Présidentielle américaine : dans l'ombre de Joe Biden et Donald Trump, qui sont les autres candidats en lice ?
Un rappeur célébrissime, une libertarienne, quelques hommes d'affaires… En marge du duel entre Donald Trump et Joe Biden, d'autres candidats sont en campagne pour l'élection du 3 novembre.
Joe Biden, Donald Trump et les candidats de l'ombre. Si la présidence américaine est promise à l'un des deux premiers, les électeurs n'ont pas que ces deux options, pour le vote du mardi 3 novembre. Au total, 1238 personnes ont déposé une candidature, plus ou moins sérieuse, auprès de la commission fédérale électorale pour la présidentielle de 2020.
Parmi eux, une trentaine se présente réellement au scrutin, dans un ou plusieurs Etats du pays. Mais chaque Etat approuve les candidatures de manière indépendante, avec ses propres règles. Ainsi, le nombre de candidats à l'élection présidentielle peut varier entre la Californie et la Floride. Au total, seulement sept candidats ont réussi à être inscrits sur les bulletins de plus de dix Etats, et deux d'entre eux peuvent même mathématiquement être élus. Franceinfo vous les présente.
Jo Jorgensen, la libertarienne
Originaire de Caroline du Sud, Jo Jorgensen, 63 ans, représente le parti libertarien, pour lequel elle s'est déjà présentée à la vice-présidence en 1996. Diplômée en psychologie, elle travaille dans le marketing et est notamment passée par la société informatique IBM.
Conformément à la ligne de son parti, Jo Jorgensen met en avant les libertés individuelles dans son programme, et veut réduire l'Etat à ses simples fonctions régaliennes (police, défense, affaires étrangères). Pour elle, impossible en période de pandémie de Covid-19 de forcer les citoyens à porter un masque. "Ils doivent faire eux-mêmes le choix de le porter ou non", déclarait-elle en septembre au magazine libertarien Reason.
Le nom de Jo Jorgensen sera inscrit sur les bulletins de tous les Etats américains, elle peut donc techniquement être élue à la Maison Blanche. Le Parti libertarien est présent depuis près de 50 ans à chaque élection présidentielle. Le candidat en 2016, Gary Johnson, avait obtenu 3,28% des voix au vote populaire, un score en large hausse par rapport à l'élection précédente, qui le plaçait en troisième position derrière Hillary Clinton (48,18%) et Donald Trump (46,09%).
Howie Hawkins, l'écologiste
Membre fondateur du premier mouvement politique écologiste américain en 1984, Howie Hawkins, 67 ans, se présente pour la première fois à l'élection présidentielle. Avant de se lancer, il a déjà été trois fois candidat au poste de gouverneur de New York, entre 2010 et 2018.
Engagé depuis les années 1960 au sein des partis de la gauche radicale américaine, il a manifesté contre la guerre du Vietnam, même lorsqu'il y a été mobilisé en 1972.
Howie Hawkins propose un "New Deal vert", comme l'ont fait ses prédécesseurs : 100% d'énergies renouvelables d'ici à 2030, un recours à l'agriculture biologique et une baisse de 75% du budget alloué à l'armée.
Le Green Party est présent à chaque présidentielle depuis 1996. Howie Hawkins sera présent dans une trentaine d'Etats. Il est techniquement en capacité d'atteindre les 270 grands électeurs, soit la majorité absolue du collège électoral chargé d'élire le président. Pour y parvenir, il lui faudrait toutefois faire beaucoup mieux que Jill Stein, qui avait récolté 1,07% des voix au vote populaire en 2016.
Kanye West, le rappeur qui a lâché Trump
Le rappeur américain de 43 ans a officialisé le 4 juillet sur Twitter sa candidature à l'élection, en tant que "candidat indépendant". Ses positions politiques contrastées empêchent de le situer sur l'échiquier américain : anti-avortement, anti-vaccin et pro-armes, il milite pour la légalisation du cannabis, l'abolition de la peine de mort, et se déclare favorable à l'accueil des migrants. Chrétien évangélique, il place la religion au cœur de ses argumentaires politiques.
À l'origine fervent supporter de Donald Trump, il précise dans la foulée de sa candidature "en avoir fini avec le parti républicain". Le 19 juillet 2020, il lance sa campagne, lors d'une conférence de presse décousue : vêtu d'un gilet pare-balles, il fond en larmes en plein discours contre l'avortement.
La question de sa santé mentale est soulevée par la presse : diagnostiqué bipolaire, le chanteur tient parfois des propos confus et inquiétants, comme lorsqu'il accuse sur Twitter son épouse, Kim Kardashian, d'avoir voulu le faire admettre de force en hôpital psychiatrique. Celle-ci affirme qu'il refuse d'être traité pour ses troubles.
