Jazz à Vienne : l'électro manouche de Caravan Palace enflamme le théâtre antique
Succédant au patchwork mondial de Pink Martini, les Français de Caravan Palace ont débarqué avec un étrange mélange d'instruments parfois très anciens, comme ce piano XIXe et souvent hypermoderne comme les tablettes qui s'expriment aux moment les plus électros de la performance. Si l'ombre de Django Reinhardt flottait effectivement sur le théâtre antique de Vienne au début de cette deuxième partie de soirée, l'ambiance a changé graduellement pour terminer en transes électro emportant tout le public. On se serait alors bien davantage pensé aux Nuits Sonores de Lyon que dans un festival de Jazz qui programmait la veille un Erik Truffaz.
Enthousiasme communicatif
Enjouée, pleine d'humour et d'un enthousiasme communicatif, la musique de Caravan Palace n'a vraiment rien d'une pâle copie nostalgique d'un style datant quand même des années 30 quant à son influence manouche. L'exploit de Caravan Palace pourrait se résumer à ceci : avoir pu adjoindre à l'esprit manouche, une bonne louche d'électro mâtinée d'un soupçon de swing et de doo wap. De cette recette bien maîtrisée par le septet français naît une suprenante modernité. Le public viennois n'a pas pu rester longtemps assis et du haut en bas des gradins une foule de tous âges accompagnait la pulsation partie de la scène.La pointe de l'électro swing
La formation française est à la pointe de l'électro swing, un style qui parvient à compenser la froideur electro par un humour complice ainsi que par une envie de danser qui dépasse le pogo habituel et rejoint parfois des sonorités rock and roll. La chanteuse du groupe, Zoé Colotis, sorte de Catherine Ringer sexy et electro, sait "faire monter la sauce" dans le public. En quelques mots, quelques notes ou quelques gestes la petite brune saisit son auditoire et l'emporte dans une transe joyeuse et festive.
Lointains cousins du jazz
Malgré la pluie qui a arrosé la première partie du concert de Caravan Palace, le théâtre antique ne s'est pas vidé. Une grande partie du public, on le sentait, était venu pour ce concert de deuxième partie. Caravan Palace compte nombre de fans qui ne manqueraient aucun passage de ce groupe fondé en 2005. Le juste dosage de racines et d'explorations extrêmement actuelles a permis à un public très varié de se retrouver autour de sa musique. La nuit s'est terminée trop tôt pour la plupart des spectateurs de ces diverses générations qui en auraient volontiers repris.
Loin du jazz
Avec cet électro, et bien que partant de sonorités manouches, on se retrouvait pour le coup vraiment très loin du jazz. Mais cette grande et féconde famille ne demandant qu'à s'étendre, on ne saurait reprocher aux programmateurs de ce festival d'aller chercher dans la lointaine banlieue du jazz des sonorités et des rythmes qui, pour ne pas être franchement voisins, en restent pourtant des cousins éloignés.
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