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Jazz à Vienne : l'hommage de Larry Graham à Prince, la fête et quelques larmes

Pour conclure la soirée du 8 juillet dédiée à Prince, la scène du théâtre antique de Vienne a accueilli le Graham Central Station. Formation emblématique du funk des années 70, le groupe a été fondé par Larry Graham. Guitariste devenu bassiste, il a révolutionné le genre avec une nouvelle manière de jouer : le slap. Surtout, il était celui qui inspirait le "Kid de Minneapolis".
Article rédigé par franceinfo
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Larry Graham et son band ont mis 6 ans pour revenir à Vienne.
 (Michel Thomas / MAX PPP)

Six ans, cela faisait six ans que Graham Central Station n'était plus venu au Théâtre antique de Vienne. Et en six ans, le monde musical a connu beaucoup de bouleversements, avec notamment la disparition de plusieurs artistes. Parmi eux, celui avec qui Larry Graham avait collaboré de nombreuses fois pour finalement devenir son meilleur ami : "le Kid de Minneapolis", Prince. Encore très attristé part sa disparition, c'est avec une grande émotion que le bassiste en parlait en coulisses.

Fan absolu, Prince avait permis à Graham Central Station de faire les premières parties de ses concerts.
 (Adrien Pittore)

L'hommage à un ami

Depuis un an maintenant, alors que le concert résolument funky et dansant est parfaitement réglé, Graham Central Station intègre régulièrement une séquence émotion. Vienne n'a pas fait exception. Larry Graham annonce qu'il va rendre hommage à son ami disparu. Le band enchaîne les morceaux sur lesquels Prince les avaient rejoints sur scène dans des tournées précédentes ou pendant les fameux "after-shows". Mais l'apogée est atteint lorsque les projecteurs passent au violet. Les premières notes de guitare tombent. Le public se lève, certains pleurent, d'autres se prennent dans les bras. Mais chacun prend conscience qu'il vit un "moment historique". Graham Central Station joue "Purple Rain."
Depuis la disparition de Prince, Larry Graham lui rend hommage dans chaque concert; 
 (Adrien Pittore)

Comment Larry Graham marqua à jamais le funk

Tout le monde connaît l'importance des lignes de basse dans le funk. Larry Graham, fondateur du groupe et bassiste, est celui qui a mis la basse électrique sur le devant de la scène. Il est aussi l'inventeur du slap-funk. Cette technique de jeu à la basse plus communément appelé "slap", repose sur deux sous-genres : le "thumbing" et le "plucking". Ce jeu de main avait pour but de remplacer le batteur du groupe lors de ses absences. Technique reconnue, elle s'inscrit encore aujourd'hui dans les tablatures avec les lettres T et P.

D'abord la fête du jazz et de la funk

Tout au long du concert, le public de Jazz à Vienne a surtout eu droit à une célébration du funk festif. La choriste gospel Ashling "Biscuit" Cole enflamme la scène par sa technique vocale. Entre puissance et sensualité, la chanteuse de San Francisco nous offre un large panel de sa technique vocale. Jusqu'à ce qu'a ce que les projecteurs se braquent en direction des gradins. Vêtu d'un costume blanc orné de milliers de petits diamants, Larry Graham fend la foule jusqu'à la scène et s'offre une entrée de rockstar.
Larry Graham a fait une entrée remarquée.
 (Michel Thomas / MAX PPP)
Le concert prend des teintes musicales incroyables. Le groupe est venu pour faire la fête et ça se sent. C'est toute la fosse qui tape du pied en rythme. 

La funk à la française à l'honneur

Larry Graham a toujours su bien s'entourer. Parmi ses collaborations, on compte évidemment celles avec Prince ou Ashling Cole, mais il faut aussi penser à Sly and the Family. Ce samedi soir, le bassiste a pu inscrire deux nouveaux noms sur son répertoire. La première à faire une apparition remarquée est Jeanne Added. En 2016, elle était la 5e artiste la plus programmée des festivals de l'été avec 18 représentations (l'absence d'artistes internationaux dans ce classement Digitick s'explique par la hausse de leurs cachets). Très touchée par la disparition de Prince, elle fait partie de ceux qui l'avaient d'abord rejeté avant de l'accepter et de l'admirer.

J'avais un vrai rejet envers ses clips. Je ne comprenais pas, je me demandais "c'est quoi ce clip ?" Et puis je l'ai découvert : son jeu sur scène, très ludique, avec des clins d'œil. Mais aussi son côté professionnel, hyper sérieux.

Jeanne Added en coulisses.
Larry Graham a invité sur scène la rockeuse Jeanne Added.
 (Adrien Pittore)

Le deuxième représentant tricolore est un monument : Marco Prince, leader de la Fédération Française de Fonck, groupe reformé en 2014. Le groupe était une référence dans les années 1990. Son succès avait d'ailleurs dépassé les frontières de l'Hexagone, jusque de l'autre côté de l'Atlantique. Le rachat de leur maison de disques aux États-Unis par EMI Records les empêchera finalement de se développer outre-Atlantique, et ce jusqu'à leur dissolution. Alors si les souvenirs sont lointains, sur la scène de Jazz à Vienne, la fougue des grands concerts est toujours là. Nourri au rock et au funk, on pourrait croire que Marco Prince comptait donner cette dimension explosive au concert de Larry Graham. La FFF incarne de ses propres mots le renouveau du funk. Mais elle se retrouve aussi très proche de Larry Graham et de son band par ses influences dans lesquelles on retrouve James Brown, Sly and the Family et évidemment Prince.

Marco Prince, leader de la FFF.
 (Adrien Pittore)

Après ses intermèdes musicaux, le Graham Central Station voulait conclure sur une note positive avec "Higher". Après l'hommage à Prince, les larmes sont vite séchées. Larry Graham bien décidé à faire la fête, convie le public à monter sur scène avec lui. Au milieu des selfies et autres accolades, il continue de jouer à sa façon le funk. Les musiciens finissent par s'arrêter de jouer un à un, le laissant à cappella, seulement "armé" d'un tambourin. Comme il est venu, Larry Graham fend à nouveau la foule, mais cette fois en direction des loges, mettant ainsi fin au concert après un dernier hommage à son ami disparu. 

Tina Graham a toujours suivi le groupe de son époux.
 (Adrien Pittore)

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