Qui sont les six lauréats des Victoires du Jazz 2019 ?
Anne Paceo, Fidel Fourneyron, David Linx, le Sacre du Tympan, Vincent Peirani, Naïssam Jalal sont les artistes primés en 2019. Ils ont reçu leur trophée le 16 octobre lors d'une cérémonie qui est diffusée le 26 octobre sur France 5 et sur france.tv. Petite revue du palmarès.
La batteuse Anne Pacéo (Artiste de l'année), le chanteur David Linx (Artiste Vocal), le tromboniste Fidel Fourneyron (Artiste qui monte), le Sacre du Tympan de Fred Pallem (groupe de l'année), l'accordéoniste Vincent Peirani pour son disque Living Being II - Night walker (Album sensation) et la flûtiste Naïssam Jalal pour Quest of the Invisible (Album inclassable) étaient à l'honneur lors de la soirée de remise des Victoires du Jazz 2019. Sur six lauréats, le palmarès compte deux femmes instrumentistes, ce qui est assez rare pour être signalé.
Jusqu'à l'année dernière, le palmarès n'était dévoilé qu'au moment de la cérémonie. Cette fois, il a été rendu public le 27 septembre, plus de deux semaines avant la soirée du 16 octobre au Casino de Paris. Une partie du palmarès qui distinguait des membres de la profession a été communiquée en revanche après la cérémonie-concert.
Animée par André Manoukian, la soirée sera diffusée samedi 26 octobre à 22H30 sur France 5 et sur france.tv. Les lauréats s'y produisent ainsi que d'autres chanteurs dont Gregory Porter, qui a reçu une Victoire d'honneur, Michel Jonasz, Clara Luciani, Bernard Lavilliers, Ben l’Oncle Soul et Christophe Willem, le tout avec l'encadrement impeccable du Sacre du Tympan de Fred Pallem, big band rompu aux croisements entre le jazz et d'autres musiques.
1Anne Paceo (batterie), artiste de l'année
Il s'agit de la troisième Victoire du Jazz pour Anne Paceo, batteuse éclectique de 35 ans, déjà sacrée Artiste de l'année en 2016 et distinguée en tant que Révélation instrumentale en 2011. Tout dans son parcours démontre que cette ancienne étudiante du Conservatoire national supérieur de musique (CNSM) de Paris compte parmi ses ambitions celle d'en finir avec les cloisons entre le jazz et ses autres influences musicales. Dans ses expériences aux côtés de Rhoda Scott, Jeanne Added, Alain Jean-Marie ou Mélissa Laveaux, comme à la tête des groupes qu'elle a formés et dirigés - Triphase, Yokaï - et dans ses derniers projets en date, à la batterie mais aussi au chant, Anne Paceo affiche une énergie et une détermination farouches. Actuellement en résidence à Coutances, bastion du festival Jazz sous les pommiers, elle y a créé plusieurs programmes impliquant tantôt de la musique birmane (Fables of Schwedagon), tantôt du rap (Rewind), tantôt des influences latines (Alegria), et bien sûr de la pop comme le projet Bright Shadows.
Dans la prestigieuse catégorie Artiste de l'année, Anne Paceo succède au pianiste Laurent de Wilde, lauréat en 2018.
2Fidel Fourneyron (trombone), artiste qui monte (prix Frank Ténot)
Fidel Fourneyron, tromboniste trentenaire originaire de l'Aquitaine, s'est installé à Paris en 2006 où il a complété sa formation jazz au CNSM. Il y a fait des rencontres capitales pour sa carrière et ses orientations artistiques qui vont du swing à la musique contemporaine. Ayant mené des projets en trio (avec son groupe Un Poco Loco qui a réalisé trois projets depuis 2014 et a été lauréat du dispositif Jazz Migration en 2016), mais aussi en solo (High Fidelity, 2015), il s'est illustré en 2019 avec l'album du projet ¿ Que Vola ?, rencontre remarquable entre une douzaine de jazzmen français et les musiques et rythmes de Cuba, un pays qu'il a visité plusieurs fois... Il faut dire que son prénom l'y prédestinait.
Le tromboniste succède au palmarès de cette catégorie au trompettiste David Enhco.
3David Linx, voix de l'année
Le vocaliste virtuose belge, par ailleurs compositeur et auteur, a déjà remporté une Victoire de Jazz au titre de l'"Artiste vocal de production française" en 2011, partagée avec la Portugaise Maria João pour un projet commun sur Gershwin. Musicien de référence en matière de jazz vocal, il mène sa carrière entre Paris et Bruxelles. En une trentaine d'années, il a enregistré une bonne vingtaine d'albums en leader ou co-leader, et autant de participations sur d'autres disques. Parmi ses nombreuses collaborations, figurent le poète James Baldwin qui fut son mentor, le pianiste néerlandais Diederik Wissels, le trompettiste italien Paolo Fresu, l'orchestrateur Laurent Cugny, le batteur André Ceccarelli, le chanteur Claude Nougaro... Pour rendre hommage à ce dernier, Linx, Ceccarelli, le bassiste Diego Imbert et le pianiste Pierre-Alain Goualch (les trois derniers formant par ailleurs un trio jazz) ont enregistré et défendu sur scène l'album Le Coq et la pendule (2009), puis une suite, À NOUsGARO (2013). En 2018, ils ont sorti un nouveau disque, 7000 Miles, comprenant des compositions originales et des reprises n'ayant cette fois pas de lien avec Claude Nougaro.
