Kery James, conscient de son État
INTERVIEW | Un disque de révolte, le rappeur Kery James sort ce vendredi "Mouhammad Alix", son sixième album. En plus de vingt ans de carrière, il s'est imposé comme le fer de lance du rap dit "conscient" et c'est aujourd'hui plus vrai que jamais : la politique, l'engagement, le racisme, les discriminations, la banlieue, tout y passe, avec le verbe toujours haut, toujours bien ciselé.
"On ne sait ce qu'on tolère qu'une fois face à l'extrême", dans son nouvel album, Mouhammad Alix, et notamment sur le titre Vivre Et Mourir Ensemble, Kery James pose une question à l'époque. Comment peut-on se laisser pourrir par le contexte, sécuritaire et social, au point d'adopter des réflexes de rejet ? En unissant deux personnalités, celle de Mouhammad Ali et la sienne, Alix Mathurin, dans le titre de ce disque, il prêche la paix en remettant le bleu de chauffe.
Je crois que le système politique est complètement perverti et qu'il doit changer
Kery James ne s'est jamais écarté de ce rap dit "conscient". Il porte aussi un message d'entraide et d'espoir à travers son association ACES (Apprendre, Comprendre, Entreprendre et Servir) , surtout par opposition à ce qu'on a bien voulu diffuser de cette musique dans les médias, mais ce nouvel album remet la colère au centre.
Kery James raconte les maux de l'époque, brocarde les racistes, comme Henry de Lesquen, candidat à l'élection présidentielle et auteur de l'expression "musique nègre" pour qualifier le rap, pour mieux porter la voix de ceux qui en ont assez. Un disque de révolte, oui, contre l'apathie et le renoncement.
Mouhammad Alix, Kery James (Suther Kane Films/94 Side P). Album disponible. En tournée dans toute la France cet automne et dans une pièce de théâtre, A Vif, en janvier prochain au théâtre du Rond-Point.
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