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Interview Le big band toulousain Initiative H de retour avec "Broken Land"

La formation toulousaine Initiative H vient de sortir son troisième album, "Broken Land", inspiré par les questions climatiques et environnementales. Avec le savant mélange de jazz, rock et musique symphonique et ces atmosphères intimistes qui font sa griffe, le groupe se produit ce jeudi soir à Paris, avant Jazz à Marciac le 3 août. Rencontre avec son fondateur, le saxophoniste David Haudrechy.
Article rédigé par Annie Yanbekian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (Zakari Babel)

Plus de deux ans après la belle réussite de "Dark Wave", David Haudrechy, 36 ans, a composé et arrangé pour Initiative H (IH) neuf morceaux autour de la thématique du climat. L'événement déclencheur : le musicien passionné de surf a lu une étude environnementale indiquant que depuis le 3 août 2017, l'humanité vivait "à crédit".

"Broken Land", la fin d'une trilogie ?

Comme les deux premiers disques du groupe, "Broken Land", sorti sur le label Neuklang, a été pensé comme une suite, un concept-album, un format qu'affectionne le compositeur. L'influence du rock progressif, l'une des sources d'inspiration du compositeur, résonne toujours au travers de morceaux comme "Signes". "Broken Land" pourrait bien conclure - en beauté - une trilogie formée par "Deus Ex Machina" (2014) et "Dark Wave" (2015), nous a confié le musicien (voir son interview plus bas). Entre-temps, l'an dernier, David Haudrechy a sorti un disque splendide, "Lost Lake", via le duo Endless qu'il forme avec le pianiste Grégoire Aguilar.

Initiative H, formation au son riche et puissant créée en 2012, toujours accompagnée par un vidéaste pour la scène, se produit ce jeudi soir, 31 mai, à Paris, au Jazz Café Montparnasse. Cet été, le groupe fera ses débuts au festival Jazz à Marciac, le 3 août 2018.

- Culturebox : C'est une étude sur l'environnement qui a provoqué le déclic de l'écriture de "Broken Land". Racontez-moi.
- David Haudrechy : Il s'agit d'une étude qui s'appelle "Le point de non-retour" [ndlr : l'un des morceaux du disque porte ce titre traduit en anglais]. Dans cette étude, il y avait beaucoup de liens. J'ai commencé à regarder des vidéos, à creuser le sujet, ça m'a inspiré. J'ai écrit l'album en cinq ou six mois. 

- Au fil du temps, comment percevez-vous l'évolution de votre façon de composer pour les grandes formations, et votre écriture tout court ?
- Avant, je pense qu'il y avait quelque chose de plus instinctif. Maintenant, c'est un peu plus réfléchi. Ça me prend plus de temps, j'essaye de fouiller, que ce soit pour l'Initiative H en termes d'orchestration, ou pour mon duo Endless en matière de forme, de longueurs, de répétitions. Quand je regarde les trois albums de l'IH, le troisième me semble être l'aboutissement des deux premiers, comme dans le cas d'une trilogie. C'est d'autant plus drôle qu'en matière d'habillage graphique, comme quelqu'un me l'a fait remarquer récemment, le premier album était noir, le deuxième blanc et le troisième est gris !

- Et après six ans d'existence, où en sont le son et la synergie du groupe IH ?
- Évidemment, le groupe connaît maintenant mon écriture. Par exemple, du fait des automatismes qui se sont installés, on a mis deux fois moins de temps, notamment du côté des soufflants [ndlr : les instruments à vent], à travailler ce programme. Il y a des gimmicks, des réflexes qui se sont mis en place au fil du temps. Le trombone basse double souvent la basse, le saxophone soprano est souvent collé à la trompette... J'ai l'impression que le son de l'orchestre n'a jamais été aussi dense. Et comme les choses se font de manière plus simple, naturelle, sur scène, c'est beaucoup plus fun.

- Aviez-vous des inspirations musicales particulières en tête au moment d'écrire cet album ?
- Mes influences sont toujours les mêmes : une part de rock progressif - King Crimson, Pink Floyd -, une part de musique classique romantique, les romantiques russes et la musique française de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Cependant, au moment de l'écriture de la fin du disque, j'avais envie d'écouter quelque chose qui n'avait rien à voir avec ce que j'étais en train de composer. Dès lors, je n'ai quasiment écouté qu'un groupe qui s'appelle Cigarettes After Sex. Ils font un rock assez sombre avec ces tempos très lents. Je ne sais pas si ça a eu une influence.

- Une dernière question pour revenir à la thématique sombre de "Broken Land". Au bout du compte, êtes vous pessimiste ou optimiste sur l'avenir de la planète ?
- Si le point de départ est cette étude climatique, l'album n'est en rien moraliste, il n'y a pas de revendication. Ce n'est pas Greenpeace en musique ! Il y a juste une inspiration de départ. L'album débute par un battement de cœur qui faiblit, c'est assez noir. Mais à la fin, il y a un chœur d'enfants qui symbolise l'espérance, la nouvelle génération. Ce n'est pas un requiem mais il y a des nuances d'espoir !

À voir aussi : le reportage France 3 Midi-Pyrénées de C. Sardain, J. Pigneux, A. Groscolas, J. Eon

Initiative H en concert
Jeudi 31 mai 2018 à Paris, Jazz Café Montparnasse, 21H (entrée gratuite)
13 rue du Commandant René Mouchotte 75014
Infos : 01 43 21 58 59
Vendredi 3 août 2018 au festival Jazz in Marciac, 21H, au chapiteau
> Surveiller l'agenda-concert d'IH

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