Martial Solal en duo avec Jean-Michel Pilc, sur scène à Paris
"Martial, c'est quelqu'un que j'ai entendu pour la première fois quand j'avais une vingtaine d'années, et ça a complètement changé ma vision de la musique", confie à l'AFP Jean-Michel Pilc, né le 19 octobre 1960, et qui n'avait pas encore vu le jour lorsque Martial Solal publia en 1959 sa fameuse "Suite en ré bémol".
Débarqué à Paris en 1950 depuis son Alger natal, Martial Solal impose un ton nouveau dans le jazz, par ses qualités d'improvisateur, son aisance au piano et ses talents de compositeur. Il redéfinit l'art du trio, compose des œuvres singulières, s'intéresse à la musique contemporaine, signe plusieurs musiques de films comme celle de "À Bout de Souffle" de Jean-Luc Godard.
Pilc : Solal est "virtuose, imprévisible et fuit toute forme de cliché"
"C'est quelqu'un qui possède une virtuosité inouïe à l'instrument. C'est également quelqu'un de parfaitement imprévisible, qui fuit toute forme de cliché. Il se renouvelle à chaque mesure, à chaque concert, à chaque seconde", s'enthousiasme Jean-Michel Pilc, qui salue aussi sa "longévité exceptionnelle, c'est comme Arthur Rubinstein dans le domaine du classique".À bientôt 90 ans (il les aura le 23 août), Martial Solal, qui fut en 1999 le premier Français à recevoir le "Jazzpar Prize", le Nobel du jazz, quitte encore parfois sa jolie villa de Chatou, dans l'ouest parisien, pour quelques concerts, comme ceux, mémorables, qu'il a donnés en décembre 2015 avec le saxophoniste Dave Liebman, déjà au Sunside, ou encore sa participation marquante au gala des cinquante ans de carrière de Patrice Caratini en mars 2016 au Théâtre du Châtelet.
Son secret ? Le travail. Pendant sa période de pleine activité, Martial Solal s'astreignait à quatre ou cinq heures de piano par jour. "Aujourd'hui, presque deux heures la semaine qui précède les épreuves, sinon je me limite à une heure. Et tant que personne ne s'aperçoit du changement, ce qui semble être le cas, je persiste", dit l'octogénaire dont les doigts courent toujours aussi vite sur le clavier.
Avec Solal, "je n'y comprenais rien, mais je comprenais tout"
La première rencontre entre Martial Solal et Jean-Michel Pilc remonte à une soirée du début des années 1980, au Petit Opportun, un club de la capitale. "J'étais plutôt lié au jazz traditionnel et quelqu'un qui ne connaissait pas énormément de choses, et j'ai découvert tout un univers qui m'était complètement mystérieux", raconte Jean-Michel Pilc à l'AFP."À la fois, c'était très clair et magique, en même temps, je n'y comprenais rien, mais je comprenais tout." Après cette soirée intense, il rentre chez lui et se dit : "Là, il y a quelque chose que je peux faire. Ça m'a donné un gigantesque coup de fouet en tant que pianiste et en tant que musicien pour découvrir le langage plus moderne du jazz."
Les deux musiciens se retrouveront dans le même studio en 1989 pour l'enregistrement de "Piaf-Trénet" du trompettiste Eric Le Lann, dont Solal a signé les arrangements et Pilc assure les parties au piano. "J'étais assez pétrifié", se souvient ce dernier, qui décide à cette époque de quitter son travail d'ingénieur au Centre national d'études spatiales (CNES) de Toulouse pour se consacrer entièrement au jazz.
S'ils ont depuis joué une fois ensemble sur scène, le temps d'un seul morceau, les concerts que les deux pianistes vont donner ensemble samedi et dimanche au Sunside, à Paris, sont leurs premiers en duo.
Martial Solal & Jean-Michel Pilc en concert à Paris
Samedi 17 décembre, dimanche 18 décembre 2016, le Sunside
Deux concerts par soir, 19h30 ou 21h30
60, rue des Lombards, Paris 1er
Infos en ligne ou au 01 40 26 46 60
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