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Valerie June, la sirène blues du Tennessee
Elle a les dreadlocks de Bob Marley, et sa voix rappelle celle d’un vieux chanteur de blues. Qui est Valerie June, chanteuse et compositrice arrivant droit du Tennessee qui se produira ce mois-ci à Rock en Seine et au Cabaret Vert ?
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Sur la tête, Valerie June a les cheveux vénéneux d’une Gorgone, un enchevètrement de dreadlocks. Mais méfiez-vous des apparences : la demoiselle est une sirène. Car si la fille de Jackson, Tenessee en méduse plus d’un, c’est à l’aide de sa voix caractéristique.
“Mon dieu, notre fille a une voix de vieux monsieur”, constatait effarée la mère de la chanteuse lorsque celle-ci était petite. Cette anecdote confiée au Monde au détour d’un entretien résume la voix de Valerie June. Quand on l’écoute, on a l’impression d’entendre en surimpression les voix collectées par Alan Lomax dans le sud des Etats-Unis, “le pays où naquit le blues” au cours du XXe siècle.
Mais avant d’entrer en studio avec le producteur - entre autres - de Norah Jones, la magie en question la touche : sa musique est parvenue aux oreilles de Dan Auerbach, le chanteur et guitariste des Black Keys. Il propose à Valerie June de produire son album dans son tout récent studio de Nashville, dans le Tennessee de son enfance.
Imprégné de sud, avec cet accent caractéristique qui fait avaler certaines fins de mots, l’album s’appelle “Pushin’ Against A Stone”. Mêlant soul, bluesrock, folk et country, c’est l’histoire de sa vie. Surprenante réinterprétation de la mythologie grecque à la sauce sudiste, Sisyphe devient Valerie, aînée de cinq enfants à Jackson, Tennessee.
Car celle qui entame à peine sa trentaine affirme avoir “l’impression d’avoir passé [sa] vie à pousser un rocher”, celui d’une femme ne souhaitant pas faire ce qu’on attend d’elle et choisissant de travailler. Sous l’une de ses vidéos, un commentateur relève, admirateur, que les chansons de miss June ne jureraient pas dans la bande originale du film “O Brother” des frères Coen. Comme la jeune femme, ce film exalte un “Sud” un peu rêvé des Etats-Unis.
Et certains titres, comme “Wanna be on your mind” font penser aux litanies que chantent George Clooney et ses acolytes en cassant des cailloux sur les routes du Mississipi. Répétitives, incessantes, et charriant dans leurs mélodies l’atmosphère d’un lieu.
La belle chanteuse est consciente que sa musique perturbe les genres et les gens. “En m’entendant chanter, les gens ne s’imaginent pas forcément une chanteuse noire à dreadlocks”, sourit-elle. Et comptez sur elle pour rester en dehors des cases. Valerie June, album "Pushin' Against A Stone".
Elle sera en concert à Rock en Seine et au Cabaret Vert les 24 et 25 août.
“Mon dieu, notre fille a une voix de vieux monsieur”, constatait effarée la mère de la chanteuse lorsque celle-ci était petite. Cette anecdote confiée au Monde au détour d’un entretien résume la voix de Valerie June. Quand on l’écoute, on a l’impression d’entendre en surimpression les voix collectées par Alan Lomax dans le sud des Etats-Unis, “le pays où naquit le blues” au cours du XXe siècle.
De Memphis ...
“Tout a commencé par mon amour de la musique country, roots et blues”, explique Valerie June, que ces sons du sud influencent tout le temps. “Je veux rester fidèle à cette musique, car elle est tellement riche et pleine d’inspiration”.
Née en 1982 dans la ville de Jackson, Tennessee, Valerie June est l’aînée d’une famille de cinq enfants. Comme de nombreux autres chanteurs de ce sud profond des Etats-Unis, elle fait ses classes sur les bancs de l’église : obligation de chanter le gospel lors des offices. Et une fois le pied à l’étrier, la gamine ne se laissera plus desarçonner.
A dix-huit ans, elle part pour Memphis voler de ses propres ailes. Pas pour faire des études, non, la jeune afro-américaine veut être chanteuse. Accumulant les petits jobs, elle commence à se faire une place dans le paysage musical local. En 2009, elle participe à une mini-série de MTV, "$5 Cover", qui raconte le parcours de musiciens essayant de s’en sortir. Elle y confie ses rêves, ses racines musicales, et sa volonté d’aller plus loin.
