Cet article date de plus de neuf ans.

Le grand concert du Jazz Day 2016 aura lieu à la Maison Blanche

Jeudi soir à l'Unesco, un concert de prestige a clôturé, en présence de grandes stars, la Journée internationale du Jazz 2015 qui avait pour capitale Paris. À l'issue du show, Herbie Hancock a révélé que les hôtes du concert de l'édition 2016 ne seraient autres que Barack et Michelle Obama, à la Maison Blanche. Un peu plus tôt, le pianiste avait rencontré la garde des Sceaux Christiane Taubira.
Article rédigé par Annie Yanbekian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Final du concert du Jazz Day 2015 : Femi Kuti, Herbie Hancock, Annie Lennox, James Genus, Al Jarreau et Dee Dee Bridgewater (Paris, 30 avril 2015).
 (Kristy Sparow / Getty Images / AFP)

"J'ai l'honneur de vous annoncer que le président Barack Obama et son épouse Michelle Obama accueilleront le concert du All Star de la Journée internationale du jazz", a annoncé l'illustre pianiste, ambassadeur de bonne volonté de l'Unesco, avant l'ultime chanson - "Imagine" - du concert de gala organisé jeudi à l'Unesco à Paris, ville hôte de l'édition 2015 de la Journée internationale du jazz.

Ce soir-là, durant près de deux heures, une succession impressionnante de stars a illuminé le gala qui clôturait le Jazz Day 2015, ponctué d'allocutions de musiciens et d'officiels, parmi lesquels Ban Ki-moon, secrétaire général de l'Onu.


Al Jarreau a ouvert le show. Puis la chanteuse-pianiste Eliane Elias a rendu hommage à Tom Jobim, le trompettiste sud-africain Hugh Masekela a fait se lever et danser l'assistance, le grand saxophoniste Wayne Shorter a dialogué en musique avec le fascinant vocaliste-oudiste tunisien Dhafer Youssef... Côté chanteuses, le public a applaudi Dee Dee Bridgewater pour sa tendre version de "La Belle vie", Herbie Hancock a animé un jazz swinguant au piano avant d'accompagner Annie Lennox sur deux titres dont une puissante version de "I put a spell on you"... Une royale Diane Reeves et un virevoltant Femi Kuti leur ont succédé, sans oublier le trompettiste Avishai Cohen, le bassiste Marcus Miller, très engagé à l'Unesco, le saxophoniste français Guillaume Perret, le pianiste Antonio Faraò...

Wayne Shorter en plein dialogue avec Dhafer Youssef (de dos), non loin du contrebassiste Ben Williams
 (Kristy Sparow / Getty Images / AFP)

Toute la journée du 30 avril, en France comme dans pas loin de 200 pays dans le monde, le jazz a été à l'honneur. À Paris, une bonne cinquantaine d'événements avaient été organisés en des dizaines de lieux, clubs de jazz, conservatoires, gares ou mairies d'arrondissement.

Herbie Hancock débat avec Christiane Taubira et Marcus Miller

Pour Herbie Hancock, la journée a débuté à l'Hôtel de Ville de Paris, le pianiste ayant reçu la médaille Grand Vermeille des mains de la maire Anne Hidalgo. Dans l'après-midi, l'ambassadeur de bonne volonté à l'Unesco a débattu sur le thème "Jazz et liberté" avec la garde des Sceaux Christiane Taubira, grande fan de jazz. Ils ont été rejoints par Marcus Miller. En l'absence - étonnante - d'un interprète anglais-français à destination du public, la ministre, qui échangeait en anglais avec les jazzmen et une animatrice anglosaxonne, tentait régulièrement de résumer les débats dans la langue de Molière.

Herbie Hancock a raconté ses débuts au piano, à 7 ans, en musique classique, puis sa découverte du jazz durant ses études secondaires et le "sentiment de liberté, notamment grâce à l'improvisation", qu'il a tout de suite ressenti dans cette musique.

Marcus Miller, Christiane Taubira et Herbie Hancock à l'ssue du débat "Jazz et liberté" à l'Hôtel de Ville de Paris, le 30 avril 2015
 (Annie Yanbékian)

"Le jazz est la musique de la liberté, a renchéri Christiane Taubira, une musique qui vient de l'esclavage, de la résistance, créée par des êtres humains oppressés. C'est une question qui touche toute l'humanité, pas seulement les Noirs. Le jazz parle au monde entier, puisqu'il a été créé à partir de la souffrance et la douleur. Il prouve à quel point les pulsions de vie sont supérieures à toutes les violences, à la mort. C'est aussi une école de créativité, d'échange, qui met les imaginaires en relation, qui transporte des valeurs." De son côté, Marcus Miller a rappelé les découvertes qu'il avait faites à l'Unesco, avec le projet "Route des esclaves", sur les rythmes qui avaient voyagé d'un continent à l'autre.

La leçon de Miles

Herbie Hancock s'est souvenu du temps où il accompagnait Miles Davis. "Lors d'un concert en Suède je crois, peut-être le meilleur de la tournée, avec Wayne Shorter et le batteur Tony Williams, enflammé, dans le groupe, alors que l'on jouait peut-être So What, Miles s'est lancé dans un solo. Au moment le plus intense, j'ai plaqué un accord complètement raté ! C'était si terrible que si j'avais pu, j'aurais disparu sous le piano ! Mais je n'avais nulle part où me cacher. J'avais juste détruit le solo de Miles ! Lui, il a repris sa respiration. Et il a joué quelques notes qui ont fait que mon accord, subitement, devenait pertinent. Je n'en croyais pas mes oreilles. Je n'ai pas pu jouer pendant trente secondes. Cet homme était un magicien ! J'ai mis des années à comprendre ce qui s'était passé. Miles n'avait émis aucun jugement sur ce que que j'avais joué. Moi, oui. Miles avait simplement accepté ce que j'avais fait, il l'avait pris comme quelque chose de nouveau."

Christiane Taubira n'a pas caché sa joie de se trouver aux côtés de Herbie Hancock : "Je vais à tous vos concerts depuis que j'ai vingt ans !", lui a-t-elle lancé avec un sourire d'adolescente. "Il y a quelques hommes pour qui je suis prête à mourir : Herbie, Keith Jarrett, Bob Marley, Miles Davis !"

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.