La trompettiste Airelle Besson : ses "projets fous" pour le festival Jazz sous les pommiers
Pour la troisième année consécutive, Airelle Besson, trompettiste estimée dans l’univers du jazz, est en résidence au théâtre de Coutances où elle prépare les projets qu’elle présentera au festival "Jazz sous les pommiers". Entourée d’un trio jazz et de professeurs de l’école de musique, elle travaille en ce moment ses propres compositions.
Reportage : France 3 Normandie - J. Pattier / C. Lefrançois / C. Moschetti / F. Lefeuvre
Lauréate de nombreux prix prestigieux comme les Victoires du Jazz ou le Prix Django Reinhardt, la jeune trompettiste assure la relève. Appréciée des musiciens, suivie de près par le public, Airelle Besson peut compter sur le soutien de Denis Lebas, directeur du festival "Jazz sous les pommiers". "C’est une histoire d’amour entre Coutances et Airelles. D'habitude, le public suivait évidemment les résidents, mais Airelle a très vite capté, séduit le public. C’est super parce qu’après, on va retrouver les gens au festival derrière Airelle. On les gardera."
Airelle Besson a travaillé aux côtés de pointures du jazz, et depuis maintenant trois ans elle profite des infrastructures de la résidence pour recueillir les précieux conseils des professionnels qui l’entourent. Reconnaissante, elle se confie : "Depuis 3 ans, je demande beaucoup de conseils et d’aide à Denis. Et Denis me suit tout le temps, c’est un accompagnement que je n’ai jamais eu et qui est très précieux."
En principe je déteste la trompette, mais avec elle, j’adore !
Mais loin d’être considérée comme la petite nouvelle, elle génère l’admiration de tous ceux qui jouent avec elle :
"Il n’y a qu’un seul vecteur qui me paraît important, c’est l’émotion. Et avec Airelle, qui est une magnifique trompettiste, à la première interprétation, c’est comme du Miles Davis, on reconnaît tout de suite. C’est très aérien, très sensible, avec une plus-value qui est la sienne.
Mickaël Plihon, musicien et arrangeurIntensité
La résidence, c’est donc profiter du cadre, des professionnels, mais c’est aussi pouvoir tester, essayer et proposer des choses résolument nouvelles. Airelle Besson est une artiste qui, outre le fait de reprendre des classiques du jazz, compose également ses propres œuvres. Au théâtre de Coutances, elle peut préparer ses projets et les répéter pour les présenter au festival "Jazz sous les pommiers".
Reportage : France 3 Normandie - J. Pattier / C. Lefrançois / C. Moschetti / F. Lefeuvre
Airelle Besson a su se faire une place au milieu des spécialistes du jazz qui voient en son travail une fraîcheur bienvenue. "L’intérêt de ces résidences c’est qu’on peut travailler avec des gens extrêmement divers et éviter les clichés, éviter de se répéter. Chaque fois ce sont des situations relativement risquées quand même, c’est une des grandes qualités d’Airelle Besson" constate Yvan Amar, animateur de l’émission "Jazz Club" sur France Musique.Transcrire la trompette en langue des signes
Dans son studio du XXe arrondissement de Paris, Airelle retrouve Jonas Burgwinkel et Sebastian Sternal, musiciens allemands, ainsi que Clémence Colin, une comédienne sourde, pour un projet qui s’apprête à briser les codes. "C’est une performance artistique totalement inédite, un peu nouvelle, un peu ambitieuse, c’est un pari !" s’amuse la trompettiste. Le trio jouera, en même temps que la comédienne retranscrira en temps réel la musique en langue des signes. Projet qui peut sembler fou au premier abord, le spectacle sera donné pour la première fois au festival. Sebastian Sternal sera au piano, le projet d’Airelle l’a séduit : "Pour nous ça ouvre une nouvelle porte, de voir, d’avoir une autre image de chaque morceau."
C’est quelque chose qu’on ne fait jamais en répétition on lit la partition, on joue tel titre. Il n’y a pas ce travail de mot.
Airelle Besson
Clémence Colin, qui signera le spectacle, doit mettre des mots sur la musique. On la voit prendre des notes sur ce qu’elle perçoit. La résonnance de la musique, mais aussi l’attitude, le comportement des musiciens. Ce sont toutes les émotions qu’elle retranscrit. "Pour moi, en premier, la musique je la ressens avec des vibrations, mais pas juste avec les oreilles. Je vois aussi des choses, des expressions, des pieds qui bougent. C’est avec tout ça que je perçois la musique dans son ensemble" explique-t-elle. Une performance inédite, qui promet de susciter l’intérêt des amateurs comme des curieux.
"Communiquer malgré tout, malgré les différences."
Airelle Besson veut partager sa musique avec les connaisseurs, mais aussi avec les plus jeunes. Elle répète un spectacle avec les enfants de l’école Clairefontaine de Coutances, qu’ils présenteront lors du festival "Jazz sous les Pommiers". Airelle travaille avec ces musiciens en herbe, pendant que Clémence Colin répète avec les enfants sourds ou malentendants du Centre de Ressource de l’Ouïe et de la Parole de Caen. Le but, retranscrire les rythmes et les sons. Egalement né de la résidence à Coutances, ce projet est cher à la trompettiste : "Je trouve ça super intéressant parce que ça fait partie de notre monde. Il y en a qui entendent, d’autres qui n’entendent pas. Il y en a qui voient, d’autres qui ne voient pas. Avec ce projet on veut arriver à tous vivre ensemble, à communiquer malgré tout, malgré ces différences." Les enfants s’agitent, répètent assidument pour présenter leur spectacle en tentant de mettre le stress de côté.
Reportage : France 3 Normandie - J. Pattier / C. Lefrançois / C. Moschetti / F. Lefeuvre
Entre deux répétitions, la jeune prodige de la trompette profite du cadre idyllique de la Normandie pour se ressourcer, et trouver l’inspiration. C’est sur les plages d’Agon-Coutainville qu’elle se rend pour composer ses succès de demain. "J'avais la vue sur la mer qui se rétractait et qui revenait. J’ai composé la musique du projet symphonique qu’on a donné avec l’orchestre régional de Normandie et Youn Sun Nah" raconte-t-elle dos au ressac des vagues. C’est aussi l’occasion pour Airelle de prendre du recul, et de se rendre compte de ce que la résidence lui a apporté. "Avant la résidence, j’étais beaucoup sidewoman, c'est-à-dire que je jouais avec d’autres solistes. Et la résidence a fait que je me suis révélée un peu, en tant que leader. Ce sont davantage mes formations à moi, mon quartet, mon duo. Et c’est moi qui en suis à l’initiative."
Ode à la trompette
Le cadre est propice à la confession, et c’est ainsi qu’Airelle Besson déclare sa flamme à sa plus fidèle partenaire, sa trompette : "C’est le plus bel instrument du monde. Après, tous les instruments sont beaux, ça dépend de ce qu’on en fait. Moi je trouve que la trompette est très malléable, en tous cas j’aime bien la travailler et la mettre un peu dans tous les sens. Ça brille, c’est en or, il y a trois pistons : ça me suffit bien pour faire toutes les notes, mais il faut choisir les bonnes, au bon moment. J’aime juste beaucoup jouer de la trompette."
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