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Le pianiste Tigran Hamasyan en immersion introspective dans le vibrant album "The Call Within"

Le jazzman arménien a sorti vendredi 28 août un nouveau projet discographique, puissant et intense, dans lequel il explore son monde intérieur et son processus créatif.

Article rédigé par Annie Yanbekian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le pianiste Tigran Hamasyan (Elena Hamasyan)

Il y a trois ans et demi, Tigran Hamasyan nous livrait, dans le somptueux album The Ancient Observer, le regard qu'il portait sur le monde. Avec The Call Within, il se tourne cette fois vers l'intérieur, vers son propre monde onirique, cédant à l'appel des profondeurs pour explorer son cheminement de création artistique. Sorti vendredi 28 août 2020 sur le label Nonesuch Records, The Call Within a été enregistré en trio avec le bassiste new-yorkais Evan Marien et le batteur suisse Arthur Hnatek.

Le pianiste de 33 ans, qui signe les dix morceaux de l'album, embarque l'auditeur dans un voyage sonore et musical intense au cœur d'un monde intérieur "aussi réaliste à ses yeux que le monde physique", selon le texte de présentation du label. "Le moment de la création inconsciente est le moyen de se sentir conscient", estime ainsi le musicien qui abat les frontières du jazz, comme il aime à le faire, pour proposer une musique qui n'appartient qu'à lui. Une musique vibrante, volcanique, imprégnée de rock, de metal et de folklore arménien, et dans laquelle des polyrythmies, mesures impaires et tempos haletants alternent avec des phases plus apaisées, poétiques, éthérées, comme une vague sonore et cinématique en perpétuelle mutation.

Et comme à son habitude, Tigran Hamasyan utilise sa propre voix, juvénile et tendre, contrepoids de flots de sons électrisants. Parfois son chant sans paroles semble nous parvenir d'un lointain monastère d'Arménie, parfois le pianiste siffle délicatement, parfois il glisse de discrètes percussions vocales... Il chante enfin avec des paroles, en arménien, dans l'hypnotique Newlyweds, l'avant-dernier morceau du disque.

Inspiré par des thématiques multiples

Parmi les thèmes qui ont inspiré ses compositions : des légendes folkloriques chrétiennes et pré-chrétiennes de son pays, la poésie, l'astrologie, l'art rupestre et le design ancien, la géométrie, la cartographie, précise le texte de présentation du disque. "Des secondes, longues de manière indicible, de désir, de réalisation subliminale et surtout de joie, emplissent le corps alors qu'une œuvre d'art, un poème ou une mélodie naissent dans ce monde sans raison apparente, afin seulement que l'humanité découvre ce qui est invisible : le mystère divin", écrit Tigran Hamasyan.

Pour donner corps aux différentes palettes sonores du disque, des invités interviennent sur certains morceaux : la chanteuse Areni Agbabian, complice de longue date du pianiste et qui chantait déjà à ses côtés dans le quintette Aratta Rebirth, le violoncelliste Artyom Manukyan (qui a lui aussi déjà travaillé avec Hamasyan) dans Our Film, mais aussi le guitariste américain de metal Tosin Abasi, du groupe Animals As Leaders, dans Vortex.

Sur sa page Facebook, Tigran Hamasyan a expliqué le 28 août que la plus grande partie du disque, mais aussi des précédents, était le résultat d'un long processus d'écriture entamé en 2004 : "Maintenant je me sens presque triste / nostalgique de voir tout ce processus arriver à sa phase finale, même si je vais aussi éprouver un sentiment de satisfaction sachant que vous pourrez en apprécier la récolte."  Cette confidence suscite d'ailleurs une question : si un cycle de création d'une quinzaine d'années s'achève avec ce disque, que nous réserve le pianiste pour la suite ? On a déjà hâte de le savoir.

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