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Banlieues bleues : coup de chapeau à Rachid Taha pour la 2e soirée du festival

Le printemps est de retour et avec lui, le festival Banlieues bleues. Du 22 mars au 19 avril, ce rendez-vous du jazz en Seine-Saint-Denis fait la part belle aux grandes voix de l’Afrique. Le Festival va aussi rendre hommage à Rachid Taha, disparu en septembre dernier. Le 23 mars, une soirée réunira à Aubervilliers ses musiciens et ses complices du Kebab'a'lula et du Couscous Clan.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Le chanteur algérien Sofiane Saidi, en répétition avant le concert hommage à Rachid Taha.
 (France 3 Culturebox)
"To Rachid Taha with Love", c’est le titre de cette soirée hommage au chanteur disparu le 12 septembre 2018, une semaine avant ses 60 ans. Une soirée sur la scène de L’Embarcadère à Aubervilliers, orchestrée par les guitaristes Maxime Delpierre et Rodolphe Burger. Les deux musiciens ont beaucoup collaboré avec le rockeur arabe à travers différentes formations. Delpierre avec  Kebab-A-Lula (un nom de groupe en lien avec l’admiration que vouait Rachid Taha à Elvis Presley) et Burger avec le combo Couscous Clan.

Un hommage festif

Le programme musical de la soirée ? Réponse avec Maxime Delpierre : "Ce sera un mélange de titres qu'on a travaillé à l'époque de la tournée Zoom et de morceaux qu'on n'a pas joué ensemble... Y 'a de quoi faire danser les gens pendant...beaucoup de temps !". Seront aussi présents sur scène la chanteuse française Jeanne Added, le guitariste anglais Justin Adams et le chanteur algérien Sofiane Saidi. Il se souvient de l’époque où Rachid Taha venait assister à ses concerts de raï avant de s'inviter sur scène : 

" A l’époque, ça m’énervait quand il débarquait sur scène, ça me mettait en colère ! Maintenant, ça me manque… Je vais avoir une pensée pour lui, du genre : ‘Tu as souvent squatté ma scène, maintenant c’est à mon tour ! ".

Sofiane Saidi
Reportage : France 3 Paris Île-de-France - E. Ferret / M. Caillaud / L. Kulimoetoke

Anciens et modernes à l'affiche 

Rachid Taha aurait sans doute apprécié la programmation de cette 36e édition de Banlieues bleues, lui qui avait réussi la greffe du rock et de la musique arabe moderne. Une édition où se côtoient l’ancienne génération, incarnée entre autre par le Malien Salif Keita ou l'Angolais Bonga et la nouvelle, issue de la scène électro d'Addis Abeba ou de Ramallah.

"Il y a toujours de la fraîcheur dans leur musique, et ils ne sont pas du tout déconnectés du monde d'aujourd'hui", affirme à propos de ces deux "personnalités hyper importantes" Xavier Lemettre, le directeur d'un festival dont la réputation dépasse largement les frontières de la Seine-Saint-Denis et de l'Hexagone. "Ça ne va pas de soi quand on est très jeune aujourd'hui de connaître ces grands noms-là. Donc, c'était une manière de rappeler leur existence", poursuit le patron de Banlieues Bleues.
  (Dr)

Des précurseurs

Qui se souvient aujourd'hui que Bonga, alors exilé aux Pays-Bas, a publié en 1974 une version de "Sodade", bien avant que Cesaria Evora n'en fasse un tube ? Ou que Salif Keita, alors âgé de 23 ans, a rejoint en 1973 Les Ambassadeurs, groupe-phare du Mali et de toute l'Afrique de l'Ouest ? Ces "éléphants" d'Afrique, auxquels peut être associé le vibraphoniste-percussionniste Mulatu Astatke, parrain de l'ethio-jazz, ne seront pas les seuls glorieux anciens cette année à fréquenter Banlieues Bleues. The Last Poets, un groupe né en 1968 à Harlem de l'union de trois poètes et un percussionniste, considéré comme le précurseur du rap, inaugure en effet le festival, ce vendredi 22 mars à l'Espace-1789 de Saint-Ouen.

Nouveaux territoires

Si Banlieues Bleues interpelle le passé, c'est pour mieux interpeller le présent et questionner le futur : au-delà de cet hommage aux anciens, ce festival tout-terrain va encore arpenter de nouveaux territoires musicaux. La création ne se fait pas qu'à New-York, Londres, Paris ou Bruxelles, mais aussi à Addis Abeba, à Ramallah ou au Caire. Endeguena Mulu, alias Ethiopian Records, en est l'illustration parfaite : ce jeune musicien concocte à Addis Abeba une musique électro, au contact de musiciens traditionnels amaris qui l'entourent.

Une scène arabe renouvelée

Le monde arabe est également en pleine effervescence. Banlieues Bleues en témoignera, en présentant Sodassi, un ensemble réunissant six chanteuses et un chanteur de 20 à 30 ans venus de Ramallah, Le Caire, Jérusalem Est, Beyrouth et Haïfa, qui partent de leurs racines pour créer une nouvelle musique arabe influencée par le folk, le rock, l'électro, le hip hop ou le cabaret.

Comme le faisaient leurs aînés, tous ces jeunes musiciens s'emparent des traditions pour les dépasser. "On a des vrais musiciens de terrain", affirme Xavier Lemettre. "Et toutes ces musiques sont très proches de l'humain, avec du vrai son." Une authenticité à laquelle aspirent le guitariste hongrois Csaba Palotaï et l'Américain Eric Chenaux, deux autres "musiciens-reporters" à l'affiche.

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