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Riffs saturés et show survolté, l'orage Måneskin secoue Lollapalooza

Plus d'un an après leur triomphe à l'Eurovision 2021, les quatre rockeurs italiens de Måneskin ont confirmé leur filiation à un rock redoutable des années 80 sur la grande scène de Lollapalooza dimanche 17 juillet. Une performance haute en couleurs, en valeurs et en décibels.

Article rédigé par franceinfo Culture - Pierre Kron
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le groupe Måneskin sur la grande scène du festival Lollapalooza à l'Hippodrome de Longchamp de Paris, le 17 juillet 2022. (LYVANS BOOLAKY/?PTERTAINMENT/SI/SIPA / SIPA USA)

19h. Le soleil commence enfin à lever le drapeau blanc après des heures d'agression. Nombre d'irréductibles festivaliers se massent devant la Main Stage West du Lollapalooza 2022, dimanche 17 juillet à Paris. Les dernières basses de la rappeuse Meghan Thee Stallion ont à peine le temps de se dissiper que le tonnerre frappe sur la scène principale de l'hippodrome de Longchamp. Un riff guitare-basse-batterie surpuissant fait trembler la foule. La tempête Måneskin se lève avec son classique Zitti E Buoni, tout droit sorti du glam et hard rock des années 70. Et elle va tonner soixante minutes sans accalmie. 

Tatouage Led Zeppelin encré sur le poignet, Pierre quitte sa position tailleur en un instant. Comme beaucoup d'autres, il a découvert le quatuor de rockeurs italiens après leur triomphe à l'Eurovision en 2021 avec ce même Zitti E Buoni. “Je n'avais même pas regardé, rit le jeune homme. Je les ai découverts avec toute l'histoire de la cocaïne.” L'accusation était venue d'un extrait vidéo confus, dans lequel le chanteur, Damiano David, apparaissait le nez étrangement proche d'une table. Un dépistage négatif plus tard, le groupe a gagné un nouveau fan. “Leur présence sur scène…", s'enthousiasme Pierre. "Ils sont trop chauds en live”, complète son ami Théo. Celui-ci a déjà eu l'occasion de les voir à l'œuvre à Paris, au Global Citizen Live de 2021, quelques mois après la sortie de leur dernier projet, Teatro D'ira - Vol.I. 

Iggy Pop à Nirvana en passant par The Who

“Make some fuckin noise !” ("Faites du put... de bruit !"). Quand Damiano David parle, le public l'écoute. Et quand la locomotive Måneskin ("Claire de lune" en danois) est lancée, rien ne peut se mettre en travers de son chemin. Le guitariste, Thomas Raggi, arrache des solos épiques à sa Stratocaster entre deux riffs saturés. Comme sur le très hard rock In Nome Del Padre. La bassiste, Victoria De Angelis, ne fait plus qu'un avec sa basse mitraillette. Le batteur, Ethan Torchio, ne laisse pas de répit à ses fûts. Le chanteur, Damiano David, chante, crie, harangue la foule en italien et en anglais, sans s'arrêter de caracoler sur la scène. Le tout sans jamais laisser plus de quelques secondes entre chaque morceau. Adolescents comme adultes, la marée de spectateurs est conquise par cette énergie foncièrement rock.

La bassiste et le batteur de Måneskin sur la grande scène du Lollapalooza de Paris, le 17 juillet 2022, à l'hippodrome de Longchamp. (LYVANS BOOLAKY/?PTERTAINMENT/SI/SIPA / SIPA USA)

Mais la foule est également séduite par cette musique, repêchée tout droit des dernières décennies du XXe siècle. Surtout par des jeunes de moins de 25 ans. Il y a deux ans, Elodie et sa fille Charlie avaient pris leurs billets du festival pour le concert des monstres du rock, Pearl Jam, qui suit à 21h30. Entre-temps, la quadragénaire au tee-shirt Retour vers le futur a eu le temps de découvrir les Italiens survoltés. “L'étiquette Eurovision n'était pas ma tasse de thé, sourit-elle. Mais je retrouve beaucoup de choses de ma génération. Ça me rappelle du Silverchair, du Nirvana… remis au goût du jour”. Car les Måneskin ont bien fait leurs devoirs. Tellement bien, qu'en plein bain de foule à l'hippodrome de Longchamp, ils se lancent dans une reprise déchaînée du classique protopunk d'Iggy Pop, I Wanna Be Your Dog. Presque un an après avoir collaboré avec lui sur leur morceau I Wanna Be Your Slave

Un hymne : "This is my generation"

Comme d'autres figures du rock des années 70, les néo-glam rockeurs misent autant sur le show musical que sur le visuel. Une combinaison rouge cintrée pour Thomas, un pantalon gris pailleté pour Ethan, une tunique transparente pour Victoria, un débardeur aux allures de fine cotte de maille diamantée pour Damiano… Biberonnée à l'Eurovision depuis ses 9 ans, Guénaëlle s'émerveille depuis la fosse de Lollapalooza. L'heure du pardon, après avoir relégué la France de Barbara Pravi à la deuxième place du concours en 2021, est venue. “Ils s'en moquent du regard des gens, ils ne rentrent pas dans les cases, admire la jeune fille. Et on a le même âge, alors leur style et leurs personnalités me font vraiment plaisir.” 

Cette force générationnelle, Damiano David l'incarne dans une ultime reprise. Avec un trio d'instruments dopés, le refrain de My Generation des Who résonne chez ce public mêlant adultes nostalgiques et jeunes nihilistes : “I hope I die before I get old” (“J'espère mourir avant de prendre de l'âge”) Le doigt levé, en direction du public, il scande : “This is my generation” (“C'est ça ma génération”).

Drapeau ukrainien récupéré du public noué à son micro, le chanteur invite quelques dizaines de fans dans un dernier pogo sur scène. Leur seul concert de l'Hexagone de 2022 touche à sa fin. "Nous voulons juste dire au monde entier que le rock'n'roll ne meurt jamais”, proclamait-il, en se saisissant de leur trophée à l'Eurovision en 2021. Leur concert à l'Accor Hotel Arena en mars 2023 devrait être une énième preuve de cette immortalité. 

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