Hong Kong interdit un chant prodémocratie et demande son retrait aux plateformes internet

"Glory to Hong Kong", l'hymne du mouvement prodémocratie à Hong Kong, est le premier chant interdit dans le territoire depuis la rétrocession de l'ancienne colonie britannique à la Chine en 1997.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Une grande bannière portant l'inscription "Pour la gloire de Hong Kong" est affichée alors que des étudiants se rassemblent dans un centre commercial du quartier de Lok Fu à Hong Kong, le 23 septembre 2019, pour chanter "Glory to Hong Kong" (Gloire à Hong Kong), devenue la bande-son des manifestations pro-démocratie de Hong Kong. (ANTHONY WALLACE / AFP)

La justice de Hong Kong a interdit mercredi 8 mai le chant Glory to Hong Kong popularisé pendant les manifestations prodémocratie de 2019, première décision du genre depuis la rétrocession du territoire à la Chine, et les autorités vont demander son retrait aux plateformes internet. Après la demande du gouvernement local d'empêcher la diffusion ou encore l'interprétation de ce morceau, "nous sommes convaincus qu'une injonction doit être accordée", a écrit le juge Jeremy Poon dans la décision judiciaire.

Glory to Hong Kong devient le premier chant interdit dans le territoire depuis la rétrocession de l'ancienne colonie britannique à la Chine en 1997, une mesure qualifiée de "nécessaire" par Pékin mercredi. "Empêcher quiconque d'utiliser ou de diffuser la chanson en question (...) est une mesure légitime et nécessaire prise par (Hong Kong) pour assumer sa responsabilité en matière de protection de la sécurité nationale", a déclaré Lin Jian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors de son point presse régulier à Pékin.

Menace de retrait sur la toile 

Dans la foulée, les autorités vont demander à tous les opérateurs des plateformes internet de "retirer" cette chanson pour qu'elle ne soit plus accessible aux utilisateurs hongkongais. "Le gouvernement communiquera avec les fournisseurs d'accès à Internet concernés et leur demandera de retirer le contenu en question conformément à l'injonction", a déclaré mercredi Paul Lam, secrétaire à la Justice de la ville de Hong Kong.

Pour se conformer à l'interdiction de Glory to Hong Kong, une plateforme devra s'assurer que les utilisateurs hongkongais ne peuvent pas accéder au chant et que le morceau n'est pas disponible sur un serveur disposant d'une adresse IP hongkongaise, explique Anthony Lai, expert en cybersécurité à Hong Kong. 

Une "arme" selon la justice 

Devenu un hymne du mouvement prodémocratie de la ville, il a été écrit et popularisé pendant les manifestations parfois violentes de 2019 qui ont vu des millions de personnes descendre dans la rue pour réclamer des libertés politiques. Ses paroles incluent un slogan devenu célèbre lors des protestations, "Libérez Hong Kong, révolution de notre temps".

L'exécutif local avait déposé en juin une demande d'injonction pour que ce chant soit interdit. Mais fin juillet, le tribunal de première instance l'avait rejetée, estimant que son interdiction soulèverait de graves questions de liberté d'expression et qu'une injonction n'aurait "pas de réelle utilité".

La cour d'appel, sollicitée par le gouvernement, n'a pas été du même avis mercredi. "Le compositeur du chant souhaitait en faire une 'arme' et c'est ce qu'il est devenu", a encore écrit le juge Poon. "Il a servi d'impulsion pour déclencher les manifestations violentes qui tourmentent Hong Kong depuis 2019. Il est puissant pour susciter des émotions parmi certaines fractions de la société", a décrit le magistrat, ajoutant que le morceau "a pour effet de justifier et même de romancer" les protestations.

Une injonction civile était donc nécessaire, estime la cour, puisque "le droit pénal seul ne permettrait pas d'atteindre l'objectif d'intérêt public de protection de la sécurité nationale". Cette injonction comporte des exceptions pour les "activités académiques et journalistiques".

Plus de 290 personnes ont été arrêtées, 174 inculpées et 114 condamnées, la plupart des personnalités politiques, militants et journalistes prodémocratie, depuis l'entrée en vigueur de la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong en 2020, renforcée par un deuxième texte promulgué en mars.

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