Madonna : stop ou encore ?
Une nouvelle fois, Madonna creuse le sillon dance débuté avec Confession on a Dance-floor (2005): bien décidée à conserver son trône malgré les assauts répétés de Lady Gaga et Rihanna, la Queen of Pop a fait appel aux meilleurs artisans de tubes: Beni Benassi et sa dance formatée FM, le français Martin Solveig, passé maître dans l'art des refrains additifs (Hello ), et surtout le retour de William Orbit, à qui l'on devait le virage électro audacieux (et réussi) de la Madone sur Ray of Light (1998).
On sent aussi dans ce nouvel album, disponible en ce moment sur internet, quelques allusions à la période post-divorce de la star, qui joue les bad girl revanchardes (Gang bang ), les ados attardées (Superstar , Gimme all your luvin' ), les diva insoumises et pécheresses assumées (I don't give a , Girl gone wild , I'm a sinner ). Le problème ? Une tracklist en forme de montagnes russes, où Madonna alterne le bon et… le "pas terrible du tout".
1 - Girl gone wild ( produit par Beni Benassi)
Madonna assume son retour en club, joue les femmes-cougars, avec une pochette de single en sous-vêtements et boa, et un feulement sur le premier couplet parlé… Les paroles évoquent une libération "erotic", et pour la petite histoire, le titre est très proche de celui d'une série de DVD érotiques (Girls gone wild), dont le créateur américain affirme qu'il a directement inspiré la Madone (qui n'a pas confirmé). Coté son, la chanteuse fait dans l'Eurodance binaire parfaite pour la salles de sport (sans doute responsables de ses abdos parfaits affichés sur la pochette déjà évoquée).
2 - Gang Bang (Crédits: William Orbit, et Mika, entre autres)
Voix sombre et froide, la chanteuse affirme qu'elle met une balle dans la tête de son amant ("Bang bang shot my lover in the head "). Bruit de sirènes, coups de feu, avant une fuite en voiture, dont entend les pneus crisser ("Drive bitch !") : Madonna tente son morceau "Street credibility" façon scénario de Kill Bill. Le morceau surprenant de ce nouveau disque, par sa mise en scène et son parlé-chanté.
3 - I'm addicted (produit par Beni Benassi)
Madonna vous affirme qu'elle est accro à votre amour, sur fond de boucle électronique sans originalité. Basique, mais sans grande puissance.
4 - Turn up the radio (produit par Martin Solveig)
Bon refrain accrocheur, mélodie simple, paroles faites pour les mémoires défaillantes, le gimmick évoque là des choses déjà entendues mais efficaces. Petite sucrerie pop entrainante, c'est léger mais ça marche.
5 - Gimme All your luv'in (produit par Martin Solveig)
On reste dans le futile "efficace" pour ce titre qui fut le premier single de ce disque, et l'occasion parfaite, pour sa présentation live, de jouer les Pom Pom Girls à la mi-temps du Superbowl en février dernier, accompagnée par Nicki Minaj et M.I.A.: format idéal pour les passages en FM, et refrain taillé pour être chanté à tue-tête en sautillant, même à 54 ans, comme Madonna nous le prouve..
6 - Some Girls (produit par William Orbit)
Abus de vocoder façon Ray of Light , mélodie en boucle sur laquelle Madonna nous affirme qu'elle n'a pas envie d'être "comme les autres filles". Dommage: sa différence ne se fera pas sur ce titre.
7 - Superstar
Le refrain, ultra formaté ("Oulala you're my superstar "), n'est sans doute pas le point fort de ce titre un peu faible, et tend à rappeler les hymnes un peu niaiseux plutôt destiné à un public ado. D'ailleurs Madonna y joue de sa voix ingénue, sans qu'on y croie beaucoup.
8 - I don't give (produit par Martin Solveig)
Madonna rappe haut et fort qu'elle n'en à rien à fiche de rien, et qu'elle envoie balader manager, téléphone et business, puisqu'elle fait ce qu'elle veut, elle est la meilleure, et puis elle s'est assez enquiquiné comme ça, à vouloir jouer les épouses parfaites ("J'ai essayé d'être une gentille fille, j'ai essayé d'être ta femme, mais maintenant j'en ai rien à f.. "). Madonna reste la meilleure…en aérobic, oui, mais pas forcément en rap : heureusement Nicki Minaj vient l'aider en featuring, et en profite même pour la flatter, la maline ("Il n'y a qu'une reine, c'est Madonna ").
9 - I'm a sinner (produit par William Orbit)
Retour du gimmick "Ray of Light " en accroche et tout le long du titre: voix claire sur base électronique, à laquelle vient s'ajouter des couches de cuivre et une rythmique entrainante… et même le petit pont des notes de guitares sèches du tube de 1998, avec un clin d'oeil funky au Love to love You de Donna Summer sur la fin. Effet "madeleine de Proust" garanti, mais aussi le titre le plus intéressant de ce disque, malgré un recyclage évident d'Orbit.
10 - Love Spent
Le retour du banjo en accroche, qui se perd dans la techno et les nappes de voix filtrées au vocoder: un mélange audacieux, mais pas toujours très heureux, sur une mélodie qui s'oublie, aussitôt écoutée. Bof bof.
11 - Masterpiece
Ambiance r'n'b latino pour ce titre qui est aussi la bande-originale de W.E , le premier film de Madonna réalisatrice, sur le couple Edouard VIII- Wallis Simpson. Guitare latino mélancolique qui évoque un souvenir lointain de La Isla Bonita , mais perdu dans un océan de guimauve étouffant.
12 - Falling free (produit par William Orbit)
Retour du gimmick "Madeleine de Proust" avec nappes de synthétiseurs froids déjà entendus (Drowned world ?), à tendance tristounette. Madonna termine sa nuit sur le dance-floor par un petit matin blême et désabusé : libre mais seule. Pas si facile, comme disait le poète, d'être une femme libérée.
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