Eligible dans douze Etats, il se présente sous l'étiquette du "Birthday Party", car selon lui, "lorsqu'on gagne, c'est l'anniversaire de tout le monde". Kanye West n'hésite d'ailleurs pas à partager sur Twitter des bulletins de vote où il est choisi par les électeurs.
Friends writing me in ⛷ pic.twitter.com/7GVXzYoHjt
— ye (@kanyewest) October 12, 2020
Au 14 octobre, il avait réussi à lever plus de 11,5 millions de dollars de fonds pour financer sa campagne, principalement via des emprunts bancaires. Une somme qui reste bien inférieure aux 952 millions récoltés par Joe Biden et aux 601 millions de Donald Trump.
Brock Pierce, le magnat de la cryptomonnaie
A 40 ans, il est l'un des plus jeunes candidats en lice. Après une brève expérience d'acteur à l'adolescence, il participe, en 2014, au lancement de Tether, une cryptomonnaie avec laquelle il fait fortune. Originaire du Minnesota, il réside désormais à Porto Rico, territoire américain réputé pour sa législation fiscale avantageuse.
Son programme propose une meilleure prise en charge des maladies mentales, des problématiques environnementales et la démocratisation des outils technologiques. À la mi-octobre, il avait déjà dépensé plus de 5 millions de dollars pour sa campagne, issus d'un prêt bancaire.
Pour sa campagne, il a choisi de faire appel au chanteur et producteur américain Akon. Les deux hommes se sont rapprochés à l'occasion du projet "Akon city" de l'artiste qui vient de démarrer la construction d'une ville futuriste, au Sénégal. Il voudrait créer sa propre cryptomonnaie pour en faire la devise de cette ville.
Gloria La Riva, l'activiste de gauche
Originaire de San Francisco, cette femme de 66 ans se présente pour un parti classé à l'extrême-gauche de l'échiquier politique américain. Déjà candidate en 2016, elle avait reçu un peu moins de 75 000 suffrages, soit 0,05% des voix au vote populaire.
Très proche des gouvernements cubain et vénézuélien, elle est également connue pour son implication dans les mouvements antimilitaristes américains. Pro-immigration, elle a suivi en 2018 une caravane de 7 000 migrants d'Amérique centrale durant leur parcours de huit jours jusqu'aux États-Unis.
"La jeunesse n'est pas l'avenir, elle est le présent. Il y a un besoin urgent de socialisme pour vaincre les multiples crises auxquelles nous sommes confrontés", a-t-elle déclaré dans son discours d'investiture le 1er août dernier. Par ailleurs, elle n'a récolté que 27 000 dollars de dons, selon les données de la Commission fédérale électorale.
Roque De La Fuente, le symbole du rêve américain
Ce millionnaire californien de 66 ans l'assume : il est la preuve qu'en Amérique, tout est possible. Diplômé en physique et en mathématiques, Roque De La Fuente a grandi entre le Mexique et les Etats-Unis. À l'origine vendeur de voitures, il fonde sa propre entreprise, avant d'acquérir 28 franchises automobiles entre 1974 et 1990, puis investit par la suite dans l'immobilier.
Il se présente avec l'appui du Parti de l'Alliance, classé au sein de la droite radicale. Pro-armes, il veut également repousser l'âge de la retraite à taux plein, qui est actuellement à 67 ans. Il souhaite cependant permettre un meilleur accès aux soins : "Il n'y a aucune raison que nous ne soyons pas capables de prendre en charge correctement la santé de chaque Américain", revendique-t-il, dans un clip de campagne.
Don Blankenship, l'ultraconservateur
Le Parti de la Constitution dont Don Blankenship porte les couleurs souhaite l'application la plus fidèle possible des textes fondateurs des États-Unis.
Le candidat a grandi en Virginie occidentale, avec "des parents qui travaillaient 80 à 90 heures par semaine" dans une station-service. Retraité depuis 2010, il a exercé pendant près de 30 ans au sein d'une des entreprises majeures de l'extraction de charbon. Il s'est ensuite présenté au Sénat en 2018 dans son Etat d'origine.
Âgé de 70 ans, Don Blankenship milite contre l'avortement, l'euthanasie, mais aussi l'existence même d'un système de sécurité sociale (car cela n'est pas prévu par la constitution américaine). Il s'oppose aussi bilinguisme et défend la seule reconnaissance de l'anglais aux Etats-Unis, qui n'ont pas de langue officielle à l'échelle fédérale.
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