Confinement : la musique brésilienne plus présente que jamais sur les réseaux sociaux, de Rio à Paris
Artistes brésiliens confinés de part et d'autre de l'Atlantique, artistes français passionnés de culture brésilienne, nombreux partagent leur art ou leur passion via les réseaux sociaux. Avec beaucoup de moments de grâce et d'émotion.
Alors que le président brésilien Jair Bolsonaro agit à l'encontre des précautions sanitaires prises par la moitié de la planète et prônées par son propre ministre de la Santé et par plusieurs régions du pays face au coronavirus, de nombreux artistes brésiliens, confinés depuis plusieurs jours, multiplient les appels à rester à la maison. Côté brésilien, comme côté français, la musique "auriverde" (vert et or) fleurit sur les réseaux sociaux, donnant lieu à des moments de convivialité, de grâce et d'émotion. Petite sélection non exhaustive...
Du côté du Brésil
Les duos magiques de Mônica Salmaso
Des duos à distance, avec des artistes situés dans d'autres coins du Brésil voire de l'autre côté de l'Atlantique, au Portugal, c'est ce qu'organise chaque jour la chanteuse Mônica Salmaso depuis le mardi 24 mars. Voici le duo inaugural avec le chanteur et guitariste Alfredo Del-Penho sur une pépite signée Cartola et Roberto Nascimento, A Cor da Esperança (la couleur de l'espoir).
Les messages de Milton Nascimento
Présent sur les réseaux sociaux, la légende brésilienne Milton Nascimento poste ces derniers jours des encouragements et des appels à "rester chez soi et respecter la quarantaine". L'artiste de 77 ans, qui n'a pas une santé de fer, se résout également à chanter, ce qui est rare. Jeudi 26 mars, il a chanté et joué quelques notes de O Cio da Terra, une chanson co-écrite avec Chico Buarque.
Les sessions live de Joyce Moreno
La chanteuse et guitariste Joyce Moreno a réalisé sa première live session le 20 mars, avec un concert de 30 minutes, invitant les internautes à lui suggérer des chansons. Elle a réitéré l'expérience avec une session deux fois plus longue samedi 28 mars. Avec le sublime Medo de Amar de Vinícius de Moraes et ses versions personnelles de Desafinado de Tom Jobim - "des choses nécessaires dont on a besoin aujourd'hui", Canto de Ossanha de Baden Powell et Vinícius, Love for Sale de Cole Porter, Maracangalha de Dorival Caymmi, un inédit, une nouveauté et des perles de son répertoire (Mistérios, Feminina, Monsieur Binot...).
Les vidéos chaleureuses de Francis Hime
Le pianiste et compositeur Francis Hime, autre grande figure de la musique populaire brésilienne (MPB), a entamé le 22 mars une série de vidéos maison artisanales (parfois coupées trop tôt), mais pleines d'enthousiasme. Avouant ne rien connaître en sessions live, il poste morceaux et chansons, seul au piano ou en duo avec son épouse, la chanteuse Olivia Hime. La première vidéo qu'il a partagée, une célèbre samba cosignée avec Chico Buarque, nous envoie plus d'un message. Vai Passar (Ça va passer) a été écrit en 1984 à l'approche de la fin de la dictature militaire (1964-1985). "Cette tempête va passer, les amis, continuons à la maison !", écrit Francis Hime sur Facebook. Parle-t-il du coronavirus ou fait-il aussi allusion à la présidence de Bolsonaro ? On peut se poser la question...
Roberta Sá rend hommage à Rosa Passos
Lors d'une session live le 27 mars sur Instagram (qui ne semble, hélas, plus disponible en ligne), la chanteuse Roberta Sá a repris un titre composé par Rosa Passos, Juras (paroles de Fernando de Oliveira). Cette dernière, pleine de gratitude, a partagé sur Facebook dès le lendemain ce "beau cadeau" qu'elle avait heureusement enregistré.
Rosa Passos reprend un classique de Caetano Veloso
Cela ne date pas de la crise du covid-19, la chanteuse-guitariste installée à Brasilia aime poster des vidéos maison sur son profil, qu'elle enrichit désormais de messages d'encouragement. Le 22 mars, elle a offert aux internautes un classique de Caetano Veloso, Desde que o Samba é Samba. De son côté, ce dernier a avoué ne pas se sentir motivé pour chanter ses chansons seul à la maison. Mais il reste très actif sur les réseaux sociaux et participe à des actions humanitaires pour soutenir les plus démunis face au coronavirus.
