Le trio Ponty-Lagrène-Eastwood à Vienne : une virtuosité aérienne
Biréli Lagrène donne très souvent le rythme avec des riffs syncopés bien sentis, tandis que Kyle Eastwood occupe l'espace avec une contrebasse atypique, raccourcie sur le bas. "C'est pour le voyage" nous a-til confié, en français, avant le concert. Enfin Jean-Luc Ponty s'envole dans les limbes en tirant de son violon (4 ou 5 cordes c'est selon) des mélodies stratosphèriques.
Une setlist riche et variée
Puis l'émouvant "Childhood memories" de Jean-Luc Ponty, et "Stretch" de Biréli Lagrène, plus funky. La setlist mélange harmonieusement les reprises et les compositions originales des trois artistes.
Le public frappe des mains sur un rythme mélangeant orient et jazz, parfois légèrement dissonant, juste ce qu'il faut pour susciter le mystère et suggérer un ailleurs : "Andalucia" de Eastwood.
Suit un morceau en solo de Lagrène : "Saint Jean", avec de légers effets guitare synthé. Cascades de notes mais toujours raffinées, sans emphase. Ici, on est très loin du shredding des métalleux, même si la vitesse d'exécution n'a rien à leur envier et est tout aussi impressionante. Le guitariste est applaudi par le public mais aussi par ses deux comparses venus le rejoindre sur scène pour une reprise du classique "Mercy mercy mercy" du Cannonball Adderley Quintet. Le public, définitivement conquis, accompagne le trio en cadence.
On revient dans une atmosphère plus initmiste avec "Desert crossing" de Ponty, commençant par des effets donnant l'impression qu'il est un orchestre de cordes à lui tout seul, avant qu'il ne se lance dans un enchaînement de virtuosités mêlant improvisations et citations musicales. Ovation du public.
Lagrène nous démontre ensuite que le slap peut aussi se pratiquer à la guitare sur l'intro de ce qui est déjà le dernier morceau : "One take". Heureusement le public rappelle le trio qui revient pour un dansant "Oleo" de Sonny Rollins. Puis c'est un deuxième rappel qu'obtient le public à force de persévérance : "Parisian thoroughfare" de Bud Powell, reconnu par le public dès les premières notes jouées par le violoniste .
Une parenthèse dans la carrière de chacun
Comme l'explique Jean-Luc Ponty, "l'idée de ce projet est de se retrouver avec trois musiciens qui ont chacun créé leur propre son, qui ont une expérience musicale, une personnalité, et de voir ce qu'on peut faire ensemble, se stimuler et repousser nos limites". Bireli Lagrène confirme "c'est un peu un mélange de toutes les musiques qu'on aime jouer, on retrouve un ou deux standards et des choses un peu plus osées". Kyle Eastwood confie en français : "je suis très content d'être ici, entre eux deux".Il a d'ailleurs enregistré son dernier album à Paris avec son quintet habituel, et la sortie est prévue à l'automne. Biréli Lagrène, quant à lui, prévoit de retourner en studio en décembre sans idée précise, en révant de se laisser surprendre. Enfin, quand on demande à Jean-Luc Ponty quel est son prochain projet, il répond, détendu, qu'après deux années intenses, il a prévu... de partir en vacances. Espérons qu'il reviendra vite pour nous illuminer de sa musique, entre grâce et virtuosité. Et comme il nous l'a dit avant de monter sur scène : "le talent, c'est l'intelligence musicale". Le concert de dimanche soir en a été la preuve vivante.
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