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L'hommage de Kinshasa à Papa Wemba, roi de la rumba

Kinshasa et la République Démocratique du Congo tout entière ont rendu hommage lundi au roi de la chanson congolaise Papa Wemba. Des milliers de fans se sont rassemblés devant le Parlement où était exposée la dépouille du musicien. Mort sur scène la semaine dernière à l'âge de 66 ans, Papa Wemba a été décoré à titre posthume par le président Kabila.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Hommage à Papa Wemba, le 2 mai 2016
 (Junior Kannah/AFP)

Papa Wemba est mort dimanche 24 avril, le micro à la main, en plein concert, durant le Festival des musiques urbaines d'Anoumabo (Femua) qui se déroulait à Abidjan (Côte d'Ivoire).

Son corps a été rapatrié en République Démocratique du Congo où il était né il y a 66 ans, et sa dépouille a été exposée lundi au Palais du peuple, le siège du Parlement, à Kinshasa. Les obsèques sont prévues mercredi dans la périphérie de la capitale congolaise. 

"Le Congo orphelin" proclame une banderole

"Au nom du peuple congolais", le président Kabila a déposé sur le cercueil du musicien la médaille de Grand officier de l'ordre national des Héros nationaux Kabila-Lumumba, pour les mérites, les loyaux et éminents services rendus à la Nation congolaise". 

"Papa Wemba, le Congo orphelin", pouvait-on lire sur des toiles géantes à l'effigie du musicien, à l'entrée du Palais du peuple, le siège du Parlement, décoré pour le deuil.
Kinshasa en deuil
 (Junior Kannah/AFP)

Dans le hall principal, un énorme chapeau rouge, réplique de celui que le chanteur portait lors de sa mort, couronnait la chapelle ardente à l'extrémité d'un tapis rouge où avait été installé le cercueil.  Derrière, trônait un mannequin en tissu à l'effigie de la star habillée d'une tunique blanche et noire, identique à celle qu'il portait avant de s'effondrer sur scène.

Recouvert du drapeau de la RDC, le cercueil blanc a été accueilli par le gouverneur de Kinshasa alors que jouait la fanfare de la Garde Républicaine. Porté par huit hommes, vêtus de noir et marchant à pas cadencé, le sarcophage a été déposé dans la chapelle ardente, précédé par un prêtre catholique.

"C'est un baobab qui vient de tomber"

Diverses personnalités ont rendu hommage au disparu dans le hall du Parlement alors qu'une foule de plusieurs milliers de personnes était maintenue à l'extérieur et que la cérémonie était retransmise à la télévision nationale.

"C'est une grande souffrance et de la tristesse (...), Papa Wemba c'est un baobab qui vient de tomber", a déclaré l'actrice Biby Krubwa qui avait joué le rôle de l'épouse de Papa Wemba dans le film "La vie est belle". Jean Misha Mulongo, un ami d'enfance du chanteur, qui vit à Atlanta, aux États-Unis, était venu tout spécialement pour les funérailles. "C'est vraiment triste", a-t-il dit, visiblement ému. "Papa Wemba était venu sur terre pour plaire", a-t-il ajouté, saluant à la fois "sa grandeur et sa simplicité à aborder tout le monde".

Le chanteur JB Mpiana, leader de Venge BCBC (Bon chic, bon genre), très populaire auprès des jeunes Congolais, a salué la mémoire d'"une étoile". "Je suis triste. Nous avons perdu un grand artiste de l'Afrique et du monde". "Mort, Papa Wemba restera toujours égal à lui-même, un grand", a-t-il dit.

Les "sapeurs" pleurent leur héros flamboyant

Voix haut perchée et personnalité flamboyante, le "rossignol" Papa Wemba était une des grandes figures de la rumba congolaise et le prince de la SAPE (Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes), mouvement dont il a été l'un des initiateurs au Zaïre dans les années 70 et qui se caractérise par des audaces vestimentaires.

Les sapeurs 
 (Junior Kannah/AFP)

Cheveux courts et teints en jaune, grosses lunettes noires, veste sombre couvrant une chemise blanche barrée par des bretelles, la "sapeure" Marie-Rose est venue de Brazzaville, avec une dizaine d'autres amoureuses de la Sape pour rendre un dernier hommage au roi de la "religion kitendi" ("tissu" en langue lingala). Cris et lamentations ont ensuite accompagné la dépouille à son arrivée dans le quartier de Matonge, au coeur de Kinshasa, et plus précisément dans le "Couloir Madiakoko", quartier général de Viva la Musica, le groupe créé par Papa Wemba.

Des milliers de "villageois" issus de "Molokaï", ce coin populaire et remuant d'où était originaire la star, ont alors pleuré, en babouches et sur fond de musique traditionnelle, celui qui s'était lui-même autoproclamé leur "chef coutumier". Kadima Shungu Tellier, fille de Papa Wemba, a salué la mémoire de son père, un "homme attaché aux valeurs traditionnelles", qui "a su lier la tradition et la modernité".

Les hommages populaires vont se poursuivre mardi au Palais du peuple avant l'enterrement mercredi dans un cimetière de la périphérie est de Kinshasa.

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