Jazz à Vienne : de la pop au jazz les multiples facettes d'un Sting fascinant
Selon son acte de naissance classé dans les registres municipaux de Wallsend, non loin de Newcastle, Gordon Matthew Thomas Sumner s'apprêterait à fêter en octobre prochain son soixante-quatrième anniversaire. C'est sans doute vrai. Pourtant, l'homme qui a passé une heure et demie sur la scène du théâtre antique de Vienne ce mercredi 8 juillet sous le nom de Sting ne paraît vraiment pas correspondre à l'image que l'on se fait d'un sexagénaire, même en forme. Certes, il se présente désormais le visage mangé par une énorme barbe de bûcheron canadien, mais à ce détail près, la ligne, la musculature, l'allure générale et l'énergie qu'il dégage appartiennent ordinairement à des quadragénaires bien entretenus.
Sting, en français "Le dard", a servi à son public exactement ce qu'il était venu chercher. Il a ainsi eu droit aux standards de l'époque de The Police avec, saupoudrés au long du concert, "Message in a bottle", "Walking on the moon", "So Lonely", "Doo Doo Doo, Dah dah dah", ou encore "Roxanne" (quelle ovation!), mais aussi les incontournables de sa deuxième période avec en tête de liste la chanson qui restera sans doute son chef d'oeuvre, "Englishman in New York". Avec la présence remarquée du saxophoniste Branford Marsalis, ce morceau préfigurait d'ailleurs dès 1987 le Sting jazzy qui s'affirme aujourd'hui.
Sting, dans un festival de Jazz ?
A ceux qui se demandaient ce qu'un artiste comme Sting pouvait bien faire dans un festival de Jazz, la réponse est dans son spectacle. A côté de la pop brillante des années 78 à 83 de la période The Police, après les ballades romantiques des décennies suivantes, Sting a mis les deux pieds dans le jazz et la prestation qu'il a donnée à Vienne, jouant de la basse comme les meilleurs de la discipline, a emporté avec elle non seulement les "Stingmaniacs" mais également les afficionados du jazz présents dans le théâtre antique.
Des musiciens triés sur le volet
Autour de Sting : un guitariste, un batteur (quasi sosie de Stewart Coppeland, qui tenait les caissons de The Police!), une choriste, un violoniste et un pianiste. Tous exceptionnels. Petite équipe en nombre, extraordinaire en qualité musicale. On n'oubliera pas les dialogues musicaux entre la basse de Sting et le violon ou le clavier du pianiste. Ni cette image du bassiste entouré du violon et de la guitare, trio en pleine union musicale face à un public ravi de la force du son qu'il entendait et de l'image du bonheur de jouer ensemble que leur renvoyaient ces musiciens hors pair. En une heure et demie, ils ont retracé avec Sting, une carrière de près de quarante années. Sting lui-même, avec la classe qu'on lui connait et quelques restes de la rebellion d'origine, a su retrouver l'enthousiasme de la jeunesse avec "Every little thing she does is magic", et l'émotion du chanteur solitaire avec le très touchant "Fragile". L'un des moments forts de la soirée a aussi été l'interprétation de "Desert Rose" qu'il enregistra autrefois avec Cheb Mami. Sting, les bras ouverts face à son public et chantant en arabe cette chanson magnifique ponctuée de "Yalla", on aura du mal à l'oublier.
Tous les Stings
Sting était là, le post ado blond peroxydé de The Police, mais Sting aussi était là, gentleman romantique, tourmenté et désabusé de "Englishman", et Sting engagé, tête ébouriffée ou chauve... et enfin, autre Sting présent ce soir à Vienne, l'homme mûr, barbu et musclé, guetté par l'âge mais certainement pas par la vieillesse, passé par la musique classique, par les chants d'ouvriers et débarquant de plain pied dans le jazz. Ils étaient tous là dans ce lieu mythique, ce théâtre antique de Vienne, l'un après l'autre et parfois mêlés, multiples facettes d'un artiste qui ne ressemble à aucun autre et qui n'a pas fini de graver son propre sillon.
Jazz à Vienne 2015 continue jusqu'au 11 juillet.
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