The Museum Experience : la culture psychédélique s'expose à Pau
Né au début des années 60 sur la côte ouest des Etats-Unis, le courant psychédélique est à l'origine d'une révolution musicale et sociologique. Il puise ses racines dans la beat generation de Jack Kérouac et lui associe un puissant désir d'abolir les sens et les consciences. Si sur le terrain politique, ses représentants s'opposent à la censure et aux moeurs bien rangés de l'époque pour entonner le leitmotiv : "Peace and love"; sur la scène musicale, ils développent de nouvelles expériences rythmiques et bousculent les institutions établies. C'est l'époque des concerts dans des salles mythiques comme le Fillmore West de Bill Graham.
Parmi les précurseurs de ce mouvement, Jefferson Aiplane. Le groupe fondé à San Francisco doit son nom selon la légende, à une expression argotique anglo-saxonne qui désigne une technique pour ne pas se brûler les doigts : une allumette usagée sert à tenir le joint lorsqu'il est devenu trop court. En 1969, au festival de Woodstock à New York, ses membres interprètent son célèbre "White Rabbit." Les paroles font référence au LSD et à ses effets. Avec ses paroles énigmatiques qui empruntent à l'univers d'Alice au pays des merveilles de Lewis Carrol, cette chanson a été l'une des premières sur ce thème à ne pas être boycottée par les radios.
Autres personnages de ce courant hippie : Grateful Dead, Big Brother & Airplane Company, mais aussi Frank Zappa, les Doors et bien sûr Jimi Hendrix. Le guitariste de légende commence à se faire un nom dans les années 60 et atteint le rang de mythe à Woodstock avec son nouveau groupe aux côtés de Buddy Miles à la batterie. Il rend hommage aux soldats partis à la guerre du Vietnam en réinterprétant et martyrisant l'hymne national américain.
Aux côtés de ces musiciens avides d'expérimentation, d'autres artistes laissent éclore leur talent. Des graphistes dessinent les pochettes de leurs disques et les affiches qui annoncent leurs concerts. Si ces créations restent encore aujourd'hui confidentielles, bon nombre d'institutions les mettent de plus en plus en pleine lumière. C'est le cas notamment du musée d'Orsay, du San Diego Museum of art ou du musée des Beaux-Arts de Montréal à l'occasion de rétrospectives récentes. Autant d'occasions d'apprécier une production riche à l'identité visuelle unique. Ces auteurs dont Victor Moscoso, Stanley Mouse, Alton Kelley, Wes Wilson et Rickl Griffin qui s'étaient réunis au sein de l'atelier des Big 5 s'efforcent de traduire sur le papier, les délires sensoriels des improvisations musicales.
Dans leur palette, dominent les couleurs saturées. Les formes curvilignes, les motifs à fleurs, les contrastes osés et les lettrages distordus qui empruntent à l'esthétique Art Nouveau renforcent l'impact visuel. Leurs compositions se nourrissent de différentes influences : western avec des têtes d'Indiens, classique avec l'Adam de Michel-Ange ou encore romantique. Des papillons côtoient une Vénus, un serpent, Rackham le Rouge ou encore des têtes de mort. Le maître-mot : la liberté à tout point de vue.
Le courant psychédélique, musical et graphique, s'est éteint en 1973 avec la fermeture du Fillmore. En une dizaine d'années, il aura eu le temps de marquer définitivement les rétines, mais aussi de s'exporter. Car à la même époque de l'autre côté de l'Atlantique, on veut aussi transgresser les codes et tenter de nouvelles expériences. Les Beatles entre autres, se laissent emporter par le vent de l'utopie.
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