"Starmania" a révélé "deux artistes puissants", France Gall et Michel Berger
Suite au décès de France Gall, le documentaire "Starmania, l’Opéra rock qui défie le temps" d'Olivier Amiot et Thomas Snegaroff est diffusé vendredi 12 janvier sur France 3. Les deux auteurs reviennent lundi 7 janvier sur franceinfo sur la force de cet opéra-rock visionnaire.
Le documentaire Starmania, l’Opéra rock qui défie le temps d'Olivier Amiot et Thomas Snegaroff est diffusé vendredi 12 janvier sur France 3. L'occasion de revenir avec les deux auteurs du documentaire sur la force de ce spectacle musical visionnaire, créé en 1979, dans lequel France Gall, morte dimanche à 70 ans, interprétait l'un des rôles principaux, Cristal, une présentatrice vedette.
franceinfo : Comment est née l'idée de cet opéra-rock ?
Thomas Snegaroff : L'histoire de Starmania est liée à l'histoire du couple Berger-Gall. Même si en 1974, ils ne sont pas encore un couple, ils partent aux Etats-Unis, à Los Angeles avec l'idée de créer un spectacle musical qui aurait dû s'appeler Angelina Dumas, inspiré de l'histoire de Patricia Hearst [riche héritière enlevée en 1974 à 19 ans, par un groupe terroriste d'extrême gauche dont elle épousera la cause, ndlr]. Quand il rentre en France, il se rend compte que les maquettes ne vont pas, et c'est France Gall qui l'oriente vers un auteur québécois qui est Luc Plamondon. Et c'est cette rencontre-là qui va faire naître Starmania.
France Gall va jouer l'un des rôles titres : Cristal…
Olivier Amiot : Luc Plamondon et Michel Berger ont chacun une muse : Diane Dufresne et France Gall et ils vont orienter Starmania autour de leurs deux muses. La première partie est autour de l'histoire d'amour de France Gall et Daniel Balavoine autour de deux personnages : Cristal et Johnny Rockfort. La deuxième partie est autour de Diane Dufresne et le personnage de Zéro Janvier [interprété par Etienne Chicot, ndlr], qui est le personnage machiavélique de Starmania, président de l'Occident et bizarrement le stéréotype même de Donald Trump aujourd'hui.
Starmania est-il un succès à l'époque ?
Thomas Snegaroff : C'est compliqué. L'un des enjeux, c'est de faire un spectacle vivant, mais à condition de vendre 100 000 albums. Et cette barre des 100 000 est extrêmement difficile à atteindre au départ.
Un opéra-rock visionnaire ?
Olivier Amiot : C'est là qu'on voit que c'étaient deux artistes très puissants parce qu'ils avaient surtout une vision sur la société. Ils voyaient ce monde dans les années 1970 se transformer à la vitesse de la lumière. Tout ce qu'ils ont annoncé et vu s'est avéré dans le futur.
Thomas Snegaroff : Il y a la question environnementale, la question de la perte des valeurs, du terrorisme, de l'uniformité de la culture... Cristal, c'est la présentatrice de Starmania, la grande émission de télé dans laquelle tout le monde rêve de passer pour raconter son expérience. C'est de la télé-réalité avant l'heure, avec cette homogénéisation des modes de vie et la tristesse de nos sociétés dans lesquelles on n'a plus qu'un seul espoir c'est de devenir célèbre quel que soit le prix.
Quel rôle joue Starmania dans la vie de France Gall et Michel Berger ?
Olivier Amiot : Pour Michel Berger, c'est le démarrage de sa carrière. France Gall, avant Starmania, était redevenue une star avec l'album Dancing Disco (1977), mais Starmania préfigure, pour elle, la bête de scène qu'on découvre dans les années 1980.
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