nombreux remixes de "Real Blues" à retrouver sur la chaine youtube de St Germain :

Promesse de concerts fluides et chaleureux

Sur les premières images dénichées sur internet de cette tournée démarrée le 2 novembre à Bucarest, on voit Ludovic Navarre en chef d'orchestre, au centre mais encore bien planqué derrière ses instruments, entouré de sept musiciens africains. Outre les titres du dernier album, dont "Real Blues", ils jouent des tubes anciens tel "Sure Thing". L'ambiance semble fluide, chaleureuse et souriante, aussi belle que sur cet album délicat et envoûtant. Une gageure pour un disque composé avec les méthodes de la musique électronique et peaufiné durant des années dans son studio.

"Ce qu'il y a de plus difficile dans cette transposition de l'album, c'est de reproduire les ambiances, et parfois de se retenir de jouer, de savoir se taire pour laisser la place aux autres.", explique-t-il.

Des modèles de live, Ludovic Navarre n'en a pas. D'abord, il va peu aux concerts. Les seuls qui l'ont vraiment marqué sont ceux de James Brown et Bob Marley. "J'avais remarqué qu'il suffisait d'un signe d'eux pour que les musiciens réagissent au quart de tour. Par exemple quand Marley écartait les bras ça voulait dire basse-batterie. Si j'arrivais à ce stade ce serait parfait, mais il y a encore du travail ! (rires)."

A la veille de monter sur scène, a-t-il le trac ? "Pas du tout. Je pense que les gens qui m'ont apprécié auparavant devraient suivre. J'imagine qu'en nous voyant sur scène ils se diront, "Ah ça le fait, ah d'accord ! (rires). Dans le groupe, chacun est impliqué, ça joue non stop, sans fatigue, tout le monde est à l'écoute. Franchement j'ai une chance énorme. Si on n'y arrive pas je ne comprendrais pas."

St Germain est en concert le 12 novembre à Paris (Bataclan) et le 18 novembre à Lyon (Transbordeur) mais aussi le 11 novembre à Bruxelles, le 13 novembre à Zurich et le 14 novembre à Lausanne.

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