David Linx, qui succède à Cécile McLorin Salvant au Palmarès de la Voix de l'année, annonce un nouvel album pour mars 2020.
4Le Sacre du Tympan, groupe de l'année
Fondé en 1998 par le bassiste et compositeur Fred Pallem, le Sacre du Tympan s'est forgé, en huit albums depuis 2002, l'image d'un groupe nourri par de délicieuses obsessions cinématographiques et artistiques (François de Roubaix n'est jamais bien loin), sans hiérarchie entre les styles musicaux. Des arrangements raffinés aux accents seventies, un groove entraînant, rendent cette formation très séduisante sur scène. Dernier projet en date : L'Odyssée, belle fresque sonore lancée en 2018. Depuis, l'incontournable Fred Pallem, qui multiplie les collaborations dans des domaines allant du cinéma à la chanson, a été invité à participer à l'Orchestre national de Jazz de Frédéric Maurin.
Le groupe de Fred Pallem succède au palmarès à l'Amazing Keystone Big Band.
5Vincent Peirani (accordéon), album sensation
Comme Anne Paceo, l'accordéoniste aux pieds nus affiche désormais trois Victoires du Jazz à son palmarès personnel. Le musicien haut de plus de deux mètres avait reçu le trophée de l'Artiste de l'année en 2015 et celui de Révélation en 2014. De fait, depuis Thrill Box (2013), sa première collaboration avec le label de jazz ACT, Vincent Peirani, né à Nice en 1980, a connu une ascension irrésistible dans le monde du jazz, en France et au-delà de nos frontières. Entre-temps, il est resté fidèle au monde du classique - où il a forgé sa technique à l'accordéon - tout en travaillant pour la chanson et le cinéma. Côté jazz, Peirani fait des étincelles à la tête de son quintet Living Being, lancé en 2015 avec un album éponyme auquel il a donné une suite fin 2018, l'irrésistible Night Walker, composé sous la pression d'une date butoir qui approchait à grands pas, et agrémenté d'hommages flamboyants à Led Zeppelin et Purcell. Un disque élu "album sensation".
L'accordéoniste succède dans cette catégorie à Dadada du pianiste Roberto Negro.
6Naïssam Jalal (flûte), album inclassable
Naïssam Jalal, flûtiste native de Paris et d'origine syrienne, a sorti son premier album en 2009. Dix ans plus tard, son sixième disque, le mystérieux et émouvant Quest of the Invisible, reçoit la récompense d'"album inclassable". Ce programme au style épuré, aéré, hypnotique, au confluent des musiques traditionnelles et du jazz, a été enregistré avec le contrebassiste Claude Tchamitchian et le pianiste Leonardo Montana. Actuellement en résidence à l'Estran, salle située à Guidel (Morbihan), la musicienne de 35 ans succède dans cette "inclassable" catégorie à Music is my Hope du saxophoniste Raphaël Imbert.
Deux Victoires d'honneur et deux trophées professionnels
Outre les lauréats 2019, deux Victoires d'honneur ont été décernées. La première a été remise sur la scène du Casino de Paris au chanteur américain Gregory Porter venu interpréter pour l'occasion deux morceaux, dont un en duo avec son collègue belge David Linx.
Une seconde Victoire d'honneur a été remise au contrebassiste Henri Texier, 74 ans, pour sa contribution à l'histoire du jazz français. En guise de réaction, le musicien, souriant mais peu loquace, a lancé avec humour : "Ça sent le sapin !" Cette distinction était intégrée à une seconde mini-salve de Victoires dédiées à la profession, et organisée de manière très informelle dans le hall bruyant du Casino de Paris, après le spectacle filmé pour France 5. Dès lors qu'un musicien - et pas des moindres - était inclus dans ce palmarès, on peut regretter que Henri Texier n'ait pas été honoré sur scène comme Gregory Porter, puisque la cérémonie mettait l'accent sur les musiciens.
Deux autres Victoires professionnelles ont été remises mercredi soir. Le prix du Label de l'année a été décerné à Yolk Records, fondé en 2000 à Nantes. Enfin, la Victoire du Programmateur est revenue à une programmatrice, Fanny Pagès, pour le travail qu'elle réalise à l'Astrada, salle de spectacle de Marciac. Par ailleurs, trois autres Victoires "pro" décernées en 2017 et 2018 se sont éclipsées du palmarès : ingénieur du son, producteur/tourneur et homme ou femme de médias.
> Retour sur le palmarès 2018
> Retour sur le palmarès 2017
> Retour sur le palmarès 2016
> Retour sur le palmarès 2015
> Retour sur le palmarès 2014
> Retour sur le palmarès 2013
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.