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La légende Louis Armstrong aurait eu 120 ans : retour sur la carrière du plus célèbre jazzman du monde

le 4 août 1901, Louis Armstrong nous a quittés le 6 juillet 1971, il y a 50 ans. Cet été 2021 est donc tout naturellement l’occasion de revenir sur la vie et la carrière de ce musicien hors du commun.

Article rédigé par Jean-François Convert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Louis Armstrong (Dessin de Denys Legros)

Qui ne connaît pas Louis Armstrong ? Lorsqu’on évoque le jazz, c’est sans doute l’un des premiers noms, sinon le premier, qui vient à l’esprit. Une figure joviale, qu’on n’imagine jamais sans un large sourire, des yeux ronds prompts à rouler au rythme du swing, et une voix instantanément reconnaissable. 

Un timbre vocal unique

Si la voix de Louis Armstrong était à ce point particulière, c’était dû à un œdème et à une hypertrophie de ses fausses cordes vocales. Ces deux ligaments vestibulaires, situés au-dessus des réelles cordes vocales, n’ont généralement qu’un intérêt phonatoire restreint chez la majorité des êtres humains. Mais cette anomalie génétique, combinée à la pratique de la trompette, donnait au chanteur ce timbre immédiatement identifiable.

Une voix grave, légèrement rauque, mais surtout chaleureuse, et qu’on sentait pleine d’empathie.

Une personnalité généreuse à l’engagement discret

C’est l’image qu’on retient d’Armstrong : un homme généreux dont on disait qu'il avait donné autant d'argent qu'il en avait gardé pour lui-même. Il a par exemple adopté le fils de sa cousine Flora disparue peu après sa naissance. Et il n'a cessé de prendre soin de Clarence Armstrong, handicapé mental, à qui il a assuré une rente à vie.

Mais cette bonhomie lui a souvent valu des critiques de la part des militants noirs qui le voyaient comme trop conciliant avec le public blanc. Certains lui ont reproché une attitude similaire au célèbre personnage de l’Oncle Tom, servile envers les blancs. Selon ces avis bien tranchés, il pouvait parfois donner une image caricaturale du troubadour noir. 

Bien sûr qu'il est un Tom, mais c'est un Tom qui a du cœur

Billie Holiday

à propos de Louis Armstrong

En réalité, de façon bien plus discrète, Armstrong a été l'un des principaux soutiens financiers de Martin Luther King Jr. et d'autres activistes pour les droits civiques. Et il n’avait pas hésité à critiquer ouvertement le prédisent Eisenhower lors du conflit sur la discrimination à l'école à Little Rock en 1957.

Étant donné la façon dont ils traitent mon peuple dans le Sud, le gouvernement peut aller se faire voir

Louis Armstrong

à propos du conflit sur la discrimination à l'école à Little Rock en 1957

Louis Armstrong (Dessin de Denys Legros)

Un trompettiste hors-pair et un pilier du scat

Si la trompette est devenue l’un des instruments rois du jazz, c’est grâce à Louis Armstrong, bien avant Dizzy Gillespie, Miles Davis ou Chet Baker. Sa façon particulière de placer l’instrument sur ses lèvres lui vaut le surnom de Satchmo ou Satch, littéralement "bouche-sacoche". Il s’en amusera lui-même, notamment dans Mack the Knife où juste avant le solo, il dit "take it Satch" ("prends-là Satch") en parlant justement de sa trompette.

Dès qu'on souffle dans un instrument, on sait qu'on ne pourra rien en sortir que Louis n'ait déjà fait

Miles Davis

à propos des talents de trompettiste de Louis Armstrong

Autre élément incontournable de son art, le scat, ce chant en onomatopées typique du jazz. S’il ne l’a pas inventé, Louis Armstrong a fortement popularisé ce style d’improvisation vocale, repris ensuite par entre autres Billie Holiday, Frank Sinatra ou encore Dee Dee Bridgewater.

Une myriade de tubes

Citer tous les morceaux connus de Louis Armstrong reviendrait presque à dresser une liste des standards du jazz. Hello Dolly, Go Down Moses, When the Saints Go Marching In…Autant dans le blues, le negro spiritual, le gospel, le dixieland ou le swing, le chanteur excellait dans toutes les variantes du jazz. Et nombre de ses chansons sont passées par d’autres artistes, avant ou après lui. Just a Gigolo est devenu le hit de Louis Prima, Dream a Little Dream of Me a connu une seconde jeunesse dans les sixties avec les Mamas and Papas, ou encore C’est si bon avait fait le succès de Maurice Chevalier et Yves Montand.

La liste est évidemment bien trop longue. Et c'est sans compter ses collaborations avec d’autres artistes, notamment Ella Fitzgerald avec qui il enregistra trois albums, Barbara Streisand pour une reprise de Hello Dolly, ou Jack Teagarden qui partageait le chant avec Armstrong au sein des Pom pom boys : Rockin’ Chair, Fifty-fifty Blues

Parmi ses titres les plus célèbres, tout le monde se souvient de What a Wonderful World, sa dernière chanson sortie en 1967. Reprise par le punk Joey Ramone, le chanteur hawaïen Israel Kamakawiwoʻole , ou plus récemment Mark Knopfler en duo avec le trompettiste Chris Botti, ce morceau a fait le tour du monde. Des paroles naïves pleines de bienveillance qui ont pris un sens sarcastique dans la bande originale du film Good Morning Vietnam. Après les attentats du 11 septembre 2001, cette chanson est entrée dans la liste des chansons jugées inappropriées par Clear Channel Communications.

Louis Armstrong s’est éteint le 6 juillet 1971, il y a cinquante ans. Il a chanté jusqu’à la fin de sa vie, car comme il le disait à Johnny Cash, la musique était tout pour lui. Il a influencé pléthore d’artistes, dans différents styles, et son nom, chanté par Nougaro, reste l’un des plus connus au monde.

Louis Armstrong (Dessin de Denys Legros)

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