La diva libanaise Fairouz, légende vivante de la chanson arabe, célèbre ses 90 ans

En 2020, elle a reçu la légion d'honneur des mains d'Emmanuel Macron lors de son voyage à Beyrouth.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
La chanteuse libanaise Fairuz se produit au nouveau théâtre Platea au Sahel Alma, au nord de la capitale Beyrouth, le 9 décembre 2011. (ANWAR AMRO / AFP)

La chanteuse Fairouz, voix iconique du monde arabe, a célébré jeudi 22 novembre ses 90 ans, tandis que son pays, le Liban qu’elle a tant chanté, est déchiré par une guerre meurtrière entre le Hezbollah et Israël.

Les internautes ont inondé les réseaux sociaux de ses chansons, célébrant cette rare figure d’unité dans un pays profondément divisé. De leur côté, les médias libanais, toutes sensibilités confondues, lui ont rendu un hommage appuyé.

L'âme arabe

En 2020, lors d’une visite à Beyrouth, le président français Emmanuel Macron s’était rendu au domicile de Fairouz pour lui remettre la Légion d’honneur. "À celle qui incarne l’âme de cette région avec dignité, un bel anniversaire", a-t-il écrit jeudi sur Instagram.

Sur Facebook, le célèbre compositeur libanais Marcel Khalifé a salué la diva avec ces mots : "La voix de Fairouz est mon pays."

Après une carrière qui l’a portée des scènes de Beyrouth à celles de Paris, Londres et Las Vegas, Fairouz s’est retirée de la vie publique depuis plus de dix ans. En 1999, elle déclarait dans une interview au New York Times : "Quand vous regardez le Liban aujourd’hui, vous voyez qu’il ne ressemble aucunement au Liban que je chante."

Pendant la guerre civile, elle avait ému toute une nation avec Bhebbak ya Lebnane ("Je t’aime, ô Liban, mon pays"), une chanson devenue un symbole intemporel. Son répertoire a non seulement exalté le Liban, mais aussi l’amour, la liberté et la Palestine.

Trésor national au Liban

De son vrai nom Nouhad Haddad, Fairouz est née en 1934 dans une modeste famille chrétienne du quartier de Zokak el-Blatt, touché lundi 18 novembre par une frappe israélienne. Découverte par le compositeur Halim al-Roumi à la radio, celui-ci lui donna son pseudonyme. Dans les années 1950, elle épouse Assi Rahbani, qui, avec son frère Mansour, révolutionnera la musique arabe en mêlant rythmes orientaux et influences classiques occidentales, russes ou latino-américaines dans une orchestration moderne. La carrière de Fairouz décolle après ses premières prestations au Festival international de Baalbeck, tenu au cœur des ruines antiques, aujourd’hui frappées par les bombes.

Vénérée par les générations précédentes, Fairouz est également devenue une icône pour les jeunes, grâce à son fils Ziad, "l’enfant terrible" de la musique libanaise, qui lui a composé des morceaux aux accents jazz. "Quand vous écoutez Fairouz, vous sentez le Liban, avec toutes ses contradictions et sa beauté", disait-il. Symbole d’une mémoire collective, Fairouz reste la voix qui transcende les frontières et les époques.

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