Cet article date de plus de sept ans.
L'Allemagne a inauguré sa nouvelle Philharmonie de Hambourg
L'Allemagne a inauguré mercredi soir au son de Beethoven et Wagner, en présence de tous ses dirigeants, la spectaculaire Philharmonie de Hambourg, destinée à doter le pays d'une attraction de renommée mondiale en faisant oublier des années de retard et un budget largement dépassé.
Publié
Temps de lecture : 4min
Un "joyau"
2.100 personnes, dont la chancelière Angela Merkel et le président Gauck, ont assisté au concert inaugural de trois heures donné sous haute sécurité dans l'éblouissante salle conçue par le cabinet d'architectes suisse Herzog & de Meuron. L’assistance a salué l’édifice par une longue ovation debout.Gardé secret jusqu'au dernier moment, le programme a parcouru quatre siècles de musique - Beethoven, Wagner, Mendelssohn, jusqu'au compositeur contemporain allemand Wolfgang Rihm.
Qualifiée de "joyau" par M. Gauck, la Philharmonie de l'Elbe, surnommée "Elphie", a suscité l'enthousiasme des critiques, emballés par son design audacieux et son acoustique digne des plus grandes salles, tel le mythique opéra de Sydney.
Le président Gauck s'est dit "émerveillé" par l'architecture "incroyablement belle" et le "son merveilleux" qu'elle produit, tout en rappelant son histoire tumultueuse : "on a parlé pour la Philharmonie de l'Elbe de rêve et de cauchemar, d'étoile mondiale et de plaisanterie, de honte et de miracle", a-t-il rappelé dans son discours. Une référence à la genèse erratique d'un bâtiment inauguré avec six ans de retard et dont les coûts ont explosé : 789 millions d'euros au final, dix fois plus que le budget initial.
Longue gestation récompensée
"La Philharmonie de l'Elbe peut devenir ce que beaucoup à Hambourg espèrent : le symbole d'une métropole cosmopolite ouverte sur le monde, un joyau sur la couronne de l'Allemagne en tant que nation culturelle", a lancé le président allemand."Un jour, nous serons tous très fiers que les gens, dans 50 ou 100 ans, disent de quelque chose qui a été construit pendant notre vie : ‘regarde, ça s'est produit le 11 janvier 2017’", a déclaré Angela Merkel, grande amatrice d'opéra, à la télévision publique NDR.
S'élevant à l'extrémité d'un quai sur l'Elbe, la Philharmonie est bâtie sur un ancien entrepôt, dont seuls les murs extérieurs en briques ont été conservés. Au-dessus s'élève une structure de verre dont le sommet prend la forme de vagues.
Entre ces deux niveaux est lovée une place publique, protégée par des fenêtres en verre incurvé et offrant une vue imprenable sur le port et le ciel de Hambourg. Le bâtiment abrite aussi des appartements de luxe, des restaurants et un hôtel.
L'Elphie domine du haut de ses 110 mètres la "Speicherstadt" mitoyenne, le quartier des entrepôts constitué d'un entrelacs de rues, de canaux et de ponts inscrit l'année dernière au Patrimoine mondial de l'Humanité de l'Unesco.
"La naissance a été difficile, mais ils ont adopté l'enfant", a résumé le maire de Hambourg, Olaf Scholz, évoquant la réaction de ses 1,7 million de concitoyens à l'ardoise finale.
Beaucoup comparent la Philharmonie au musée Guggenheim de Bilbao, capable de booster la cité portuaire allemande comme le bâtiment de Frank Gehry l'a fait pour la ville industrielle espagnole. Premier effet "Elphie" ? L'influent New York Times vient de classer Hambourg dans le top ten des destinations touristiques pour 2017.
M. Scholz a insisté sur le fait que "l'Elphie" était aussi un bâtiment pour les gens : "mon but, c'est que chaque élève de Hambourg assiste à un concert ici".
Esprit d’ouverture
La Philharmonie s'inscrira dans la longue tradition musicale de la cité hanséatique - ville natale de Brahms et Mendelssohn, creuset de la gloire des Beatles et qui accueillera bientôt les meilleurs orchestres mondiaux.Son directeur musical, Christoph Lieben-Seutter, a promis une programmation éclectique, notamment un concert de musique syrienne en hommage aux milliers de réfugiés accueillis à Hambourg.
Ce chantier marque également une réussite de gros chantier finalement rare en Allemagne, toujours marquée par le fiasco de l'aéroport international de Berlin qui aurait dû ouvrir il y a cinq ans, et dont la date d'ouverture demeure incertaine.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.