Fauve : "150 900" kilomètres et un point final
Rarement un groupe n'aura suscité autant d'intérêt, positif comme négatif. Rarement un groupe, aussi, n'avait rallié derrière lui des hordes de fans prêtes à tous les sacrifices pour suivre une tournée au long cours. Et d'ailleurs, parler de groupe est une erreur : Fauve, c'est un collectif avec un noyau de musiciens amis depuis l'enfance, rejoints par des vidéastes, des graphistes ou des photographes, au gré des rencontres.
Mais Fauve, surtout, c'est fini, en tout cas pour l'instant. Ce double album-live, 150.900 comme le nombre de kilomètres effectués en tournée, quatre fois le tour du monde, est comme un point final. C'est aussi un objet original, dans lequel les titres en live alternent avec des extraits d'interview, qui racontent l'histoire de Fauve en tournée. Pendant trois ans, l'espace de deux albums et un mini-album qui ont atteint le sommet des ventes, Fauve a vécu la furie, le raz-de-marée permanent, et tout cela sans label, sans maison de disques et sans jamais se montrer à visage découvert.
Le bout de cette aventure
Pourquoi est-ce qu'ils arrêtent aujourd'hui ? Fatigue, lassitude, routine... Après trois ans sur les routes, difficile de garder la même flamme. Les cinq musiciens, notamment, avaient tous quitté leur travail pour vivre l'aventure Fauve ; à l'aube des 30 ans, eux qui ne s'expriment que de manière collective se sont dit que c'était le moment de passer à autre chose : "Fauve, c'était d'abord un projet à vocation thérapeutique, on avait envie de voyager en fait [...] On avait envie que ça ne dure qu'un temps ".
Pour autant, l'annonce de leur pause - terme officiel - au festival Rock en Seine en août dernier a suscité le désarroi des milliers de fans du collectif. Il faut dire que la relation entre eux dépassait le cadre habituel, débordant sur les réseaux sociaux et même en marge des concerts. Sur ce nouvel album, ils racontent notamment comment ils ont distribué, en toute discrétion, des bracelets au public avant même le spectacle, histoire de nouer un contact discret et insolite. Les adieux officiels de Fauve ont eu lieu le 26 septembre dernier, sur leur scène fétiche, dans la salle où ils se sont produits 23 fois en tout : le Bataclan.
Anonymat et critiques
Pendant trois ans, Fauve a été au centre de tous les regards. Il y avait les inconditionnels, mais pratiquement autant de critiques. Une musique hybride, entre hip-hop, électro et slam, des textes de jeunesse, souvent moqués, des accusations en imposture, sur le thème "regardez cette jeunesse dorée parisienne qui se plaint des difficultés de la vie"... Mais les écrits restent, peu de groupes ont par exemple eu les honneurs des pages d'ouverture d'un grand quotidien national, Libération pour ne pas le nommer. Pas mal pour un collectif qui a toujours refusé de se laisser prendre en photo.
"On a toujours été très en retrait par rapport à Fauve [...] On n'a pas été au centre de l'attention en tant qu'individus"
La Folie Fauve : la Une de Libé demain pic.twitter.com/5OZ8sKmvkA
— Sylvain Bourmeau (@bourmeau) January 31, 2014
Que l'on aime ou pas, Fauve et sa démarche complètement indépendante ont marqué la musique française ces dernières années. Ce double album live, vendu à un prix décent comme l'a toujours voulu le collectif, c'était aussi pour remercier cette foule immense qui a suivi le projet, cette tranche de vie, sans se soucier de l'avis des autres.
150.900 , Fauve (Fauve Corp). Double album disponible.
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