João Bosco, une minute de pure délicatesse
Une petite minute de beauté a été partagée dimanche 29 mars sur Facebook et Instagram par le chanteur-guitariste João Bosco, un extrait - coupé prématurément - de la chanson Isto é o meu Brasil (1995), avec des mots de réconfort pour les fans : "Tout va bien se passer ! Restez à la maison !"
Gilberto Gil, sideman de sa petite-fille
Imaginez que vous avez Gilberto Gil pour grand-père et qu'il vous sert d'accompagnateur pour passer le temps confiné en famille... C'est la chance de la petite Flor Gil qui en profite allègrement. Le 26 mars, elle a repris un titre de la chanteuse Ivete Sangalo. Quelques jours plus tôt, l'ancien ministre de la Culture de Lula avait posté sur Instagram une vidéo dans laquelle il accompagnait sa petite-fille sur un vieux tube de Britney Spears ! Mais il prend quand même le temps de souffler, lire et réfléchir, comme l'indique une photo touchante postée dimanche avec pour seule légende #FiqueEmCasa (Restez à la maison).
Une délicieuse "Samba de la Quarantaine"
Le réseau de défense des droits de l'homme Jornalistas Livres (Journalistes libres) a posté le 23 mars une chanson très touchante, écrite et interprétée par plusieurs musiciens confinés : "Chacun en soi, chacun chez soi, mais la samba continue..." Un joli moment de douceur et d'humanité.
Dans une vidéo postée samedi 28 mars sur YouTube, le guitariste de Brasilia Fernando César utilise la technologie pour assurer seul, au cavaquinho et à la guitare, l'interprétation d'une délicieuse pièce de Hamilton Costa et Waldir Azevedo, Eterna Melodia...
Hamilton de Holanda fête son anniversaire le 30 mars
Enfin, le virtuose carioca de la mandoline Hamilton de Holanda, qui fête ses 44 ans ce lundi, a annoncé sur Twitter qu'il allait célébrer son anniversaire en musique via une session live sur Instagram, à 18 heures locales (soit 1 heure du matin en France, pour les couche-tard). Dans cette attente, il demande aux internautes de lui proposer "un morceau qui leur serre le cœur et leur procure une joie contagieuse"...
Live dos 44 anos ! Dia 30 de março, segunda-feira às 18h (bsb). Qual a música que te aperta o coração e dá uma alegria contagiante? #livedeaniversário pic.twitter.com/CoMe10wXkv
— Hamilton de Holanda (@hamiltonholanda) March 29, 2020
Du côté de la France
Marcio Faraco, en toute intimité
Depuis le 24 mars, depuis son domicile parisien, le chanteur-guitariste brésilien Marcio Faraco multiplie les sessions live en soirée sur son profil Facebook en accès public. Au programme, des classiques ainsi que des chansons de son répertoire, partagées dans un esprit chaleureux, sur le ton de la confidence. Parfois, il sort sur son balcon au moment des applaudissements de 20h pour les personnels soignants. C'est ainsi qu'un soir, en jouant le célèbre Manha do Carnaval, thème de Luiz Bonfá, il s'est trouvé un partenaire de duo inattendu, un violoniste dans l'immeuble en face...
Flavia Coelho et ses sessions "Live de la Raison"
Depuis le 16 mars, l'électrisante chanteuse brésilienne Flavia Coelho propose des mini-concerts sur les réseaux sociaux, parfois en partenariat avec des médias comme Radio Nova. Avec une énergie, une fraîcheur et un punch qui nous font du bien.
Sidney Rodrigues, guitariste confiné
Installé en Île-de-France depuis des années, le guitariste brésilien Sidney Rodrigues partage également des petites pastilles musicales maison, et c'est d'une immense finesse et douceur. La première vidéo qu'il a postée le 26 mars est particulièrement touchante : il chante en français sur une de ses compositions (paroles : Jean-Baptiste Amand).
Maracuja, un baião pour flûtes multiples
N'oublions pas les artistes français qui célèbrent les musiques brésiliennes dans toute leur diversité. Confinement oblige, Amina Mezaache, fondatrice et flûtiste du groupe français Maracuja qui défend les musiques instrumentales du Brésil et s'en inspire pour ses propres compositions, s'est démultipliée avec talent et fantaisie. Elle nous offre une musique écrite tout fraîchement à la maison, un petit bonheur sur la pulsation d'un baião, un rythme traditionnel du Brésil.
Le guitariste Thierry Moncheny se dédouble aussi
Thierry Moncheny, guitariste et pédagogue passionné de musique brésilienne, propose de son côté une version à deux guitares - par lui-même - d'un choro de l'accordéoniste et compositeur Pedro Raimundo, Escadaria...
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