Mort de Jean-Jacques Perrey, pionnier de la musique électronique
"Mon père est mort vendredi 4 novembre d'un cancer foudroyant", a confirmé Patricia Leroy auprès de l'AFP après que la nouvelle eut circulé dans le monde anglo-saxon. "J'ai répondu jusque très tard cette nuit à des centaines de messages qui me parviennent du monde entier", poursuit-elle.
Autodidacte
La carrière musicale de Jean-Jacques Perrey, initialement destiné à être médecin à Paris, commence presque par hasard. Sans formation académique, accordéoniste amateur, il décide de se consacrer à la musique parce qu'il est convaincu des potentialités d'un instrument très novateur, l'Ondioline. Inventé par le Français Georges Jenny, cet orgue électronique précurseur du synthétiseur va connaître le succès grâce à Jean-Jacques Perrey qui devient son interprète officiel. Edith Piaf, qu'il accompagne en concert avec ce drôle d'instrument lui offre ses contacs new yorkais et ainsi lui ouvre grand les portes de l'Amérique.
La carrière de Perrey se fait dès lors essentiellement aux Etats-Unis, tout au long des années 1960 et 1970, avec l'essor et le développement des tout premiers synthétiseurs. Car comme pour l'Ondioline dix ans plus tôt, Perrey est le premier utilisateur du Moog dans un contexte pop. "Jean-Jacques a commencé à enregistrer de la musique électronique en 1952, bien avant que le premier synthétiseur Moog soit mis en vente en 1967", témoigne aujourd'hui l'Américain Dana Countryman, dans un hommage à son "ami et compositeur légendaire de musique électronique".
Perrey-Kingsley
Avec Gershon Kingsley qui composera par la suite le célèbre "Popcorn" - il édite des albums pour Vanguard Records, dont "Kaleidoscopic Vibrations" qui contient le morceau "Baroque Hoedown", repris par Disney pour sa fameuse parade dans les parcs d'attraction en 1972.Il forme avec Kingsley l'un des tandems les plus créatifs du milieu des sixties. Ils enregistrent ensemble deux albums et une quantité considérable de musiques pour la publicité, la radio et la télévision. Outre leurs propres compositions ("The Little man from Mars", "Girl from Venus" ou "Jungle blues from Jupiter") Perrey et Kingsley réécrivent des classiques comme le thème des "Parapluies de Cherbourg", "Strangers in the night" ou "Moon river".
De retour en France
Après la séparation d'avec Kingsley, Perrey poursuit une carrière en solo, avec plusieurs albums dont son chef d'oeuvre, "Moog Indigo" (70), sur lequel figure sa recréation du fameux "Vol du bourdon" de Rimski-Korsakov avec de véritables abeilles vivantes enregistrées et reproduites en boucle.Rentré en France au début des années 70 pour des raisons familiales, Perrey connaît une traversée du désert pendant 20 ans. Il travaille pour des projets de thérapie par la musique (méthodes de relaxation etc.) avant d'être redécouvert dans les années 1990 notamment avec le titre fétiche "E.V.A" qu'il avait composé en 1970. Il reprend les enregistrements, notamment avec le musicien américain Dana Countryman (deux albums chez Oglio Records en 2006 et 2008), se produit en concert et donne des conférences.
"Sa musique folle et joyeuse résonne encore partout dans les publicités et les émissions, de Sesame Street à Disneyland dans la Main Street Electrical Parade", observe son ami Dana Countryman. Elle est aussi reprise "fréquemment dans des publicités, dessins animés et émissions télévisées, comme The Simpsons et South Park", souligne sa fille. Un hommage musical lui sera rendu le 22 novembre à New York au National Sawdust.
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