Norma Winstone, une voix rare du jazz, en concert à Paris
En plus de 40 ans de carrière, Norma Winstone, née à Londres le 23 septembre 1941, a suivi un parcours artistique unique en son genre, loin des sentiers battus, explorant de nouvelles façons d'utiliser la voix dans la musique, créant avec finesse des climats propices à l'introspection.
Artiste très respectée de la scène jazz européenne et bien au-delà, elle a travaillé avec de nombreux artistes, parmi lesquels, outre Kenny Wheeler, le saxophoniste anglais John Surman et le pianiste américain Jimmy Rowles.
Norma Winstone, c'est d'abord un timbre cristallin, et parfois juste une voix sans paroles, utilisée strictement comme un instrument au sein d'une petite formation ou d'un ensemble plus étoffé comme ceux que Wheeler a fondés. Mais c'est aussi une écriture, celle de textes profondément humains et sensibles que l'artiste sait poser sur des morceaux initialement instrumentaux qu'elle se réapproprie avec justesse et élégance.
Elle apporte "une dimension onirique au jazz vocal"
"Norma Winstone a apporté une dimension presque onirique au jazz vocal grâce à son timbre de voix si pur, sa capacité dès la premiere note à vous raconter une histoire qui parle directement à l'inconscient", s'émerveille le chanteur Thierry Péala, organisateur du concert avec l'association Edyvoice qui propose des ateliers et master-classes de chant. "De pouvoir à la fois interpréter des paroles qu’elle sait si bien écrire et ciseler de sa voix libre des thèmes sans paroles, une voix-instrument si bien utilisée dans toute l’œuvre de son mentor Kenny Wheeler... Elle a surtout +un son+, reconnaissable d’entre tous, tout comme Miles [Davis, ndlr], Chet [Baker] ou Kenny Wheeler avaient un son identifiable dès les premieres notes. Elle est considérée en Angleterre comme un des joyaux de la couronne."Parmi ses collaborations les plus marquantes, figure bien sûr le trio Azimuth formé avec Kenny Wheeler, célèbre compositeur, trompettiste et arrangeur canadien établi au Royaume-Uni, et le pianiste John Taylor auquel elle fut mariée. Ils ont sorti d'abord trois albums sur le célèbre label ECM entre 1977 et 1980, puis deux autres en 1985 et 1995.
Norma Winstone a poursuivi sa collaboration avec Kenny Wheeler au sein de ses légendaires formations orchestrales, et notamment dans un album d'anthologie, "Music for Large & Small Ensembles" (1990).
La dernière fois que Norma Winstone est venue chanter en France, c'était le 8 décembre 2014 à Paris pour un hommage à Kenny Wheeler, disparu quelques semaines plus tôt, le 18 septembre 2014. Ce concert avait été déjà organisé au New Morning à l'initiative de Thierry Péala, ami des deux musiciens. Quelques mois plus tard, un autre musicien-clé de la vie de la chanteuse, John Taylor, décédait à son tour, frappé sur scène par une crise cardiaque et emporté dans la nuit du 17 au 18 juillet 2015.
La chanteuse est de retour ce vendredi 27 janvier dans la capitale. Thierry Péala, profondément marqué et inspiré par l'artiste anglaise, est intarissable quand il s'agit de faire connaître son œuvre, aussi bien auprès de ses élèves que du public : "Norma Winstone a été une véritable révélation dans ma conception du chant jazz. Elle a montré la voie à de très nombreux chanteurs et chanteuses de par le monde, que ce soit mon amie Youn Sun Nah en Corée ou Paola Santoro au Brésil. Elle touche les gens quelle que soit la culture et le pays."
Norma Winstone en concert à Paris
Vendredi 27 janvier 2017, 20h30, au New Morning
7-9 rue des Petites-Écuries, Paris 10e
Glauco Venier (Piano)
Klaus Gesing (Clarinette basse, Saxophone soprano)
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