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Mort de Wayne Shorter : le monde de la musique pleure un génie du saxophone, un jazzman touche-à-tout et grand compositeur

Le saxophoniste et compositeur Wayne Shorter, l'une des plus grandes figures du Jazz américain, est mort jeudi à l'âge de 89 ans.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Le saxophoniste et compositeur de jazz américain Wayne Shorter sur scène pendant la 53e édition du Festival 'Jazz à Juan', à Antibes, France, 16 juillet 2013 (BEBERT BRUNO/SIPA / SIPA)

Saxophoniste génial et touche-à-tout, le jazzman américain Wayne Shorter est mort jeudi à l'âge de 89 ans après s'être imposé un demi-siècle durant à la hauteur des légendaires Sonny Rollins, John Coltrane, Miles Davis ou Herbie Hancock.

Considéré comme l'un des plus grands compositeurs de jazz des Etats-Unis, cet artiste afro-américain "visionnaire" né le 25 août 1933 à Newark, près de New York, s'est éteint à l'autre bout du pays, à Los Angeles, a annoncé dans un communiqué son agente Alisse Kingsley.

Un "être humain irremplaçable"

Cité dans ce communiqué, le géant Herbie Hancock, son "ami le plus proche depuis plus de six décennies", s'est incliné devant un "être humain irremplaçable, capable d'atteindre le pinacle de l'excellence, comme saxophoniste, compositeur, arrangeur et récemment compositeur d'opéra ('Iphigenia')".

De fait, l'influence de Wayne Shorter dépasse largement le registre du jazz pour toucher nombre de genres musicaux : rock, folk, blues, pop, opéra, classique. Le New York Times le qualifie dans sa nécrologie de musicien "innovant", "intrépide" et "énigmatique".

Parmi les premiers à réagir, le trompettiste américain Wynton Marsalis a salué son aîné de 30 ans, qui "améliorait tout ce qu'il touchait et qui restera pourvoyeur de la perfection pentatonique, maître de mélodies déclinées en blues, héros d'effets harmoniques verticaux et horizontaux et géant du saxophone quel qu'en soit le registre" musical.

Le jeune pianiste virtuose de la Nouvelle-Orléans Jon Batiste a aussi rendu hommage à Shorter, "véritablement unique", publiant une courte vidéo sur Twitter où les deux hommes partagent un moment de complicité musicale.

Son agente a rappelé que les "œuvres de Shorter ont été jouées par les orchestres symphoniques de Chicago, Detroit, Lyon, de la radio polonaise...". Il a encore remporté en février son 13e Grammy Awards, les Oscars de l'industrie musicale.

Ami et collaborateur des plus grands (Miles Davis, Herbie Hancock, Art Blakeyà), il excellait aussi bien au saxophone soprano qu'au ténor, notamment avec son groupe de jazz fusion des années 1970 et 1980, Weather Report. Eclectique et sachant aborder nombre de registres musicaux, Wayne Shorter a accompagné le Brésilien Milton Nascimento, le Malien Salif Keita, la Canadienne Joni Mitchell et même les rockeurs britanniques des Rolling Stones, le guitariste mexicain Carlos Santana ou encore la chanteuse pop new-yorkaise Norah Jones.

Dès les années 1960, Wayne Shorter avait réussi à imposer une troisième voix dans le jazz, au cours d'une période dominée par les saxophonistes de légende John Coltrane et Sonny Rollins. Avec son frère Alan Shorter (1932-1988), ils jouaient du bebop et se surnommaient Mr Weird ("Monsieur Bizarre") et Doc Strange ("Docteur Etrange"), chaussés de lunettes noires dans la pénombre de clubs de jazz.

Il était l'un des derniers géants du saxophone, instrument du jazz qu'il avait embrassé dès les années 1950 après une adolescence de clarinettiste. "Je savais que des gens commençaient un instrument à l'âge de 5 ans et je savais donc que j'avais beaucoup de retard à rattraper", avait relevé Shorter avec une pointe de malice, en 2018 auprès du Washington Post, avant de recevoir une récompense pour toute son œuvre, du centre culturel Kennedy de Washington.

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