Musique : Agnes Obel, de la beauté à travers le verre

Le dernier album de la Danoise Agnes Obel, Citizen of Glass, sort vendredi 21 octobre. Elle s'y emploie à mettre en mots et en sons la transparence de nos vies privées contemporaines, la difficulté de garder le moindre secret. Mais au-delà du concept, c'est surtout un très beau disque que signe cette artiste fascinante.

Il y a chez Agnes Obel quelque chose qui enveloppe, cette musique unique, pleine d'écho, à la fois passée et contemporaine. La voix de cette Danoise aux yeux aussi clairs que sa musique, épouse un son qu'elle contrôle entièrement. Car tout vient d'elle : textes, instruments, voix, enregistrement et mixage. C'était le cas pour ses deux premiers albums, qui ont fait d'elle une curiosité acclamée, un mélange entre Kate Bush et Erik Satie. Citizen Of Glass, le petit dernier, tente de décrire cette transparence, voulue ou forcée, dans nos existences, ce fameux "citoyen de verre".

Le son est ce que je maîtrise le mieux pour m’exprimer, donc je savais que je pourrais décrire cette sensation d’être transparente, mise à nu

Il a fallu trouver des instruments pour illustrer cette matière, comme ce Trautonium, un synthétiseur rarissime aux touches de métal, produisant une impression de faire vivre du verre. Mais pas facile pour cette artiste à la délicatesse et la discrétion toutes scandinaves, de se raconter. Agnes Obel est allée jusqu'à modifier sa voix électroniquement, plus grave ou plus haute, pour un résultat époustouflant, à l'image de ce Familiar d'une beauté fascinante, expliquant avoir voulu "donner la sensation qu'il y a plusieurs versions d'[elle]-même".

On ne ressort pas de l'écoute avec le sentiment de connaître l'artiste mais d'avoir un instant pénétré son univers plein de subtilité. Avec une seule constante, la plus simple de toutes : une profonde beauté.

Agnes Obel, Citizen Of Glass (Play It Again Sam/[PIAS]). Album disponible. En tournée actuellement, le 22 novembre au Casino de Paris.