Le pianiste Martial Solal, légende du jazz, est mort à 97 ans
Le pianiste de jazz français Martial Solal, roi de l'improvisation à la renommée mondiale, est mort jeudi 12 décembre, à l'âge de 97 ans, a annoncé son fils à l'AFP. Le musicien est mort de vieillesse, "dans l'après-midi, dans un hôpital à Versailles dans les Yvelines", a précisé Eric Solal.
Compositeur, arrangeur, chef d'orchestre, Martial Solal s'est révélé aussi à l'aise dans la relecture d'œuvres classiques que dans une confrontation avec la musique la plus contemporaine. On lui doit de nombreuses bandes originales de films, notamment celle du manifeste de la Nouvelle Vague, À bout de souffle du cinéaste français Jean-Luc Godard, et il a enregistré plus d'une centaine de disques, en solo, duo, trio ou encore en big band.
Pianiste attitré du Club Saint-Germain
Né le 23 août 1927 à Alger dans une famille juive, Martial Solal apprend les rudiments du piano avec sa mère, qui chante de l'opéra, avant de prendre ses premières leçons vers l'âge de six ans.
Débarquant à Paris en 1950, en plein hiver, il connaît des débuts difficiles avant d'être engagé dans un club de Pigalle. Sa notoriété grandit, il devient le pianiste attitré du Club Saint-Germain, véritable temple du jazz, et du Blue Note. Il accompagne tous les grands solistes de passage, de Dizzy Gillespie à Sonny Rollins en passant par Sidney Bechet. Sa carrière le mène partout dans le monde. En 1963, il est invité, outre-Atlantique, à jouer au Festival de Newport, consécration pour un musicien de jazz.
Au fil de cette carrière hors norme, Martial Solal a joué dans toutes sortes de configurations - solo, duo, trio, big band... - auprès des plus grands artistes de son temps. Il s'est illustré aussi dans des musiques de films de la Nouvelle Vague (À bout de souffle, Léon Morin, prêtre...) et dans l'écriture d'œuvres symphoniques. Compositeur, arrangeur, orchestrateur, improvisateur hors pair, le pianiste a fondé son Dodecaband au début des années 1990. Moins grand qu'un big band, cet ensemble médium de douze musiciens en "reprend, de façon allégée, la structure traditionnelle : trois saxophones, trois trompettes, trois trombones et une section rythmique", expliquait l'Orchestre National de Jazz en 2024. Le groupe a existé sur scène durant une décennie avant de sortir un seul enregistrement, paru en 2000 : Martial Solal Dodecaband Plays Ellington.
Un improvisateur de génie
En 2019, il confiait à Franceinfo Culture, ses secrets d'improvisateur. Il dévoilait ce don mais surtout ce long travail pour arriver à cette liberté face au piano. "Ça a été un long chemin. On ne devient pas improvisateur de talent du jour au lendemain. On commence par improviser méchamment, gentiment ou timidement, puis on apprend, on se nourrit de toutes les musiques qui existent. Je crois que je suis assez doué pour l'éparpillement de mes idées, les choisir un peu partout et en faire une synthèse.".
Pour être encore plus précis, ce qui n'était pas l'une de ses moindres qualités, et à mots choisis, il rajoutait à l'époque : "Je peux m'emparer d'une note qui m'arrive n'importe où dans le cerveau et à partir de là, je suis capable de la développer, de donner le change même si l'inspiration n'est pas là, j'ai toujours de la ressource. (...) Dans l'improvisation, tous les accidents sont prévisibles, permis, inévitables. Mais ils doivent être transformés en quelque chose de prévu. Prévoir l'imprévisible, ou effacer le passé pour en faire un avenir meilleur ! Je fais un peu de poésie mais je ne l'ai pas fait exprès !".
La ministre de la Culture démissionnaire, Rachida Dati, a rendu hommage à "un pianiste et un compositeur de légende, dont le nom brille au firmament du jazz aux côtés des Oscar Peterson, des Bill Evans, des Ahmad Jamal", dans une publication sur le réseau X.
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