Cet article date de plus de neuf ans.

Grand Corps Malade interdit de concert au Blanc-Mesnil : la polémique en trois actes

Le maire UMP de la ville de Seine-Saint-Denis a fait interdire un concert du slameur, prévu au théâtre municipal. Une décision qui fait réagir. 

Article rédigé par Tatiana Lissitzky
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Grand Corps Malade en duo avec la chanteuse nigériane Asa, lors des Victoires de la musique, le 14 février 2014, au Zénith de Paris.  (BERTRAND GUAY / AFP)

Grand Corps Malade interdit de concert dans sa ville d'origine. Le slameur qui devait se produire le 21 mai au Théâtre 9 du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), dans le cadre de sa tournée Funambule Tour 2015, a vu son concert annulé. En cause : la présence annoncée de Rachid Taxi, militant de la gauche locale, qui n'est pas du goût de la municipalité UMP. Francetv info revient sur la polémique en trois actes.

 Acte 1 : la mairie annule le concert de Grand Corps Malade

Tout était prévu pour le concert du 21 mai. Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade, devait faire monter sur scène avec son ami Rachid Taxi, un chanteur militant associatif du Blanc-Mesnil, lui aussi natif de la ville, pour interpréter le titre Inch'Allah.

Problème : l'invitation n'a pas plu du tout au maire UMP de la ville, Thierry Meignen, qui a tout simplement décidé d'annuler le concert. La mairie a fait part, mardi 12 mai, de sa décision à l'artiste par courrier recommandé, invoquant un problème d'assurance et expliquant craindre un détournement du concert en meeting politique. "Grand Corps Malade ne respecte pas le contrat qu'il a signé. Ce contrat stipule que personne d'autre que lui ne peut monter sur scène? (...) Il fait monter sur scène l'un de mes opposants notoires qui m'insulte sur les blogs depuis plusieurs années", explique alors Thierry Meignen sur RTL

Acte 2 : le slameur répond au maire

Mais l'artiste n'a pas l'intention de se laisser faire. Il dénonce une censure pour raisons politiques. D'autant plus que ce n'est pas la première fois qu'il chante en duo avec Rachid Taxi, de son vrai nom Rachid Amghar. "Je ne vais pas me taire. En annulant ce concert, on m'empêche de m'exprimer, on me censure", s'indigne-t-il, vendredi 15 mai, auprès de l'AFP.

Dans une tribune publiée sur Le Plus du Nouvel Obs, il s'émeut d'être "de fait dissident politique, interdit de parole et de musique". "Alors non, on ne va pas se taire malgré cette annulation, et que la municipalité se rassure : nous ne chanterons pas au Théâtre 9. Mais Rachid Amghar et moi, nous continuerons à chanter fort et partout ailleurs 'Inch’Allah'", conclut-il.

L'artiste annonce également ne pas exclure d'engager des poursuites judiciaires contre la municipalité pour "rupture de contrat abusive".

Acte 3 : Fleur Pellerin apporte son soutien à l'artiste

Du côté du gouvernement, la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, n'a pas tardé à réagir. Jeudi 14 mai, alors qu'elle se trouve à Cannes pour le festival, elle qualifie sur Twitter la décision du maire d'"inacceptable", affirmant qu'il s’agit d’une "annulation honteuse" et "d’une décision politique contre la liberté de création".

Des élus locaux réagissent également en soutien à l'artiste. Pointant une décision qui "heurte la liberté artistique", le président du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel (PS) propose sur Twitter d'accueillir le concert de l'artiste dans un collège du Blanc-Mesnil, dont le département a la charge. 

Une "très bonne idée", selon l'artiste, qui précise que "Rachid Taxi sera là". L’ancien maire communiste du Blanc-Mesnil, Didier Mignot, battu aux dernières municipales par Thierry Meignen s'est également indigné de la décision. Dans une tribune publiée dans le journal L'Humanité, il a dénoncé "un acte politique qui couvre de honte notre ville. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.