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Mémorable et jouissif Marcus Miller à la Bourse du Travail de Lyon

Marcus Miller était en concert vendredi à la Bourse du Travail de Lyon, dans le cadre de la tournée de sortie de son nouvel album "Renaissance".
Article rédigé par franceinfo - Lucas Ottin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
En live
 (AFP)

Et quelle claque ! Du gros son, du groove, des musiciens qu'on peine à croire si jeunes et qui pourtant envoient sur orbite les spectateurs de la Bourse du Travail, totalement déchaînés. Marcus est encore une fois en grande forme, mais quand ne l'est-il pas ? À la fois souriant et sérieux, il gère son show d'une main de maître, rôdé par des années de concerts. 

L'homme au canotier noir entre donc sur scène accompagné de cinq musiciens qui pourraient presque être ses fils, sous un tonnerre d'applaudissements. Déjà avant le concert on sentait le public frémissant, alors la tension se relâche, comme si on avait pu croire une seconde qu'il ne viendrait pas. Le maître éclipse une à une de sa carrure imposante les cinq basses alignées sur le devant de la scène, puis pioche parmi elles celle qui entre ses doigts entamera les hostilités. 

Et on est dans le bain très vite. Marcus sait que tous les grooveurs de la région sont venus en masse à ce concert de clôture du Rhino Festival, mais il est surtout là pour présenter son nouvel album, "Renaissance". Qu'on ne s'y trompe, ce n'est pas sa propre renaissance qu'il annonce par ce titre un poil frondeur, mais bien celle de la musique, qui peine selon lui à trouver de nouveaux "héros". On pense forcément à Miles Davis, avec qui le bassiste avait collaboré, et dont on fête cette année nombre d'anniversaires (50ème anniversaire de "Kind Of Blue", 20ème de sa mort, 25ème de Tutu). 

Miles Davis en concert en 1970 à Paris
 (AFP)

"Renaissance" donc, qui signe le retour de Marcus à un style plus jazz, plus doux, très harmonique, et où les thèmes reprennent un peu le pas sur ses riffs funk dévastateurs. Le bassiste, bien que leader incontestable, laisse énormément de places aux solistes, en particulier au saxophoniste Alex Han, qui ne déroge pas à sa réputation de prodige. Il maîtrise son instrument à la perfection, mais sait jouer aussi la carte de la musicalité, dans des chorus frappants de modernité et d'inventivité, dont un lui vaudra même un triomphe de la part du public. Un déchaînement d'enthousiasme unanime qui surprend même les musiciens.

Puis c'est le guitariste Adam Agati qui est à l'honneur sur "Jekyll & Hyde", dont la seconde partie nous emmène carrément dans un rythme rock très électrique. Virtuose également, bien qu'un peu prostré, le jeune homme livre un solo-fleuve très fusion et épatant. Les trompettiste et claviériste sont quant à eux un peu plus en retrait au niveau des solis, mais tiennent leur rôle d'accompagnement tout à fait honnêtement.

Et Marcus Miller reste Marcus Miller. Son groove est légendaire et a séduit les plus grands, entre ses mains la basse semble prendre une toute autre ampleur que chez n'importe quel autre musicien. Son son reconnaissable entre mille vibre jusque sous les sièges, entre les allées, jusqu'au balcon du fond où j'exulte carrément lorsque le maestro troque un instant les cordes pour la hanche suave d'une clarinette basse. Il joue, improvise brillament, s'amuse à diriger d'un signe de tête à peine perceptible ses jeunes complices, et durant une heure trente de set alterne les contrastes et nuances, allant jusqu'à lâcher tout instrument pour poser une main paternelle sur l'épaule d'Alex Han en plein chorus.
Frisson.

Renaissance
 (DR)

Puis vient la fin du concert, éclatante et jouissive. La Bourse du Travail, debout, rappelle trois fois le bassiste, qui nous gratifie d'un "Tutu" mémorable, et d'une superbe improvisation classique, assis seul sur le bord de la scène. À la sortie, un gigantesque sourire collectif illumine les visages.
Marcus Miller en live, on sait que c'est énorme, c'est pour ça qu'on y va. Mais ça surprend quand même à chaque fois.

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