Le crin de cheval des archets pourrait bientôt être remplacé par un matériau composite

Le crin de cheval a la vie dure chez les luthiers : ce matériau est utilisé pour les archets d'instruments à cordes depuis cinq siècles. Mais l'Institut français du textile et de l'habillement (IFTH) lui a peut-être trouvé une alternative : un matériau composite aux qualités similaires mais plus solide, mis au point pour l'Orchestre de chambre de Toulouse (OCT).

Une "mèche", l'ensemble des brins de l'archet, est traditionnellement formée d'environ 200 crins, prélevés sur la queue de chevaux. Elle dure de 3 mois, pour un musicien professionnel, à un an. Mais la qualité du crin utilisé, venant principalement de Mongolie (90 %) et d'Alaska, est de plus en plus médiocre en raison de la mauvaise alimentation des animaux qui le fournissent, explique Renaud Gruss, administrateur de l'orchestre de Toulouse et contrebassiste.

"Plus résistants, plus constants et adaptables"

Au cours des siècles, les luthiers ont déjà tenté de remplacer le crin de cheval par des fils de chanvre et de lin, ou encore par du cuivre, mais sans résultat probant. La nouvelle fibre, qui vient de recevoir un prix de l'Innovation de la région Midi-Pyrénées, devrait être commercialisée fin 2012 sous la marque "Coruss", filiale de l'OCT.

Pour Renaud Gruss, il s'agit d'une réussite. Les nouveaux brins ont été testés depuis plusieurs mois par la moitié de l'orchestre "avec satisfaction". Ils présentent un diamètre homogène, ont une durabilité deux fois supérieures aux autres et sont hydrophobes, ce qui fait qu'ils ne s'allongent pas par temps humide. Ces fibres sont "plus résistantes, plus constantes en qualité, offrent un bon niveau de performance et peuvent être adaptées à chaque musicien", explique le musicien.

Elles permettent aussi davantage de personnalisation : un musicien pourra choisir sa mèche idéale, sélectionnant éventuellement un mélange de brins de différents diamètres, avec une élasticité particulière.