"Mauvais temps" : quand l'art nous fait partager le sort des migrants
La plupart du temps, les migrants ce sont des chiffres, des bilans, une masse anonyme, un collectif dont on oublie souvent qu'il est formé d'individus. Dont on oublie souvent aussi qu'à chaque annonce d'un naufrage, ce sont de nouvelles personnes qui perdent la vie. La plasticienne grenobloise Maryvonne Arnaud prend le contrepied de ce sentiment bien pratique qui empêche de se sentir responsable. Avec "Mauvais temps", elle rappelle au visiteur que chaque migrant est un homme, une femme, un enfant avec une identité, une histoire, des souffrances et des espoirs souvent contrariés. Elle nous met devant cette réalité : chaque corps étendu sur une plage sans vie ou flottant sur une Méditerranée plus du tout touristique avait le même droit à la vie que chacun d'entre nous.
L'exposition visible à l'Espace Larith de Chambéry jusqu'au 16 décembre se compose de ces petites choses du quotidien, celles qui accompagnent la vie de tous les jours mais aussi celle qui ont représenté l'espoir de survivre. Il y a là des pièces d'identité, rendant leur nom et leurs visages à des morts (ou des vivants) déracinés par la guerre et la misère, des sifflets de survie, des bouées de sauvetage.... Maryvonne Arnaud est allée rencontrer les survivants. Sur les plages de Grèce où les plus chanceux ont pu accoster, elle a croisé leurs regards, a fixé sur ses photos le désarroi, la peur et l'espoir de ces visages désorientés par l'émotion. Elle en a fait un dédale de grandes images, oppressantes, à taille humaine. C'est ce drame, que nous regardons ordinairement sans le voir, qu'elle nous propose de comprendre, sinon de partager
Reportage : France 3 Alpes X. Schmitt / F. Pasquette / E. Achard.
Maryvonne Arnaud travaille depuis de longues années autour du thème de la migration et des réfugiés. Tchétchénie, Afrique du Sud, Méditerrannée, elle transpose dans son oeuvre artistique les drames humains de notre époque, les plaçant à portée d'émotion de son public. En espérant sans doute, que la conscience se réveillera.
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