... à New-York
“Tout a commencé par mon amour de la musique country, roots et blues”, explique Valerie June, que ces sons du sud influencent tout le temps. “Je veux rester fidèle à cette musique, car elle est tellement riche et pleine d’inspiration”.
Née en 1982 dans la ville de Jackson, Tennessee, Valerie June est l’aînée d’une famille de cinq enfants. Comme de nombreux autres chanteurs de ce sud profond des Etats-Unis, elle fait ses classes sur les bancs de l’église : obligation de chanter le gospel lors des offices. Et une fois le pied à l’étrier, la gamine ne se laissera plus desarçonner.
A dix-huit ans, elle part pour Memphis voler de ses propres ailes. Pas pour faire des études, non, la jeune afro-américaine veut être chanteuse. Accumulant les petits jobs, elle commence à se faire une place dans le paysage musical local. En 2009, elle participe à une mini-série de MTV, "$5 Cover", qui raconte le parcours de musiciens essayant de s’en sortir. Elle y confie ses rêves, ses racines musicales, et sa volonté d’aller plus loin.
Il y a trois ans, elle déménage pour New-York. Si l’installation dans la ville qui ne dort jamais ne se fait pas sans mal pour celle qui a vécu proche de la nature toute sa vie, elle finit par s’y adapter. Alors qu’elle commence à jouer dans la Big Apple, l’ancien Fugees John Forte la contacte. La collaboration donne naissance au petit chef-d’oeuvre “Give Me Water” qui mêle blues et hip-hop, et fait éclater au plein jour le potentiel de la chanteuse.
Valerie June lance une souscription Kickstarter pour autoproduire son premier disque, et récolte 15.000 dollars. Avant ça, elle avait commis plusieurs opus, mais “enregistrés dans [sa] chambre” comme elle l’expliquait à une web-télé berlinoise en mai dernier. Dans son manifeste pour inciter les gens à la financer, la chanteuse plaide : “Qu’est-ce que ce serait d’arriver à 80 ans, de regarder ma vie passée comme chanteuse-songwriter et de devoir se dire : je n’ai jamais eu les fonds pour me permettre de travailler dans un studio avec un bon producteur, capable de m’aider à capturer la magie que ma musique donne lorsque je joue en live”.
En passant par NashvilleMais avant d’entrer en studio avec le producteur - entre autres - de Norah Jones, la magie en question la touche : sa musique est parvenue aux oreilles de Dan Auerbach, le chanteur et guitariste des Black Keys. Il propose à Valerie June de produire son album dans son tout récent studio de Nashville, dans le Tennessee de son enfance.
Imprégné de sud, avec cet accent caractéristique qui fait avaler certaines fins de mots, l’album s’appelle “Pushin’ Against A Stone”. Mêlant soul, bluesrock, folk et country, c’est l’histoire de sa vie. Surprenante réinterprétation de la mythologie grecque à la sauce sudiste, Sisyphe devient Valerie, aînée de cinq enfants à Jackson, Tennessee.
Car celle qui entame à peine sa trentaine affirme avoir “l’impression d’avoir passé [sa] vie à pousser un rocher”, celui d’une femme ne souhaitant pas faire ce qu’on attend d’elle et choisissant de travailler. Sous l’une de ses vidéos, un commentateur relève, admirateur, que les chansons de miss June ne jureraient pas dans la bande originale du film “O Brother” des frères Coen. Comme la jeune femme, ce film exalte un “Sud” un peu rêvé des Etats-Unis.
Et certains titres, comme “Wanna be on your mind” font penser aux litanies que chantent George Clooney et ses acolytes en cassant des cailloux sur les routes du Mississipi. Répétitives, incessantes, et charriant dans leurs mélodies l’atmosphère d’un lieu.
La belle chanteuse est consciente que sa musique perturbe les genres et les gens. “En m’entendant chanter, les gens ne s’imaginent pas forcément une chanteuse noire à dreadlocks”, sourit-elle. Et comptez sur elle pour rester en dehors des cases.
Elle sera en concert à Rock en Seine et au Cabaret Vert les 24 et 25 août.
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