Gilles Bertin, chanteur punk et auteur d'un braquage en 1988, est mort à Barcelone
Gilles Bertin était une figure de la scène punk française dans les années 1980. Il était plus connu pour avoir échappé à la justice après un braquage et s'être rendu après 30 ans de cavale. Il est décédé jeudi 7 novembre à Barcelone.
Gilles Bertin, figure du punk français des années 1980, bassiste et chanteur du groupe Camera Silens et braqueur de banque, repenti après 30 ans de cavale, est mort jeudi 7 novembre à Barcelone, a annoncé son avocat.
"Il est mort ce matin, après avoir été hospitalisé pendant plusieurs jours à Barcelone. C'était un personnage au destin extraordinaire, tragique, ayant flirté avec l'absurde", a déclaré à l'AFP Christian Etelin, l'avocat du musicien et braqueur de 58 ans.
Né en 1961 à Paris, Gilles Bertin vit ensuite à Bordeaux où il fonde en 1981 le groupe Camera Silens, avec le guitariste Benoît Destriau. Le groupe connait un certain succès sur la scène punk, notamment à Bordeaux où il remporte le tremplin Rockotone en 1982.
Dix ans par contumace, 30 ans de cavale
Le 27 avril 1988, avec une dizaine d'amis musiciens, anarchistes et des militants basques, Gilles Bertin dérobe 11,7 millions de francs (l'équivalent à l'époque de 2,9 millions d'euros) à la Brink's. Il est le seul à ne pas se faire prendre et réussit à quitter la France. Il est condamné à dix ans de prison par contumace.
Après près de 30 ans de cavale au Portugal et à Barcelone, malade du sida, il s'était rendu en 2016. En 2018, il avait été condamné à cinq ans de prison avec sursis. "Il avait fait tout ça pour retrouver une existence sociale normale. Il voulait parler, assumer son rôle de père et assumer son passé, pouvoir parler à son fils Tiago de ce qu'il avait été, il ne voulait pas inventer un personnage", explique Me Etelin, avocat toulousain qui l'avait défendu lors de son procès devant la cour d'assises de la Haute-Garonne.
L'ancien punk vivait à Barcelone depuis plusieurs années avec sa compagne Cecilia et son fils de 7 ans. Il avait un autre fils d'une trentaine d'année, Loris, vivant à Bordeaux, qu'il a seulement connu au moment de sa reddition. "Il était fin, intelligent, il avait réussi à retrouver la paix en lui-même, après la tourmente de son existence, il était très cultivé, il avait fait preuve d'une grande responsabilité", poursuit l'avocat.
Jugé pour "ce que je suis devenu"
Après la décision de la cour d'assises en 2018, il avait l'habitude de dire "La justice ne m'a pas jugé pour ce que j'ai fait il y a 30 ans mais pour ce que je suis devenu", relate Me Etelin, "Il était devenu un honnête homme. C'est intéressant comme il a évolué."
Grand et maigre, chemise grise sur jean, cheveux châtain clair et frisés, l'ex-punk, aveugle d'un oeil, ne voulait plus mentir sur son histoire et son passé et souhaitait retrouver sa vie, sa soeur.
Le vol avait été réalisé sans le moindre coup de feu. Les malfaiteurs avaient utilisé un déguisement de gendarmes et une Renault 4, voiture des gendarmes à l'époque. C'était une telle réussite que ce travail avait été d'abord attribué au grand banditisme. La majeure partie du butin n'a jamais été retrouvée.
Gilles Bertin avait publié cette année un livre racontant son histoire, Trente ans de cavale, ma vie de punk (Robert Laffont).
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.