L’Italie rouvre ses festivals d’opéra pour l'été, à rebours des autres pays européens
Il y aura bien des festivals de musique classique en Europe cet été. Au milieu de toutes les annulations c’est vers l’Italie que se concentre l’espoir des mélomanes européens. Riccardo Muti, Olga Peretyako, Juan Diego Florez et Karine Deshayes sont annoncés.
C’est Daniele Gatti, l’ancien chef de notre orchestre National, qui a donné le "la" le 1er juin à Rome, dans les jardins du Quirinal, en présence du président de la République, Sergio Mattarella : un concert avec l’orchestre de l’Opéra "à la mémoire des victimes du Covid-19" qui coïncidait avec la Fête de la République (le 2 juin, le lendemain, donc) : Bach, Mozart, Puccini, Vivaldi, Webern et Arvo Pärt, pour "célébrer l’unité nationale" si durement secouée.
Daniele Gatti dirige le concert de la République, le 1er juin 2020, veille de la fête nationale italienne. Voir à partir de la 5e minute.
Un gouvernement italien qui, écoutant son conseil scientifique, a donné son accord au maintien de quelques grands festivals : 1000 places maximum (artistes et techniciens compris) et respect des règles barrières pour des productions redimensionnées.
Concert Mozart de Riccardo Muti à Ravenne dès le 21 juin
Et les affiches sont alléchantes : arènes de Vérone, festival Rossini de Pesaro, sa ville natale de la côte Adriatique, festival Puccini de Torre del Lago, en Toscane, où résidait le compositeur. Et à Ravenne, dès le 21 juin, où le maestro Riccardo Muti (le plus fameux musicien italien depuis la mort de Claudio Abbado) viendra avec son Orchestre Cherubini marquer "la reprise de la revue", dit avec humour un officiel, dans un concert Mozart, qui ne serait que le premier d’un festival se déroulant - dans quelles conditions ? - jusqu’au 30 juillet.
Muti qui conclura l'incontournable festival de Spolète, vieille cité proche de Rome, avec le ballet de Beethoven, Les créatures de Prométhée, mais ce sera plus tard, le 30 août. Spolète où les Italiens pourront entendre aussi l’excellente pianiste locale Beatrice Rana. Ainsi que Monica Bellucci dans la Master Class de Maria Callas qu’avaient jouée, entre autres, Fanny Ardant et Marie Laforêt. Festival "des Deux Mondes" (c'est le nom de ce festival célébrissime en Italie) habituellement tenu début juillet et reporté pour quelques jours (quatre !) fin août. Histoire de maintenir les symboles, en trouvant des solutions. Plutôt qu’annuler, faire, en reconfigurant…
Aux prestigieuses Arènes de Vérone, qui avaient annulé elles aussi leur programmation, la cantatrice Cecilia Gasdia, à la tête de ce lieu mythique, reparle de récitals dans le courant de l’été de grandes voix telles Anna Netrebko ou Sonia Yoncheva. A confirmer. Mais Placido Domingo viendra, pour fêter aussi sa "résurrection", lui qui, à 79 ans, a été atteint durement par le Covid.
Olga Peretyako, Juan Diego Florez et Karine Deshayes au Festival Rossini de Pesaro
A Pesaro, où, dit le maire adjoint de la ville, "on espère le retour des Français, notre principal public", on entendra La cambiale di matrimonio, car c’est un opéra sans chœurs, ce qui limite les risques. Et, à défaut d’opéra, on y fera chanter Rossini par des stars, Olga Peretyako (le 9 août), Juan Diego Florez (le 16), Karine Deshayes (le 19). A Rome ce sera dès la mi-juillet le Rigoletto de Verdi (toujours dirigé par Daniele Gatti), dans un lieu encore indéfini, peut-être le Cirque Maxime ou la Villa Borghese, dans une mise en scène "post Coronavirus" de Damiano Micheletto.
Quant au festival Puccini, il reprendra des mises en scène anciennes et "révisées" de Tosca, Madame Butterfly (en août) ou Gianni Schicchi (dès le 27 juin), avec aussi des créations contemporaines inspirées justement par Tosca où Stefania Sandrelli sera la récitante. L’actrice mythique de Divorce à l’italienne ou Nous nous sommes tant aimés qui devait mettre en scène une nouvelle Tosca, patientera jusqu’à l’année prochaine, le programme initial du festival ayant été décalé d’un an.
Excès de confiance ?
Beaucoup d’annonces encourageantes dans le désert opératique européen (exception faite pour le festival de Salzbourg qui vient de sauver son centenaire avec, certes, une programmation réduite presque de moitié et limité au seul mois d'août) après les suppressions d’Orange, Aix-en-Provence, Bayreuth ou Glyndebourne.
Excès de confiance de nos amis italiens ? Ou signe que, trois semaines après le déconfinement, le virus semble contenu ? Quelques raisons de réconfort en tout cas pour les mélomanes à qui il ne restait guère que La Roque-d’Anthéron (du 1er au 21 août) pour éclairer l’été. Mais le maintien est aussi plus facile quand on a la possibilité de tenir les manifestations à l’extérieur, ce qui se conçoit avec moins de risques en Italie qu’en Ecosse…
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