Haut-Karabakh : des artistes internationaux organisent un concert et une collecte en ligne mercredi soir pour l'Artsakh
Les musiciens Tigran Hamasyan, Serj Tankian (System of a Down), Dhafer Youssef et l'actrice Golshifteh Farahani font partie des artistes mobilisés mercredi en début de soirée pour venir en aide aux populations civiles arméniennes frappées par l'offensive de l'Azerbaïdjan soutenue par la Turquie.
Alors qu'aucun cessez-le-feu ne parvient à suspendre l'offensive lancée le 27 septembre par l'Azerbaïdjan contre l'enclave arménienne du Haut-Karabakh, rebaptisée Artsakh par ses habitants et Erevan, la mobilisation d'artistes et d'intellectuels se poursuit pour venir en aide aux populations arméniennes. Depuis un mois, les initiatives se multiplient au sein de la diaspora arménienne à travers le monde pour apporter de l'aide aux civils qui, par milliers, cherchent refuge en Arménie pour fuir les bombardements.
Dernière initiative en date, une grande collecte en ligne co-organisée par le collectif Artists for Artsakh et l'AGBU (en français, UGAB, Union générale arménienne de bienfaisance) a lieu ce mercredi soir sur les réseaux sociaux. Des artistes internationaux y participent, parmi lesquels le pianiste arménien Tigran Hamasyan, le chanteur arméno-américain Serj Tankian (du groupe metal System of a Down), le guitariste américain Tom Morello (Rage Against the Machine, Audioslave), l'actrice franco-iranienne Golshifteh Farahani, le chanteur et oudiste tunisien Dhafer Youssef, le saxophoniste français Guillaume Perret, le saxophoniste américain Ben Wendel, le trio palestinien Joubran, les musiciens franco-arméniens Viken Arman, Waxx, le joueur arménien de Târ Miqayel Voskanyan, la soprano canadienne Isabel Bayrakdarian, entre autres...
Le live est prévu ce mercredi 28 octobre à partir de 19h00 (heure de Paris), selon les dernières informations, l'horaire ayant été modifié plusieurs fois ces derniers jours suite à des problèmes techniques, d'après les organisateurs. Il sera visible dans la fenêtre ci-dessous sur YouTube, où l'on trouve aussi le lien pour faire un don, ainsi que sur Facebook.
Outre Atlantique, parmi les têtes d'affiche du concert, le chanteur Serj Tankian, Arménien né à Beyrouth et installé en Californie où il a cofondé le groupe de metal System of a Down, manifeste un engagement fort via les réseaux sociaux. Il fait partie des personnalités américaines de la diaspora (lien en anglais), avec Kim Kardashian et la chanteuse Cher, à avoir usé de leur influence par ce biais pour sensibiliser au conflit dans le Haut-Karabakh. Il y a quelques années, Tankian avait dédié une chanson au peuple de l'Artsakh chantée en arménien (traduction anglaise disponible sous la vidéo de son compte YouTube). Au Canada, le cinéaste Atom Egoyan et l'actrice Arsinée Khandjian, son épouse, s'expriment également sur le conflit, dans les médias et sur les réseaux sociaux. Hors diaspora, dans un tweet très remarqué, l'acteur Sean Penn a appelé le 24 octobre à voter Biden à la présidentielle du 3 novembre : "Alors que nous sommes trop nombreux à rester assis sur nos fesses, les Arméniens sont massacrés par Erdogan, le copain de Trump, avec les armes que NOUS avons fournies. CE n'est PAS l'Amérique !"
Différentes initiatives sont organisées en ligne ces derniers jours pour soutenir les populations civiles. En France, où différents artistes d'origine arménienne se sont fait entendre au cours du mois d'octobre, un concert est organisé à Alfortville, bastion historique de la diaspora hexagonale, le 15 novembre. André Manoukian en serait l'animateur aux côtés de chanteurs, humoristes, mais aussi de l'acteur et réalisateur Serge Avédikian. Le sort de cette soirée est suspendu au renforcement des restrictions sanitaires qui doit être annoncé par Emmanuel Macron mercredi soir.
Dans une tribune, des intellectuels défendent "le droit à l'autodétermination des Arméniens"
Par ailleurs, dans une tribune publiée le 27 octobre par Le Monde, un collectif de plus de quarante intellectuels lance un appel à "reconnaître le droit à l’autodétermination des Arméniens face au 'projet panturquiste' d’Ankara et de Bakou, afin de garantir la sécurité dans la région". Dénonçant "non seulement une guerre d’agression, mais aussi une tentative d’élimination" à l'encontre des Arméniens de la part de l'Azerbaïdjan "aidé, conseillé et armé par la Turquie", les signataires (des écrivains, historiens, sociologues, professeurs, économistes...) établissent un constat sans appel des desseins d'Aliyev et Erdoğan. "Récupérer par la force non seulement les territoires conquis par les Arméniens en 1993-1994, mais encore tout le Haut-Karabakh", tel est l'objectif affiché des dirigeants azerbaïdjanais et turc, sachant qu'"effectuer la jonction entre la Turquie et l’Azerbaïdjan implique d’écraser les Arméniens".
Depuis le début du conflit, la diaspora arménienne, mais aussi nombre de politiques de différents pays, réclament une reconnaissance officielle de l'Artsakh par la communauté internationale, un signe d'engagement et un geste qui corrigerait en partie le découpage arbitraire infligé par Staline au début des années 1920 à des populations installées dans la région depuis la nuit des temps. C'est notamment le message répété à l'occasion de nombreuses manifestations ces dernières semaines, dans plusieurs villes de France et à travers le monde, rassemblements qui réunissent régulièrement des milliers de personnes.
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