Youssou N'Dour : avec "Africa Rekk", le chanteur est de retour
Youssou N'Dour retrouve avec son disque "Africa Rekk", récemment sorti, une inspiration qui l'avait un peu abandonné. Le précédent "Dakar-Kingston", avec des reprises de classiques du reggae, avait laissé une impression mitigée. A cette époque, en 2010, le "businessman" (dans la production et dans les médias) avait pris le pas sur le musicien, et le "politique" allait bientôt prendre le relais avec des postes dans le gouvernement sénégalais. "Je suis arrivé dans la politique d'abord par accident, lorsque je me suis engagé en 2011 contre le changement de la constitution, comme une grande majorité des Sénégalais", se justifie-t-il.
Le chanteur populaire annonçait en 2012 sa candidature à la présidence, invalidée, puis soutenait la campagne de Macky Sall, l'actuel président qui lui a confié le portefeuille de la Culture puis du Tourisme. Désormais ministre conseiller du président, il a pu prendre un peu de distance avec la politique et se concentrer à nouveau sur sa musique.
"Africa Rekk", c'est l'Afrique d'aujourd'hui
Deux chansons sont des tubes en puissance : "Be Careful", un mbalax sautillant aux accents latinos avec un refrain entêtant et un mélange de wolof, de français et d'anglais ainsi que "Ben La", une rumba congolaise interprétée en duo avec Fally Ipupa, la nouvelle star kinoise."Afrika Rekk" ("L'Afrique seulement") a pour ambition de témoigner de l'Afrique contemporaine. "Ce disque, c'est un voyage un peu partout en Afrique, des rencontres", raconte Youssou N'Dour. "J'ai beaucoup collaboré avec le reste du monde, Peter Gabriel, Ryuichi Sakamoto, la musique anglo-saxonne. Je me suis dit que j'avais sauté un peu le continent (africain), et j'y retourne". "J'ai envie de dire aux gens d'ici (en Europe, ndlr): venez voir ce qui se passe à Dakar, Abidjan, Brazza", poursuit ce fils d'une mère griote et d'un père menuisier. "Afrika Rekk" a été enregistré par son petit frère dans les studios que possède Youssou N'Dour à Dakar.
A 57 ans, ce musulman pratiquant, en profite aussi pour chanter l'espoir, la solidarité ou dénoncer la violence faite aux femmes. De bonnes vibrations qu'il va diffuser la semaine prochaine à la Philharmonie de Paris (le 15) puis au Bataclan (les 18 et 19 novembre). "C'était important d'être là pour qu'ils (les 90 morts de l'attaque jihadiste dans cette salle le 13 novembre 2015, ndlr) ne soient pas oubliés, et je pense qu'avec la musique, je pourrai apporter cette vie dont a besoin Le Bataclan. La musique va pouvoir parler, mon discours, il est dans ma musique."
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