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L'animateur de télévision et critique de cinéma Henry Chapier est mort

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Henry Chapier, critique de cinéma, réalisateur et célèbre animateur à la télévision de l'émission "Le Divan" de 1987 à 1994 sur France 3, où il interviewait des personnalités culturelles et politiques, est décédé dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 janvier, a annoncé la Maison européenne de la photographie (MEP) qu'il avait cofondée.

"La MEP est endeuillée par la disparition cette nuit de Henry Chapier", qui installait ses invités sur un divan, comme s'il s'agissait d'une séance de psychanalyse télévisuelle.

Critique au côté de Truffaut

Né d’un père avocat international et d’une actrice à Bucarest en 1933, Henry Chapier est obligé de quitter la Roumanie en 1948 suite à un décret d’expulsion des Français décidé par le régime communiste.

C’est en 1958 qu’il entame une carrière de journaliste en France, en collaborant comme critique de cinéma à l’hebdomadaire "Arts" aux côtés de François Truffaut et de Dominique Jamet. Il est récompensé du prix du Meilleur journaliste débutant en 1959, comme pigiste à "l’Express", et entre la même année au quotidien "Combat" où il dirige les pages Culture. Il demeurera le critique de cinéma attitré du journal jusqu’en 1974.

Cinéma cinémas

Sa notoriété grandit avec la polémique autour de l’éviction du cofondateur de la Cinémathèque française Henri Langlois, en ouvrant les pages de "Combat" à des cinéastes internationaux pour obtenir sa réintégration, obtenue au terme de cette campagne.

Parallèlement à son métier de journaliste-critique, Henry Chapier réalise son premier long métrage, "Sex Power", qui reçoit la Coquille d’or au festival de San Sebastien en 1970, des mains d’un jury présidé par le célèbre réalisateur allemand Fritz Lang ("M. Le maudit")

A la fermeture du journal "Combat" en 1974, Henry Chapier est invité par Philippe Tesson à intégrer la rédaction du "Quotidien de Paris" où il reprend ses fonctions de rédacteur en chef des pages Culture, tout en rédigeant des critiques de films.

Arrivée à FR3 sur un divan

C’est en 1978 qu’il rejoint FR3, comme éditorialiste culturel, puis comme responsable cinéma de la chaîne et devient un des trois rédacteurs en chef du Soir 3.

Mais c’est son émission "Le Divan" à partir de 1987 qui fera  date dans sa carrière. Diffusé en deuxième partie de soirée, il y interviewera quelques 300 personnalités jusqu’en 1994, date à laquelle Henry Chapier quitte France 3. Durant l'émission, il arrachait d'intimes confessions à ses invités : Roman Polanski qui raconte sa jeunesse en Pologne sous l'occupation nazie, Serge Gainsbourg qui évoque sa vocation ratée de peintre ou encore le mime Marceau y parle de sa judaïté.

Marc-Olivier Fogiel, qui a relancé "Le Divan" en 2015, a salué le créateur de l'émission : "Henry était pour moi un modèle, qui m'a transmis le flambeau de façon extrêmement bienveillante (...). Je ne me voyais pas reprendre cette émission sans son approbation", a-t-il réagi auprès de l'AFP.

C’est également en 1994, quand il quitte le service public, qu’il cofonde avec Jean-Luc Monterrosso la Maison européenne de la photographie, dont il fut président à partir de 1996. Il créé dans la foulée le Mois de la photo à Paris et fait de la capitale l'une des métropoles phare de la création photographique contemporaine.

Cinéphile invétéré et lui-même réalisateur de quatre long métrages, Henry Chapier fut membre du jury de la Caméra d’or au festival de Cannes en 1988, puis juré de la compétition officielle sous la présidence de Francis Ford Coppola en 1996. Cette même année, il est appelé par Jean-François Bizot pour animer sur Radio Nova l’émission "Signé Chapier".

Le journaliste est également apparu comme acteur dans quatre films de 1964 à 1997, dont "Un homme et une femme" de Claude Lelouch. Il est également signataire de nombreux livres, de souvenirs et surtout sur le cinéma. Il fut en outre décoré comme Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres en 1984 et Chevalier de l’ordre du Mérite de la République italienne.

"Henry Chapier, critique de cinéma, journaliste et intervieweur inégalable, a hissé la confession au rang d'art", a salué sur Twitter le ministre de la Culture Franck Riester. "Quelle tristesse de perdre un si grand Parisien", a pour sa part réagi sur Twitter la maire de Paris, Anne Hidalgo.
 
Doté d’une immense culture, pourvu d’un humour infaillible, d’un grand professionnalisme, et revendiquant son homosexualité, Henry Chapier, c’était aussi une voix, un timbre. Un style inimitable, respecté par ses pairs, qui laisse un grand vide dans l’audiovisuel français et au-delà dans le journalisme et le cinéma. 

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