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Le juge qui a libéré Bertrand Cantat ne comprend pas les "réactions violentes" contre le chanteur

L'ancien juge d'application des peines s'insurge contre la "dictature de l'émotion", après l'indignation suscitée par la une des "Inrockuptibles" sur Bertrand Cantat.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Bertrand Cantat, le 17 mai 2014, lors d'un concert à Bordeaux (Gironde). (GUILLAUME BONNAUD / MAXPPP)

Le juge qui a décidé de la libération de Bertrand Cantat, il y a tout juste dix ans, se livre dans la presse. Dans une interview au Parisien, samedi 14 octobre, Philippe Laflaquière déclare comprendre l'émotion suscitée par la couverture du magazine Les Inrockuptibles sur le chanteur, "mais pas les réactions incroyablement violentes, parfois haineuses".

"Est-il nécessaire de rappeler qu'il a été condamné à Vilnius pour coups mortels et non pour homicide volontaire ? Il est donc inexact de le présenter comme un meurtrier, ou pire comme un assassin, toujours cette dictature de l'émotion", déclare Philippe Laflaquière. Selon le journal, cette dernière qualification n'existait toutefois pas à cette époque dans le droit lituanien.

Mercredi, la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, avait fustigé le retour médiatique de l'ex-leader de Noir Désir, en couverture des Inrocks pour son premier disque solo à paraître, Amor Fati.

"Son dossier remplissait tous les critères exigés par la loi"

Chaque réapparition artistique et médiatique de Bertrand Cantat suscite de fortes réactions, depuis sa libération le 15 octobre 2007 de la prison de Muret (Haute-Garonne). Il avait purgé plus de la moitié de sa peine après avoir été condamné à huit ans de prison pour avoir porté en 2003 des coups mortels à sa compagne, l'actrice Marie Trintignant.

Dans Le Parisien, Philippe Laflaquière revient sur le choix d'accorder une libération conditionnelle à Bertrand Cantat, lorsqu'il était juge d'application des peines à Toulouse : "Son dossier remplissait tous les critères exigés par la loi : comportement irréprochable, psychothérapie, indemnisation complète des parties civiles et bien sûr une activité professionnelle à la sortie". "Il n'y avait strictement aucune raison de refuser cette libération justifiée et méritée, au motif que le détenu était célèbre ou qu'il serait le symbole – ce que je ne crois pas – des violences conjugales", poursuit-il.

Le magistrat se rappelle de Bertrand Cantat comme "d'un homme à l'apparence juvénile, réservé, fragile, rongé par la culpabilité". "Depuis une certaine nuit de juillet 2003, déclare-t-il, je le crois plongé dans une culpabilité profonde, une souffrance inextinguible, une prison intérieure dont aucun juge ne pourra le libérer."

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