L'opéra-comique "Fantasio" renaît teinté de mélancolie au Théâtre du Châtelet
L'oeuvre méconnue de Jacques Offenbach fait son retour à Paris sur la scène du Théâtre du Châtelet jusqu'au 27 février. "Fantasio", inspiré d'une pièce de Musset, n'avait plus été joué depuis sa création en 1872.
L'oeuvre méconnue de Jacques Offenbach fait son retour sur la scène du Châtelet à Paris jusqu'au 27 février. L'opéra-comique, inspiré d'une pièce de Musset, n'avait plus été joué depuis sa création en 1872.
Au Théâtre du Châtelet, une œuvre méconnue de Jacques Offenbach inspirée d'une pièce d'Alfred de Musset par le jeune metteur en scène Thomas Jolly : Fantasio. On connaissait sa satirique Belle Hélène, sa drôle de Vie Parisienne. Mais Jacques Offenbach a su se faire plus mélancolique : avant ses Contes d'Hoffmann devenus un classique de l’opéra, il met en musique la pièce de son contemporain Alfred de Musset, Fantasio, à découvrir en ce moment à Paris. Depuis sa création en 1872, cet opéra-comique n'avait jamais plus été joué.
Quiproquos doux-amers sur fond de mélancolie
Dans une ville en clair-obscur, éclairée de guirlandes, de lampions, faite de bosquets en métal avec un château au fond en contre-jour, un jeune étudiant en marinière criblé de dettes choisit de remplacer le bouffon du roi. La fille du roi, elle, se désespère de devoir épouser un prince jamais vu pour éviter une guerre. Ledit prince poudré échangera de son côté son costume avec son valet pour se faire aimer comme ce qu’il est lors de la première visite au château. Tout est prêt pour une série de quiproquos doux-amers…
Sur scène, les comédiens chanteurs maîtrisent à merveille chant et comédie. L'on y verra la mezzo-soprano Marianne Crebassa incarner un Fantasio lunaire et le baryton Jean-Sébastien Bou un prince hilarant. Thomas Jolly, plus habitué à Shakespeare, signe une mise en scène fine et précise. Pour lui, l’œuvre parle surtout de mélancolie, mais aussi de la difficulté à trouver une place, à s'en faire une.
L'alter égo de Musset et d'Offenbach
"La légende voudrait que Jacques Offenbach ait toujours voulu sortir un peu de cette case de l'opéra-bouffe, de ce rôle d'amuseur, explique le metteur en scène. Aussi s'agit-il ici peut-être de la place d'Offenbach et de Musset, cet auteur qui dit lui-même qu'il est né trop tard dans un siècle trop vieux. Fantasio est pour moi l'alter égo de ces deux-là. Chez Shakespeare, les choses sont alternées : le grotesque est alterné avec le sublime, la comédie avec la tragédie. Chez Musset, ce qu'Offenbach a su très bien traduire, c'est conjoint, fusionné : à la fois comique et tragique, macabre et fantaisiste, grotesque et sublime." La morale de Fantasio est pacifiste : "Laissez les rois faire la guerre entre eux. Cela ne nous regarde pas". Fantasio ne s'adresse pas aux autres comédiens mais au public. Le spectacle, aujourd'hui, en garde toute sa résonnance.
Fantasio, une production de l'Opéra Comique à voir au Théatre du Chatelet à Paris (1er), jusqu'au 27 février. Places : de 16 à 135€.
Direction musicale : Laurent Campellone / Mise en scène : Thomas Jolly / Choeur Aedes - Orchestre Philarmonique de Radio France
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