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Eminem au Stade de France : qu’est devenu le rappeur culte des années 2000 ?

La star américaine est en concert ce soir, à Saint-Denis. Il refait progressivement surface, après plusieurs années de silence.

Article rédigé par Héloïse Leussier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Eminem lors d'un show à New York (Etats-Unis), le 7 août 2013. (MEDIA PUNCH/UNIMEDIA/SIPA / UNIMEDIA IMAGES, INC.)

Un retour grand format. Après plus de dix ans d’absence sur les scènes européennes, le rappeur blanc-bec reprend du service. Eminem est attendu jeudi 22 août au Stade de France, pour un concert devant plus de 70 000 personnes. Dépression, flops, scandales, passage de la quarantaine… Retour sur quinze années de haut et de bas.

1999-2004 : les années fastes

C’est comme un cheveu sur la soupe qu’Eminem débarque sur les ondes hip-hop en 1999, avec le succès de son deuxième album, The Slim Shady LP. Epaulé par l’éminent producteur Dr Dre, le rappeur white-trash issu de Détroit (Michigan) parvient à séduire la communauté rap, mais pas seulement. Ses personnages psychotiques, ses clips provocateurs et ses textes violents font de lui l'idole de la génération MTV. A coup de titres cultes comme My Name Is (1999), Stan (2000) ou Whithout Me (2002), il se hisse au top des ventes. Son deuxième et son troisième album s'écoulent chacun à plus de 10 millions d’exemplaires. 

Le rappeur ne fait rien comme tout le monde, et ça marche. "Eminem a inventé un genre. Il occupe cette place étrange dans le rap parce qu’il a un flow incroyable, tu ne sais pas vraiment s'il rappe ou non, explique Damien, fan de la première heure. Eminem parle aussi de thèmes différents, c'est un gars qui rappe sur sa mère, sa copine, pas sur le ghetto et les armes." Ses textes mélangent haine, revanche, misogynie et homophobie. Mais qu’il soit adulé ou détesté, on parle de lui. "C’est la plus grande menace pour les enfants américains depuis la polio", aurait dit de lui le président George W. Bush (une citation qui serait, en réalité, une invention des journaux britanniques...). En tout cas, le prix Nobel de littérature irlandais Seamus Heaney le désigne quant à lui comme le "sauveur de la poésie".

En 2003, Eminem remporte  même un Oscar : celui de la meilleure musique originale pour 8 Mile. Un film semi-autobiographique dans lequel il joue son propre rôle.

2005 - 2009 : le trou noir

A peine cinq ans après ses premiers succès, le rappeur sombre. En 2005, après l'album Encore, Eminem annule sa tournée européenne, quinze jours avant le début. Il prétexte des "problèmes de santé". Mais en réalité, "il fait une dépression car il n'a plus d'inspiration", explique Olivier Cachin, auteur de la biographie Eminem : le prince blanc du hip-hop (Librio), à franceinfo.fr. Puis en 2006, survient un événement dont il ne se remettra pas : la mort de son meilleur ami, Proof, tué de deux balles à la sortie d’un club de Détroit.

Sa consommation de psychotropes monte en flèche. "Vingt cachets de Vicodin par jour. Il ne compte plus ceux d’Ambien et de Valium, et essaie bientôt d’autres choses", raconte The Independent. Ces excès le mènent en cure de désintoxication. A la même époque, les rumeurs vont bon train. Certains racontent qu’il est devenu obèse. Des photos de lui en fauteuil roulant fuitent dans la presse. On apprend qu’il s’est fait opérer d’une pneumonie.

2009 à 2013 : un retour laborieux

En 2009, le rappeur refait surface avec un nouvel album, Relapse. Malgré un accueil mitigé dans la presse musicale, le disque se vend bien. Puis en 2010 vient Recovery, plus abouti, avec des invités populaires comme Rihanna et Pink. Eminem reprend ses vieilles recettes, mais quelque chose a changé : "Côté musique, la production a perdu en noirceur et se révèle presque pop (…). Eminem semble vouloir refermer l'un des chapitres les plus sombres de sa vie. Sans retrouver toutefois la forme affichée à ses débuts discographiques", écrit L'Express

Le personnage, lui aussi, a changé. "Eminem est (re)devenu Marshall Mathers, un rappeur abîmé par ses excès comme par ceux des autres, qui ne peut même plus rire de ses hâbleries de branleur et des grossièretés qu’il accumule sur ses albums", estiment Les Inrocks quand ils le rencontrent, en 2010. 

Les fans sont toujours au rendez-vous, mais souvent avec une pointe de nostalgie pour les débuts de l’artiste. "Il n'est plus si cool ni frais, mais c'est toujours cool de voir une star", résumait au JDD une spectatrice à son concert du 15 août, en Belgique. Un show pas tout à fait réussi, selon Les Inrocks. "Certes, Eminem fut grand, mais il ne reste aujourd’hui que des miettes du légendaire emcee", assène l’hebdomadaire. Le rappeur a ouvert son concert avec le titre Survival, dévoilé récemment. La chanson figure sur la BO du jeu vidéo Call of Duty et sera présente dans le huitième album d’Eminem, dont la sortie est prévue pour la rentrée.

Les billets pour le concert de jeudi au Stade de France "ne se sont pas arrachés", note Next. L'artiste pourra tout de même compter sur un public conséquent et enthousiaste. "Personnellement, j'y vais vraiment pour les chansons d'avant. Sachant qu'Eminem n'a pas fait de vraie tournée depuis très longtemps, on va voir ce qu’il donne sur scène. Je ne m'attends pas à des miracles mais bon, Eminem, c'est quand même le meilleur artiste du tournant du millénaire", résume Hugo, 22 ans.

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