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Les Nuits sonores, festival de directions

La 14e édition des Nuits sonores, de mercredi à dimanche, festival devenu une véritable institution, accueille des artistes aux profils aussi divers que Peaches, Mogwai, Laurent Garnier ou Moderat. Un festival qui, comme beaucoup d'autres, a dû innover pour survivre. Résultat : aujourd'hui, ce n'est plus le rendez-vous des seuls amateurs de musiques électroniques, mais un carrefour des cultures.
Article rédigé par Yann Bertrand
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Comme chaque année, le festival Nuits sonores se déploie dans plusieurs lieux à Lyon © MAXPPP)

Au commencement des Nuits sonores en 2003, il y a Lyon. Cela paraît tout bête mais le modèle choisi par les fondateurs du festival n'est pas anodin. Dès le début, un événement ancré dans une grande ville, quand tant d'autres festivals s'installent dans des champs en périphérie. Le but était clair : investir des lieux souvent riches en histoire, comme des friches industrielles, et profiter à plein de cette attractivité. Cette année, et pour la deuxième fois, le festival annexe un seul quartier, La Confluence, mais il est déjà prévu de bouger ailleurs l'année prochaine.

En réalité, il n'y a pas de poids de l'histoire à Nuits Sonores, pas de monuments ou plutôt si, un seul : Laurent Garnier, programmé pour la douzième édition consécutive. Laurent Garnier, mais aussi Seth Troxler, Paula Temple, Michael Mayer ou Moderat pour défendre la caste des DJ et bricoleurs de son qui ont fait la gloire de Nuits sonores, des musiques électroniques au pluriel qui n'empêchent pas d'emprunter d'autres directions.

Explorateurs de continents

Soyons honnêtes, ils ne sont pas les seuls, évidemment, à mixer l'électro, le rock, le hip-hop ou les musiques du monde... Mais peut-être plus qu'ailleurs, cela se voit vraiment. Pour Vincent Carry, le directeur et fondateur des Nuits sonores, "c'est un festival qui s'est beaucoup ouvert, qui a très rapidement accueilli tout un tas d'esthétiques expérimentales ".

Cette année, le festival donne carte blanche à des artistes de Corée du Sud, avec plusieurs représentants à Lyon, comme NP Union, les Killer Drones ou Yamagata Tweakster, autant de noms franchement inconnus par chez nous. L'Asie donc, le monde arabe représenté par les trois soeurs israéliennes chantant des titres yéménites composant le groupe A-Wa, mais aussi l'Afrique avec le grand Tony Allen ou les Congolais de Mbongwana Star. Ce regard tourné vers l'Afrique s'est accentué avec la délocalisation des Nuits sonores. Depuis trois ans, à l'automne, le festival investit Tanger pour exporter son modèle de musique et de fête.

Réfléchir à demain

Et oui, bien loin de l'image d'Epinal d'une foule de spectateurs en transe sous les basses d'une musique assourdissante, il y a la musique mais aussi les à-côtés. Aujourd'hui, un festival ne peut plus se permettre, étant donné la conjoncture économique, de proposer seulement des artistes, de plus en plus chers soit dit en passant. Comme à Rock en Seine par exemple, Nuits sonores propose un festival "mini-sonore" pour les enfants mais sa vraie spécificité existe depuis six ans. Le Forum European Lab propose, à travers débats et conférences, de penser la culture de demain. Et cette année, journalistes, chefs d'entreprise et acteurs du monde de la culture s'attellent à un thème ambitieux : "Europe de la culture : année zéro ".

En multipliant les projets et les directions, les Nuits Sonores ont réussi à faire d'un festival qui marche un festival qui dure. Cette 14e édition, qui débute ce mercredi, accueillera dix fois plus de spectateurs qu'en 2003, soit environ 130.000 sur cinq jours.

Les Nuits sonores, à Lyon, du mercredi 4 au dimanche 8 mai. Avec Laurent Garnier, Seth Troxler, Peaches, Mogwai, Last Train, Michael Mayer, La Yegros, Konono n°1...

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